La même chose que chaque soir, Jimon : CONQUERIR LE MONDE !
Sekai Seifuku est et restera, sauf suite (a priori prévus en spin-offs version papier ?) pour moi un anime assez indescriptible en quelques mots. Et, en plus, c'est son principal défaut, comme son avantage primordial.
Né on ne sait comment de l'auteur de Darker than Black et d'un scénariste de chez Type-Moon, on est embarqué dans un 1-cour (et dieu sait qu'il en aurait fallu bien 2 voire 3 pour avoir une série en adéquation avec ce qu'elle voulait faire, parce que oui, c'est clairement le problème de cette série pour moi) mélangeant surnaturel, comédie, et drame à des échelles très largement variables. Difficile à décrire, je vous dis.
Le pitch ? Même ça c'est tordu. Une bande de reclus voulant conquérir le monde (une loli exubérante, un ancien mafieux, sa fille battante et son disciple fainéant, une surdouée russe (et son robot humanoïde) blasée lâchée par ses parents, et leur nouvelle recrue , un adolescent qui a fugué de chez lui : Jimon Asuta, personnage principal). Ok. Encore un délire Chuunibyou ou assimilé.... Ah, bah non. Notre "gang" semble avoir des vrais "pouvoirs", chacun pouvant être affublé de costumes bariolés et parfois un peu étranges (fanservice, le mot est lâché !) et se retrouver avec différentes abilités ; ils vont ainsi jusqu'à se battre contre l'armée, à eux seuls. Rien que ça. Et tous suivent les ordres de Kate, a.k.a Venera, gamine oscillant entre l'écervelé et le conquerant. Ils ont même des rivaux, aussi dans le délire super-héros.
Le point fort qui fait tenir : la première scène de la série. Elle montre en effet que Kate aurait REUSSI à conquérir le monde, dans un flash-forward montrant la ville servant de décor à la série, complètement dévastée. Bah merde. Et là on a déjà envie de suivre, et de se joindre à Zvezda, ce groupe de manchots amusés, parfois austères, parfois géniaux, parfois bourrins.
Pourtant, c'est là qu'on est complètement largué : pas de vrai scénario (la conquête n'avance pas, ou peu), du background assez conséquent pour certains persos, aucun pour d'autres (qui fait ça pour une série de 12 épisodes, sérieusement ?), le comique assez classique malgré les persos colorés et plutôt réussis....
La série profite toutefois de sa direction artistique : un chara-design plutôt sympa, des décors en style "aquarelle" assez osés voire cheap mais qui rendent très bien, même pour des grandes étendues, une musique très agréable, notamment pour ses quelques teintes "Halloween" par moments, sans réelle justification thématique, mais qui passe très bien. On sent un peu le boulot et l'ambiance souhaitée, à mi-chemin entre le drama et le WTF.
Mais tout change. Assez soudainement, d'ailleurs. L'histoire arrive, à grand pas, et bon dieu que c'est bien. Tout tient la route, est globalement cohérent, concerne tout le monde, me faisant complètement réadhérer à cette série en l'espace d'un épisode, et ce jusqu'à la fin. Un gros twist, et vraiment intelligent : faire travailler la globalité alors qu'on ne montrait qu'un champ géographique très restreint depuis le début. Et tous les engrenages sont lancés : chaque perso trouve son utilité, entre changement de camps, batailles, discours, background, ....
Je reste très agréablement surpris par cette période, considérant la chute qui se sentait venir (et qui ne sentait pas forcément très bon, pour le coup). Un grand merci donc aux épisodes 9, 10 et 11.
Avant d'évoquer la fin et mon avis sur le scénar, rapide tour du reste :
- Les persos : j'ai ADORE le développement de Goro-san, et sa famille. Perso vraiment intrigant et finalement assez original. Mention spéciale à Jimon qui reste appréciable malgré son rôle subi de "héros-de-shonen-malgré-lui", et Plamya. Les autres sont corrects mais manquent franchement de consistance, principalement du au manque de temps, réel, pour en faire quelque chose. Kate est une gamine, et malgré son rôle, improbable de bout en bout, elle reste une loli assez clichée. Pas forcément mal écrite, (surtout le background, évidemment !) mais bon. Roboko, pour son faible screentime, est plutôt marrante.
- Les graphismes j'en ai déjà rapidement parlé, pas forcément grand chose d'autre à dire. Je trouve ça joli, l'anime est TRES coloré et ça rend bien. Pas non plus complètement fou.
- La réalisation : somme toute assez classique, même si les phases d'actions sont bien mises en scène. Rien à redire, mais rien à signaler ? Globalement c'est plutôt la gestion des plans, des décors qui embellit la réalisation, avec parfois les graphismes dont j'ai parlé.
- La série réussit quand même l'exploit de faire un BON épisode aux sources chaudes. Pire : il est déclencheur de l'histoire, et reste plutôt intéressant !
- MAY THE LIGHT OF ZVEZDA SHINE THROUGHOUT THIS WORLD
Et donc, le scénar. Au final, on est dans un scénario mélangeant ce qui pourrait être un film de SF, un film de super héros, et une comédie sur un groupe de potes qui font n'importe quoi.
Les transformations par ce foutu "Udo" qu'on voit partout, qui passe d'éléments "fourre-tout" à réel élément de scénario, c'est certes attendu, mais efficace, considérant la gestion du truc, et ce fameux aspect "Haruhi" : "ça n'existe pas" -> "Je veux le trouver !" -> Pouf, ça existe. Dingue.
Même chose pour tout l'aspect "pouvoirs". On se demande si on est chez les X-Men ou si c'est une pure connerie. Bah non, là aussi y a une raison. Le pire ? Elle est débile. Encore pire ? J'ai adoré.
Je suis toutefois un peu déçu par le parti pris de conclure "n'importe comment" une vraie tension qui s'était installée dans les derniers épisodes, même si le dernier épisode est plutôt plaisant et le reste de cette 2ème partie valait le coup.
Ce scénar est plutôt tordu et "ambitieux" (en un sens), mais clairement et définitivement pas viable pour une série de 12 épisodes, surtout quand chaque épisode, même "filler", trouve une justification à la fin...
En fait, le problème de Sekai Seifuku, c'est sa gestion, sa structure. Parce qu'en soi, il s'agit d'une bonne comédie-SF, qui, même si pas forcément rafraichissante en termes de scénario, d'éléments d'histoire, et d'avancement, reste un mélange plutôt original, avec en bonus les persos qui vont bien, et une trame qui - au moins - se termine de façon plutôt cohérente dans cet univers dont on ne sait jamais quoi attendre. Jamais hilarant ni vraiment éblouissant, une fois arrivé au bout, elle est selon moi loin d'être naze non plus.
Si vous êtes à la recherche d'une comédie pure, ou d'un vrai anime de fantasy pur, j'imagine qu'il faudra passer votre chemin. Sekai Seifuku est une espèce d'expérience, peut-être de prototype, qui fait un peu n'importe quoi sans trop se prendre la tête, tout en essayant de nous manipuler un peu dans nos réactions face à des éléments bien classiques.
Ou alors c'est un juste un anime divisé en 2 : une partie complètement conne, comique, avec les persos qui vont avec, et une partie sérieuse, du même genre : le lien étant fait par 2 personnages, Kate, purement perso de SF (spoilers ?), et Jimon, purement banal.
Les 2 interprétations se valent à mon avis.
En tout cas je ne regrette pas d'avoir regardé, même si pour rien au monde je ne monterais ma note. :)
(7.25/10)