Seraph of the End
6.3
Seraph of the End

Anime (mangas) Tokyo MX (2015)

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C’est sans surprise que j’ai trouvé cet anime ennuyeux de bout en bout. Le scénario, il faut l’admettre, est stéréotypé au possible, et sans un article plutôt positif d’Animeland à son sujet, je n’aurais probablement jamais laissé sa chance à Owari no Seraph. Pour autant, tout n’est pas à jeter.
En particulier, le dessin et l’animation sont d’une grande qualité. C’est un régal pour les yeux. Il est dommage que le même soin n’ait pas été apporté à l’histoire ; ou plutôt, peut-être que l’histoire souffre au contraire d’un esthétisme trop superficiel. Après tout, tous les éléments-clefs du shônen gothique sont présents : des vampires, des armes démoniaques, une prophétie, la figure des « frères ennemis » (je ne vous spoile rien, nous y reviendrons dans un instant)… Le souci, c’est que rien de tout cela ne semble appartenir vraiment à Owari no Seraph.
En effet, il semble impossible de traverser un épisode sans se laisser envahir par une sensation justifiée de déjà-vu. Pêle-mêle, on retrouve des éléments ou représentations tout droit sortis de Code Geass, Soul Eater, Shingeki no Kyojin, Tokyo Ghoul et j’en passe – jusqu’à des similitudes visuelles parfois frappantes. J’aurais donc tendance à dire que le problème d’Owari no Seraph, c’est peut-être d’être sorti trop tard : mais je pense qu’en vérité, c’est tout simplement qu’il est trop lisse, trop formel.
Commençons par ses personnages, et en particulier son héros, tout simplement insupportable pendant les 6 premiers épisodes. C’est une sorte d’Eren Jager défectueux, réduit pendant la première moitié de l’anime à un trait de caractère unique : un désir narcissique de vengeance doublé de la volonté de ne sympathiser avec personne. Ce trait est si exagéré, si invraisemblable qu’il en devient ridicule.
A ses côtés on retrouve bien sûr un ami à l’allure faible et timide, qui ne semble pouvoir s’exprimer que par rires gênés ; des filles autoritaires qui passent leur temps à se chamailler ; et bien sûr le rival du héros qui va devenir son ami. Ces personnages-là, néanmoins, parce qu’ils arrivent plus tard, vont plus rapidement être nuancés, et ils sont de fait moins agaçants.
En effet, à partir de l’épisode 7, miraculeusement, tout va mieux côté personnages : c’est qu’on entre dans le feu de l’action, et qu’on a enfin entre les mains une unité cohérente. Car c’est l’autre grand défaut de l’anime : son déséquilibre considérable en termes de narration, entre une première moitié schématisée qui éclaire difficilement huit années, et une seconde moitié qui s’écoule peut-être sur une seule (très éprouvante) journée.
Mais venons-en aux clichés du scénario même. On passe le fait que, comme par hasard, l’ami timide du héros, malgré son absence totale de bellicosité et, on le suppose aisément, de force physique, parvient à intégrer la troupe de super élite de la mort qui tue de l’armée. Non, non, concentrons-nous sur le cœur de l’histoire, celui que je vous spoilerais si l’opening ne le faisait pas déjà pour vous : la figure, donc, des frères ennemis.
Sur ce, j’aimerais revenir sur un commentaire d’Animeland, qui nous affirme qu’il est fort dommageable qu’on nous balance dès le début que [SPOIL DE L’EPISODE 1] lorsque toute la « famille » du héros se fait massacrer, Mika survit et rejoint le camp adverse [FIN DU SPOIL]. Je ne suis pas d’accord. Mais alors, absolument pas. Si c’est pour me sortir ça de la manche au dernier épisode sans signe précurseur, en mode « ohlol au fait » à la limite du Deus ex machina, autant se pendre tout de suite. Non, tout est dans la construction de cette tension, dans l’attente de l’éclatement, comme cela peut être le cas dans Code Geass. Seulement, patatras, là encore Owari no Seraph se vautre lamentablement. Aucune tension, aucun « peut-être… là… », on sait exactement quand et comment la confrontation va se passer, trois épisodes à l’avance. Alors forcément ben… c’est un peu décevant quand ça arrive. Triste d’abattre une carte maîtresse si piteusement.
Deuxième argument d’Animeland que je souhaite réfuter : « mais en fait, tout n’est pas manichéen ». Tu parles. Alors oui, c’est vrai, les vampires passent leur temps à dire que les humains sont corrompus et avides, mais eux-mêmes sont tellement insupportables et pédants qu’on ne peut pas une seule seconde les prendre pour les gentils. Enfoncés jusqu’au cou dans leurs stéréotypes, il n’y en a pas un pour sauver l’autre : tandis que certains humains font peut-être des trucs pas cool, mais dans leur grande majorité ils sont pleins de bons sentiments. C’est pas parce que tu vas me coller un type pragmatique dans les rangs humains que tout d’un coup ça va brouiller les limites de la morale. Auquel cas, autant enfermer tous les norvégiens parce qu’ils ont eu Breivik…
Bref, on voit ça et là qu’il y a eu, l’espace d’un instant, une volonté, une tentative de nous donner une vision forte, travaillée. Cependant, au final, il n’y aura guère que les décors à être détaillés. Owari no Seraph donne l’impression d’une ébauche, d’un premier jet : la colonne vertébrale d’un scénario qui resterait encore à étoffer. Trop linéaire, sans surprise, inégalement maîtrisé, on aimerait pouvoir se sentir déçu, si sa platitude n’était pas si prévisible.

Shania_Wolf
5
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Créée

le 30 sept. 2015

Critique lue 3.2K fois

11 j'aime

Lila Gaius

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