En ce bas monde, il y a des moments ou l’on se pose inévitablement la question suivante : pourquoi ça existe ? Pourquoi une saga comme Twilight existe ? Pourquoi des comédies romantiques comme Un mariage de princesse existent ? Pourquoi des suites comme Terminator Genisys ou Die Hard 5 existent ? Pourquoi un studio d’animation comme Illumination existe ? Et un paquet d’autres choses encore (et de personne aussi mais si je ne vais pas aller sur ce terrain glissant). Et ça tombe bien, parce que cette question, on pourrait sans mal la poser avec l’animé japonais dont il est question dans cette critique et que vous connaissez peut être de réputation.
Parce que oui, cette chose ne peut pas être l’œuvre d’un simple idiot du village ou tâcheron qui aurait déversé sa saleté à la première occasion, tout comme ça parvient à surpasser la nullité ou le niveau de ratage d’animés comme Sword Art Online ou Vision d’Escaflowne (c’était mauvais dans les deux cas mais y’avait des bonnes choses à sauver), et à mettre encore plus mal à l’aise qu’un Dreamworks calibré et infantilisé jusqu’à la moelle.
Pour la petite histoire, School Days est avant tout une adaptation de simulateur de jeu de drague, une autre adaptation de jeu vidéo comme Stein;gate au studio White Fox ou le joueur devient le personnage principal et prend les décisions de son choix pour faire avancer l’histoire, et que l’œuvre a connue une adaptation en manga avant que le format série télé ne voit le jour. Mais pourtant, aussi malsaine qu’elle soit : vous devez voir cette série, surtout si vous aimez la Japanimation.
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Aucun second degré dans ce que je viens de dire ! Si vous êtes capable de supporter 12 épisodes capable de donner un exemplaire de ce qui peut se faire de pire en écriture, en narration, en conclusion et en animation au Japon, alors vous serez capable de supporter bien des horreurs, en série comme en film et vous aurez un parfait aperçu de tout ce qu’il ne fait pas faire afin d’aboutir à une œuvre de fiction au moins correcte. Et croyez-moi, le défi en vaut la chandelle et ça devient vite amusant quand on impose le défi à des copains.
Le premier épisode en lui-même est un bien gênant avant goût de ce que la série va devenir rapidement au fil des épisodes (je dis gênant, dites vous que c’est de l’euphémisme), ne serait-ce qu’avec le style d’animation incroyablement lambda et pauvre, même pour une production animée japonaise d’un petit studio : on a des figurants sans design et inanimé au second plan sur les premières images, un chara-design qui donne l’impression de voir des gamins de 10 ans issus d’une classe de primaire alors qu’on est au lycée à Sakaki, et surtout une animation globalement vide de couleur vive et tous plus ternes les uns que les autres. Même quand il y a du mouvement ou des têtes cartoonesque ça reste mou du genou.
Et le seul argument que les animateurs ont trouvé pour "donner de la vie" à cette série c’est de fixer toute l’attention du spectateur sur l’aspect fan-service à base de plan culotte et plan poitrine… avec des adolescentes qui ressemblent à des gamines d’école primaire, je vous laisse imaginer si vous n’êtes pas un habitué des animés japonais. Ça devient tellement dégoûtant et perturbant qu’on pourrait avoir des scrupules avec le fan-service du genre dans des adaptations à rallonge comme Fairy Tail ou l’adaptation animée de One Piece.
Le tout avec la plus grosse tâche de tout animé de style Harem et Shojo à deux sous : l’absence de personnalité chez chaque personnage principaux et l’aspect romance. Je ne sais pas comment parler de Makoto Ito sans décrire à quel point ce tocard va dans le haïssable (volontairement ou pas) au fur et à mesure que les épisodes avancent, comment parler de Sekai sans dire à quel point elle est inconsistante et mal défini au point d’en devenir irritante ou même de Kotonoha qu’on a envie de gifler à tout les instants par son laxisme et son côté coincé du cul qui fait peine à voir. Le pire c’est que la série ne leur donne même pas un minimum de matière pour qu’on puisse s’identifier un minimum : Makoto est l’énième gamin timide incapable d’adresser la parole à une fille, Sekai l’énième ami du héros secrètement amoureuse de lui et Kotonoha, vous savez ce que j’en pense.
