Le scandale, c'est son succès.
Par où commencer ? Comment décrire tout ce qui ne va pas dans Scandal, tout ce qui ne peut pas fonctionner mais qui plait tant au public américain ? La liste est tellement longue que je vais oublier beaucoup de points, mais essayons.
Je vais être gentil au début : la série est plutôt addictive, rythmée, les acteurs principaux sont capables de belles performances d'acteur (Bellamy Young, Jeff Perry et Guillermo Diaz en tête) si nécessaire. Passons au reste.
Le principal problème de cette série, qui est en soit une performance : Olivia Pope est une Mary-Sue. La première Mary-Sue noire à s'être imposée, mais une Mary-Sue tout de même. Belle, douée, intelligente, gentille, son entourage lui est loyal, ses ennemis la respectent, tous les hommes de pouvoir sont amoureux d'elle, mais elle est perdue et seule et ne sait jamais ce qu'elle veut vraiment : un cas d'école. Et on pourrait pardonner (après tout, Olivia n'est pas seule, Sookie Stackhouse dans True Blood n'est pas mal non plus dans le genre) si la série assumait son cynisme et y allait à fond. Ce n'est pas le cas. Parce qu'elle travaille avec un parti républicain où le Président a une maitresse noire, un chef de cabinet gay et visiblement aucun ministre vivant puisqu'on ne les voit jamais.
Ce qui m'amène au deuxième problème : c'est une série de Shonda Rhimes. Donc une putain de série romantique débordant d'amûûûûr qui se fout du réalisme du contexte. Parce que la description du milieu politique est archi-simpliste : les spin doctors dirigent tout, le Président passe à la télé pour distraire le peuple pendant que les services secrets agissent dans leur dos, les médias gobent sans sourciller. Une fois encore, ça pourrait fonctionner si les personnages n'étaient pas aussi caricaturaux et unidimensionnels. Mais non, on accorde une importance démesurée aux couples amoureux : Fitz/Olivia, Cyrus/James (encore un couple gay beauuuuuucoup mis en avant, spécialité de Shonda), David/Abby... Mais le réalisme ? pourquoi faire ?
Troisième problème majeur : l'écriture. Archi-prévisible, avec des dialogues poignants mais faux, et surtout répétitive. Sur cinq arcs narratifs, quatre se terminent par Fitz qui sauve sa Présidence et qui doit s'éloigner d'Olivia alors qu'ils allaient tout plaquer et partir faire de la confiture dans le Vermont. Essayez de dire ça sans rigoler derrière, juste pour voir. Quand je vous le disais, que les acteurs sont bons...
Scandal a du succès parce que personne ne prend le temps de la décortiquer. Tout va trop vite, trop loin, pour qu'on ait le temps de se poser des questions. Une série qui se veut over-the-top mais qui ne s'assume pas. Et le pire, c'est que ça marche. Un vrai scandale.