Il y a des projets qui auraient mieux fait de rester dans les cartons. Si, en soi, étendre un slasher jusqu’à en faire une série télévisée est un beau défi, cela suppose toutefois un certain talent, ou à tout le moins une écriture soignée, que cela soit dans le chef des intrigues ou des personnages. Rien de tout cela dans « Scream », dont on devine les ficelles dès le premier épisode. Aux effets de miroir renvoyant à l’œuvre de Wes Craven – la communauté paisible, la malédiction familiale, les adolescents, le spectacle connoté – s’ajoutent des scènes de meurtre (trop rares à mon humble avis) extrêmement codifiées, donc très peu surprenantes. Il n’y a pas ici le découpage de l’espace que l’on pouvait retrouver dans le premier film de la saga, ni même les ressorts comiques parfois attachés à Ghostface, le tueur qui se prenait des portes en courant derrière ses victimes. Cela pourrait relever dans une large mesure du détail si au moins la galerie de protagonistes se distinguait par sa complexité, sa profondeur, ou sa sensibilité. Au lieu de ça, on nous propose des clichés en série, de l’adolescente virginale fragile (un autre pont avec « Scream », le film) au geek à la langue bien pendue, du beau gosse sportif à la reine du lycée un peu peste sur les bords. Même quand les séquences s’avèrent bien filmées, les dialogues tombent à plat et les personnages s’enferment dans leurs cases narrativement délimitées. Ainsi, l’héroïne flirte continuellement tout en cherchant à démasquer le tueur, les mecs ne semblent préoccupés que par les filles et quelques combines de bas étage, tandis que les faux coupables se succèdent dans l’espoir de donner du souffle à une série qui en manque cruellement.