Et pourtant c’est avec ce triangle amoureux éculé qu’on débute les premiers épisodes. Le tout avec un schéma narratif qui se répète inlassablement : Kotonoha et Makoto ont un rendez-vous grâce à Sekai mais ça se termine toujours mal parce que Makoto fait une boulette à force d’accélérer les choses (lire un magazine érotique pendant un rendez-vous romantique avec sa petite amie, visiblement ce n’est pas considéré comme une erreur dans cet univers… ouais on en est là) alors que chacun est au courant des sentiments de l’autre pendant que Sekai joue les entremetteuse, qui était pourtant déjà amoureuse de Makoto avant cela.
Rien qu’avec ça c’est foirée d’avance : parce qu’il n’y a aucune raison pour que Kotonoha et Makoto ne concluent pas rapidement et s’ouvrent à l’autre, et aussi parce que Sekai n’a aucune raison de se la jouer entremetteuse si elle veut sortir et passer à l’acte d’amour avec Makoto. Le seul moyen qu’ont trouvé l’équipe derrière la série c’est de faire progresser n’importe comment leur romance en faisant constamment réagir maladroitement Makoto pour son inexpérience en plus de forcer sur la retenue inévitablement désespérante de Kotonoha, et le fait qu’on n’apprenne presque jamais à les connaître ne permet aucune empathie envers ces deux nigauds. Quand le peu d’élément installé pour donner un peu de consistance n’est pas brisée par le comportement d’un de ces trois idiots, on n’a rien à foutre de savoir que Kotonoha aime l’équitation puisque ça n’est évoqué qu’une fois, de même pour son malaise des attouchements physique dû à sa poitrine (on dirait même plus des seins à ce stade). Yukino Miyazawa d'*Entre elle et lu*i avait au moins un caractère bien déterminé à défaut d'intéresser vraiment.
Et c’est encore moins intéressant de voir les autres protagonistes de l’animé, tous emprisonné dans des stéréotypes recyclé : on a le meilleur ami blagueur et dragueur, l’amie d’enfance secrètement attiré par Makoto et 2/3 autres têtes qui passent aussi vite qu’elles sont arrivés sans qu’on ne s’intéresse à un seul moment à eux, seule Setsuna inspire un iota de sympathie mais cette sympathie se brise immédiatement dés qu’elle met Kotonoha à l’écart pour permettre Makoto de sortir avec Sekai et qu’elle offre son corps à Makoto pour qu’il promette de rester avec Sekai quand elle partira à Paris.
La forme étant, en bonus, couplé avec une bande-son musicale horriblement plate et sans personnalité, on pourrait mettre ça dans une série à l’eau de rose comme Plus belle la Vie que ça passerait inaperçu. Et ça ne me réjouit pas de dire ça parce qu’en principe, les séries d’animation japonaise ont tous de très belles partitions voire même de superbes compositions y compris des animés à rallonge tel que One Piece ou Naruto, même ceux qui sont plus cité par popularité que par adoration comme Nadia et le Secret de l’eau bleue. Même des mauvaises séries comme Entre elle et lui ou Inazuma Eleven avaient des musiques plus que correctes, ici c’est la glande.
Mais je crois que le pire et ironiquement le plus invraisemblable, c’est le déroulement et toutes les directions et choix incompréhensible qu’accumulent School Days en même pas 12 épisodes. Une fois que le triangle amoureux est conclut en moitié de série et passé l’épisode classique du couple qui a peur de dire la vérité à la cocue de première, ça vire à la gêne et à la méprise la plus profonde : on a le droit à l’attrape couillon avec la salle de repos pendant la fête du lycée (pour un dénouement bien stupide), une scène de viol de Kotonoha est banalisée sans qu’il n’y ait de conséquence importante pour Daisuke l'ami de Makoto (qui semble persuader qu’il a juste fait l’amour à celle-ci… non mais tuez moi), quand ça tente de faire de l’humour ça marche pratiquement jamais, les comportements affligeant de bêtise ainsi que les situations détestable s’accumulent
(à l’image de Kotonoha maltraitée par le lycée et considéré comme une traînée parce qu’elle refuse de croire que Makoto la trompe… et qui passe de la déprime à la psychose naissante)
sans parler de l’aspect dramatique et le personnage de Makoto meure définitivement dés qu’il se met à tromper Sekai à son tour avec Kato, son amie d’enfance, pour nous montrer qu’il ne pense qu’à tremper joyeusement sa banane dans le doux chocolat de ces fillettes.
