Sense9
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le 8 juin 2015
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Comment vivre ? Quelle carrière poursuivre après avoir produit un monument comme « The matrix » ? Baigné dans une esthétique en parfaite adéquation avec le zeitgeist de 97, voir même un poil en avance, Matrix fut pour beaucoup le film de la première fois. Des effets spéciaux originaux, et une série de portes ouvertes sur tant d’univers influences : le romancier Philip K dick, un certain questionnement philosophique voir ontologique/métaphysique, cinéma de Hong kong, mouvement cyberpunk. Le film fut autant un merveilleux point de départ pour bien des passions de cinéphiles, mais aussi un porte qui se ferme. Les Wachowskis se retrouvaient condamné à décevoir encore et encore tous ceux qui auraient voulue une deuxième première fois. Personnellement si j’apprécie beaucoup speed racer, pour le reste je n’accroche pas des masses. Beaucoup d’intentions louables, de tentatives qui n’ont pas vraiment payé.
Pour sense8 les Wachowskis se coltinent avec un nouveau médium, la TV 3.0, ils nous proposent une série via NetFlix qui se révèle la maison mère idéale pour ce genre de projet. Si la chaine a proposé quelques œuvre solides : Dardevil, Orange is the new black, house of cards ou la pépite cachée BoJack horseman, il y a eu bien des déchets sur le chemin (Hemlock grove, la saison 4 de arrested development, et j’en passe). Sense8 permet à Netflix de s’associer avec un grand nom (Wachowski), , d’investir le champ de la science-fiction (supercherie de taille, contrairement à la manière dont c’est vendu c’est une série fantastique et non de science-fiction) et de rajouter à leur cheptel un projet audacieux . En contrepartie, Netflix a ouvert à la fratrie, le monde de la TV mais sans la course à l’audimat, et l’ingérence permanente des exécutives.
Sense8 est autant un film de 10h qu’une série de 12 épisode vendus le même jour. Il a été scénarisé à six mains, Andy et Lana Wachowski travaillant en tandem d’un côté voyant complété leur scénarios par Joseph Michael Straczynski, dans certains épisodes, ou à leur tour complétant et peaufinnant le travail du créateur de Babylone5 et de nombreux comics. Pour la réalisation, les Wachowskis ont assuré plus de la moitié des épisodes, laissant les manettes à leurs fidèles compagnons : Twyker (avec qui ils ont coréalisé Cloud Atlas) et Teige (assistant réal pour The matrix) pour deux épisodes chacun. Par ces choix on se rapproche de True Detective (entièrement scénarisé par Nick Pizzolatto) et The knicks (intégralement réalisé par Steven Soderbergh et qui ont chacun un réalisateur unique et un ou deux scénariste. C’est comme si la modification de la manière dont on consomme la TV (téléchargement illégal, replay, arrivée de Netflix, Hulu et Amazon dans la création de programme) a permis à cette dernière de voir émerger une tendance auteuriste et moins usine à épisode. HBO , Cinemax et Netflix créent des conditions idéales pour voir se developper des fictions stimulantes dans un format au contour troubles.
L’histoire est découpée en tranche de manière intelligente mais elle n’est pas vissée et prisonnière de son format. On est très loin des épisodes dont la structure est faite pour encaisser les quatre coupures pub, et raccrocher le spectateur en permanence à coup de twist et situation choc. Au contraire, ici on prend son temps et on peut avoir des épisodes aux enjeux quasiment nuls en terme d’avancée de l’histoire, épisode pendant lesquels on va se concentrer sur une sensation, une émotion. Personnellement je suis tombé amoureux de la série à cause d’une scène quelque peu atroce, un des personnages vient de se faire larguer, et il le vit très mal. Il ne se passe pas grand-chose, c’est juste un mec qui se noie dans sa souffrance, qui se comporte d’une manière qu’on pourrait juger de pathétique mais c’est filmé avec la parfaite distance, on vit avec lui cette déchirure, sans artifice.
Idéologie
Si dès leur première film (Bound) les Wachowski on mis les sexualité alternative en avant (de manière sacrément racoleuse) Sense8 est leur première création attaquant de front la transsexualité. Un des huit personnages autour desquels gravite l’histoire est une femme s’appelant Nomi, elle est lesbienne mais surtout elle est né homme sous le nom de Michael… et elle vit à …. San Francisco. Non ils n’ont pas cherché à faire dans la subtilité, mais cette candeur, ce premier degrés cette absence de cynisme finit par payer, en terme d’empathie. Comme pour « orange is the new black » cette transsexuelle est interprétée par une actrice ayant changé de sexe. On pourrait facilement accuser les créateurs de faire de la propagande pour le mouvement lesbien/homo/queer, de surfer sur l’air du temps (voir la décision de la cours suprême de justice américaine cette semaine légalisant le mariage entre deux personnes du même sexe) et il y a sans doute aussi un peu de ça, mais le changement de sexe d’un des frère Wachowki (Larry est devenu progressivement Lana) lui a permis d’écrire avec beaucoup d’empathie le personnage de Nomi. De plus ça serait passer à travers l’idée centrale de la série : On est tous relié, quelle que soit notre religion, notre sexualité, nos antécédents, notre niveau social ; on ne sera fort, qu’en apprenant à développer notre empathie pour toutes ces autres facettes de nous-même, et communiquant et échangeant nos compétences. Le monde morcelé, où ont est dressé les uns contre les autres appartient au passé. Personnellement je trouve ça plutôt cool.
Donc merci NetFlix, merci les Wachowskis et à l’année prochaine j’espère.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 4 juil. 2015
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