Alléchant sur le papier, Sharp Objects avait attiré ma curiosité et eu toute mon attention. En définitive, cette dernière s’inscrit dans la lignée positive des séries produites par HBO, malgré quelques réserves dans l’ensemble. J’y reviendrais plus tard dans la critique.
Commençons par le positif.
Un montage propre, bien que classique, avec des flashbacks très intéressants qui s’introduisent parfaitement avec le présent. Cette solution paraît facile pour ajouter de la consistance à l’histoire mais Jean-Marc Vallée l’utilise ici à bon escient.
Sinon, ça s’enchaine bien, la bande sonore est cool (Led Zeppelin en tête avec une dizaine de chansons de leur répertoire, notamment 4 musiques entendus dans les 20 premières minutes du pilote qui vous mettent dans l’ambiance, The Doors…), aucune longueur en 8 épisodes car l’histoire captive suffisamment et l’interprétation parfaite des acteurs nous maintient à flot (Amy Adams excellente ainsi qu’Elisa Scanlen que je découvre avec cette série). Le travail réalisé sur la psychologie et la relation entre les deux mérite d’être souligné, tant c’est réussi.
Concernant Patricia Clarkson (déjà épatante dans Six Feet Under), sa performance est d’une justesse admirable dans le rôle de cette mère possessive et détestable. On aime la haïr.
J’ai aussi beaucoup apprécié les deux policiers principaux dont le mode de vie, linéaire et répétitif, les lassent au fur et à mesure, ainsi que la galerie de personnages féminins haut en couleur et complètement délurés. Cela rajoute une tension dans les relations et dans cette ville très spéciale.
Donc après tous ces points positifs, pourquoi ne mettre que 8 me direz-vous, ce qui est déjà une superbe note (pour mes critères de notations en tout cas).
Tout simplement car l’histoire, même si prenante et intéressante, reste assez prévisible dans l’ensemble (la petite romance avec le lieutenant couru d’avance) avec des situations faciles à certains moments, par exemple lorsque les protagonistes se rencontrent toujours au bon endroit au bon moment. D’accord, c’est une série et je veux bien que la ville soit petite mais je trouve que le réalisateur abuse de ce procédé au fil des épisodes. Les scènes paraissent donc moins naturelles dans leur approche et cela enlève un certain réalisme.
En outre, le fait que l’enquête policière passe au second plan pour s’intéresser davantage aux relations ambigus des personnages, à leur passé torturé, est à la fois une bonne et une mauvaise chose puisque que finalement la partie enquête/journalisme est quelque peu délaissée, sur la fin notamment, et manque donc de surprises et de profondeur à des moments importants de l’histoire.
En effet, parlons de la fin. Pour ma part, j’adore lorsque certaines questions sont laissées sans réponse, cela rend le tout mystérieux et on laisse libre cours à notre imagination quant au futur proche des personnages, cependant elle arrive trop rapidement. Les deux révélations finales relèvent toutefois le niveau global de la série même si j’attendais une ambiance encore plus sombre et plus glauque que ça et un enchainement de scènes moins conventionnel sur la durée.
Dans les grandes lignes, on sait ce qu’il va se passer au fil des épisodes. Impression de déjà vu. Dommage de ce côté là.
Des bonnes idées donc, avec une bonne maitrise au niveau technique (réalisation, jeu d’acteur, musique) et sur la psychologie de certains personnages mais tout de même une légère déception au niveau scénaristique, sur le traitement et le fond de l’enquête surtout, et qui, pour moi, fait de Sharp Objects une très bonne série sans pour autant atteindre l’excellence annoncée dans les critiques de la presse et de la majorité des spectateurs.
Note générale : 8/10