Sense8
7.3
Sense8

Série Netflix (2015)

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Le futur de l'humanité est arc-en-ciel [Critique de "Sense8", saison par saison]

Saison 1 :
"Sense8" est objectivement une très mauvaise série, à la limite du regardable : un sujet SciFi sans aucune originalité (encore des mutants pourchassés et découvrant leurs pouvoirs et comment les utiliser, façon "X-Men" et "Heroes"), un gloubi-boulga scénaristique n'ayant pas la moindre cohérence (inutile de parler ici de vraisemblance, on s'en doute...) et une mise en scène prétentieuse, régulièrement pompeuse, qui n'hésite jamais devant l'inclusion d'images décoratives de la planète façon Yann Althus-Bertrand. Ceci posé, les Wachowski nous proposent ici quand même quelque chose de diablement cohérent avec leur travail au cinéma (repensons à "Cloud Atlas") ainsi qu'avec leurs préoccupations intimes sur l'identité (sexuelle mais pas que...), un travail qui mérite qu'on leur accorde notre attention. Tentant une vaste fresque sur l'état de notre monde, de Séoul à Nairobi en passant par Berlin ou Mexico, "Sense8" travaille la représentation de l'individu - femme, homme ou troisième sexe - dans les différentes sociétés, en portant un regard parfois superbement empathique sur les difficultés universelles à exister - sexuellement en particulier, donc - au milieu et contre les schémas imposés : mariages imposés et poids de la religion en Inde, soumission de la femme au leadership masculin en Corée, machisme brutal au Mexique, intolérance bigote aux États-Unis, etc. Voici un portrait passionnant et assez subtilement militant de nos luttes quotidiennes, une sorte de cartographie de nos différences mais aussi de ce qui nous rassemble et fait de nous tous des êtres humains (dommage quand même que l'usage systématique de la langue anglaise affaiblisse le propos, mais on peut comprendre les contraintes commerciales auxquelles est soumise une série aussi ambitieuse).


Si tout ce qui se rapporte à l'intrigue principale - comme la toute première scène, laide à vous donner envie d'arrêter tout de suite, ou bien le pathétique dernier épisode de la saison - s'apparente à un ratage sans appel, il y a suffisamment d'instants de pure grâce, quand "Sense8" se contente de suivre les destins de ses personnages, pour nous réjouir et nous redonner espoir dans le travail des Wachowski, artistes plus que significatifs de notre époque à la recherche de... sens.
[Critique écrite en 2018]


Saison 2 :


Se terminant sur un gros plan pour le moins provocateur d'un godemichet couleur arc-en-ciel encore humide du suc du vagin qu'il a pénétré lors d'une relation torride entre une femme et un transsexuel, avant que ne s'affiche un message clair des Wachowski "à (leurs) fans", la seconde saison de "Sense8" est pourtant bien avare en grands moments inspirants et politiques…


C'est que, sans doute soumis à la pression du besoin d'audience, les scénaristes de cet "étrange objet" ont décidé de consacrer la majeure partie des 12 épisodes au combat - largement incompréhensible - entre nos mutants préférés et la multinationale criminelle qui complote contre eux. Et il faut bien dire que tout cela est non seulement ennuyeux au possible, mais également consternant au point qu'il faut vraiment faire des efforts surhumains pour terminer le visionnage de la saison : face à une succession interminable de discussions sans queues ni têtes et de "scènes d'action" plates et répétitives, où nos "sur-humains" cognent et flinguent tout ce qui bouge sans jamais être eux-mêmes mis en danger, l'indigestion ou le sommeil sont les deux seules alternatives restant au téléspectateur.


Le pire vient dans la seconde partie quand "Sense8" abandonne complètement le destin individuel - qui restait encore la seule chose un peu motivante dans la série - des protagonistes pour se concentrer sur ce fameux combat collectif. On frôle réellement le degré zéro de la Série TV, mais ce qui nous empêche de laisser définitivement tomber, c'est l'attente de la prochaine scène de fête collective, voire de partouze où toutes les préférences sexuelles sont valorisées tour à tour, qui constitue, on le sait bien depuis le début, l'essence du véritable projet des Wachowski. Car, même si l'on peut reprocher aux divers réalisateurs à l'ouvrage un goût fatigant pour l'image publicitaire, il s'agit là d'une vision bien positive de l'évolution d'une humanité multiculturelle, aimante et cultivée, qui nous rappelle à point nommé que les Trump, Bolsonaro et autre Le Pen n'ont pas le monopole de la parole, et que nous pouvons leur opposer une vision de notre futur bien plus enthousiasmante !
[Critique écrite en 2018]

EricDebarnot
5
Écrit par

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Créée

le 10 juin 2018

Critique lue 3K fois

21 j'aime

8 commentaires

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 3K fois

21
8

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