Oubliez dés ce moment là que vous avez un animé de romance du genre harem : mais un animé ecchi à la tragédie à deux balles qui ne sait pas gérer sa dimension dramatique ni donner une consistance quelconque à ses personnages au point de les rendre abominablement malsain et insultant, Makoto le premier qui se transforme en playboy sans charme voulant juste satisfaire ses envies charnelles. Et le fait qu’on ait des personnages ressemblants à des écoliers d’école primaire ne rend le truc que plus involontairement glauque. On ne demande qu’une chose une fois qu’on connait la nature de Makoto et qu’on voit à quel point School Days fait n’importe quoi : que ça se termine pour de bon.
Aucun personnage ne suscite notre sympathie ou notre intérêt finalement à tel point qu’on vient à détester des figurants, l’animation est ratée et ferait presque honneur aux direct to video de classique Disney, la bande-son est incroyablement fade, le déroulement de l’histoire et de ses sous-intrigues accumulent bien trop de tares pour faire l’impasse, les protagoniste secondaires ne sont jamais développé et deviennent incohérent tôt ou tard, l'aspect romance est affreuse et est envoyée à la poubelle dés que Makoto vire au rang de gros connard. On en vient même à se demander pourquoi on s'inflige autant de mal.
Mais pourtant il y a bien une chose qui mérite toute notre souffrance et cette éruption de mauvais goût et qui justifie le fanatisme suscité auprès de certains fans : c’est son final dans l’épisode 12 devenue très populaire sur le net et auprès des fans comme des détracteurs.
Après que Makoto ait envoyé Sekai se faire voir alors qu’elle est enceinte de lui après s’être remis avec Kotonoha, et qu’il lui ait envoyé une adresse pour se faire avorter, Sekai l’invite à reprendre ses affaires chez elle et le poignarde à mort jusqu’à ce que mort s’ensuive. Par la suite, elle retrouve Kotonoha sur le toit du lycée (là ou tout à commencé) qui a apporté la tête de Makoto dans un sac, et éventre Sekai pour vérifier qu’elle est enceinte pour finir sur une réplique aussi flippante qu’intriguant :
Mais ne t’inquiète pas je ne dirais rien à personne : personne ne saura
ce que tu cachais dans ton ventre.
Le tout pour finir sur Kotonoha, heureuse, qui voyage sur un bateau avec la tête de Makoto et qui va surement se laisser mourir sur le navire puisqu’on ne la revoit pas dans la scène post-générique présentant les étudiants toujours vivant du lycée Sakaki.
Ce qui est brillant et fantastique avec ce final, c’est à quel point n’a plus la moindre logique avec le reste de la série que ça soit en terme de ton ou même avec l’idée de départ et qu’on est libre d’apprécier ça chacun à notre façon car dans tout les cas, on est contraint de le retenir en mémoire en bien, en mal ou si ça nous divise.
Soit on l’adore parce que ça casse entièrement l’image d’animé harem à base de romance niaiseuse et à base de cliché tape à l’œil.
Soit on la déteste parce que la série s’enterre pour de bon avec ce Twist venue de nulle part et une conclusion qui n’a aucune cohérence.
Ou bien ça nous laisse une impression partagé, en tout cas c’est mon cas. D’un côté je ne risque pas d’être triste tant Makoto et Sekai sont imbuvable et Makoto n’a que ce qu’il mérite dans ce délire plein de noirceur et de sanglant à l’image d’une scène de mort d’un film de Quentin Tarantino, mais de l’autre je continue toujours de me demander ce que j’ai regardé à chaque fois que je repense à la globalité de la série et à sa tournure finale.
Bref, si vous arrivez à supporter à toutes ces horreurs ainsi que ce final : vous êtes soit un homme, un fort un vrai, ou une femme forte et déterminée (et vous aurez tout mon respect dans les deux cas). Rien que pour ça, il faut voir cet animé pour le croire malgré son existence reprochable. Parce qu’à l’inverse d’autres œuvres de fiction qui auraient mieux fait de rester un projet au placard, il y a un certain intérêt derrière cette épreuve.
PS : ou alors vous pouvez voir le résumé foireux de la série en 8 minutes pour gagner du temps, à vous de voir.
https://www.youtube.com/watch?v=tnoJLGHIfrE