Amy Adams, HBO, un thriller sur fond de meurtres d'enfants et d'enquête dans une petite bourgade paumée du fin fond des Etats-Unis, c'était plus qu'il n'en fallait pour me convaincre de mettre cette série sur ma to watch list. Au final je l'ai suivie avec plaisir chaque semaine, même si elle s'est révélée ne pas être totalement ce à quoi je m'attendais.
Il faut savoir que l'aspect enquête est vraiment laissé de côté, et si c'est ce qui vous attire le plus, vous risquez probablement la déception. L'investigation est réduite à sa plus simple expression, et les meurtres sont au final davantage un prétexte pour nous présenter la famille dysfonctionnelle de l’héroïne et son retour au bercail plutôt qu'un des arcs majeurs de la série.
Sharp Objects pèse avant tout par son ambiance, extrêmement travaillée, au travers de la bande sonore, des bruitages et de la photographie. On ressent très bien la chaleur étouffante qui pèse sur la ville et son atmosphère poisseuse (retranscrite notamment au travers du personnage de l'inspecteur débarqué de Kansas City qui passe 8 épisodes avec des auréoles sur sa chemise et ne réussit jamais vraiment à s'intégrer). Sans oublier ses habitants qui n'ont rien de mieux à faire que de se casser en permanence du sucre sur le dos et répandre des rumeurs sordides les uns sur les autres.
Si l'ambiance de la ville n'est pas en reste, il en va de même pour les personnages présentés, que ce soit Camille (Amy Adams) dont le passé torturé nous est raconté par l'intermédiaire de nombreux flashbacks, mais aussi sa mère, et chaque scène dans la maison familiale est propice à un bon moment de malaise.
La série est lente, relativement contemplative, et se regarde un peu elle-même en se perdant parfois dans le mysticisme qu'elle essaie de créer, au risque d'ennuyer le spectateur. Je me suis rapidement demandé quand on allait entrer dans le vif du sujet et parler des meurtres, mais il est devenu évident que ce n'était pas l'objet ici. Sharp Objects est hypnotique, tantôt attractive, tantôt répulsive, et globalement brille plus par le voyage qu'elle nous propose que par sa destination.
Le dernier épisode en faux-semblants m'a d'ailleurs assez peu convaincu tant il use et abuse de fausses pistes un peu grossières pour camoufler un twist relativement prévisible et assez peu impactant, alors que j'aurais espéré un dénouement plus puissant à la sauce HBO.
Sharp Objects reste néanmoins une mini-série que j'aurais globalement suivie avec plaisir dans la canicule estivale qui lui était on ne peut plus appropriée.