J’ai découvert il y a peu que Peter Cushing, pour qui j’en pince secrètement, ne s’était pas contenté de reprendre le rôle de Sherlock Holmes pour le chien des Baskerville. Au magasin, mon informateur m’apprit même qu’il existait un DVD contenant 5 enquêtes du célèbre détective, interprété par Cushing. Ô Joie ! Mais j’étais un peu intriguée de n’avoir pas croisé plus tôt ces films sur le chemin de ma découverte de l’acteur. Et j’étais également intriguée par le fait que figure sur le DVD Le Chien des Baskerville qui d’après mon souvenir nous venait de la Hammer.
La raison en est simple : ce ne sont pas des films.
Il y a quelques décennies donc, la BBC décide d’adapter les romans de Conan Doyle sur petit écran. Nigel Stock est embauché pour incarner le Dr Watson tandis que Douglas Wilmer est chargé de jouer Holmes. Celui ci sera remplacé par Cushing (qui avait fait preuve de talent dans son interprétation de Holmes dans le film de la Hammer quelques années avant) lors de la seconde saison.
La plupart des épisodes sont manquant malheureusement, mais la BBC est tout de même parvenue à nous sortir 6 épisodes de sous son chapeau (5 histoires adaptées), d’où ce DVD aux cinq enquêtes. Mystères résolus.
N’ayant donc que cela à me mettre sous la dent et bien que je n’aime pas juger une série sur une poignée de ces épisodes, ma critique concernera les épisodes de ce DVD, seuls apparemment trouvables de nos jours.
Parmi ceux là nous trouvons :
Une étude en rouge.
Le chien des Baskerville, Partie 1
Le chien des Baskerville, Partie 2
Le mystère de la vallée de Boscombe
Le signe des quatre
L’escarboucle bleue
Ces histoires sont parmi les plus connues (sauf peut être pour la vallée de Boscombe) des Sherlock Holmes.
Venant de la BBC, le spectateur est en droit de s’attendre à des adaptations de qualité et il devrait être partiellement récompensé de ses attentes.
En effet, la BBC nous offre une adaptation plutôt correcte de l’oeuvre de Doyle. Les personnages, l’esprit des livres y sont conservé et on ne sombre pas ici dans le sensationnalisme. Holmes est un esprit brillant qui aime par dessus tout les mystères complexes. Nul besoin d’en rajouter trois tonnes, c’est ce qui fait son charme.
Ceci dit, la série vieillie bien mal. Les décors font beaucoup trop ‘studios’ (puisqu’ils le sont souvent), et on peine parfois à se croire ailleurs qu’au théâtre en voyant voyant les caméra s’y promener. Tant que l’on reste au 21 B Baker Street, la chose peut passer, mais lorsque l’on se retrouve dans les rues de Londres (notamment pour l’Escarboucle bleue), la chose est plus désagréable. De même, la mise en scène est parfois un peu moyenne.
Ceci dit, les enquêtes sont bien adaptées et même si certaines libertés sont prises avec le texte d’origine (notamment le fait que le spectateur puisse voir des choses dont Watson n’aurait put être témoin, mais pas que), ce n’est que pour permettre la réduction au format 45 minutes. Rien de trop grave ni de trop choquant. Bien sûr, mes lectures de l’oeuvre de Doyle remonte à quelques années mais dans l’ensemble, les scénarios sont fidèles à mon souvenir.
En ce qui concerne le duo principal, Nigel Stock nous campe un Watson plutôt sympathique. Certes, les scénaristes n’ont sut résister à la tentation de le ridiculisé une fois ou deux, mais globalement, le personnage est bon et bien interprété. Dans l’oeuvre de Doyle, il était supposé être l’homme à l’intelligence lambda qui permet à celle de Holmes de se révéler. Il permet également au lecteur d’avoir un point d’ancrage dans le récit, un personnage à qui s’identifier. De plus, il est l’excuse parfaite pour que le détective livre des explications sur ses déductions. Ce côté là du personnage, cette adaptation la maîtrise parfaitement, même si le côté un peu simplet du Docteur peut parfois faire tiquer.
Mais Watson, c’est aussi l’ami fidèle et loyal. Un ami qui sert certes à stimuler les neurones de Holmes, mais que ce dernier ne considère pas moins comme un ami. Et un ami, ce n’est pas un balourd qui fait oui de la tête et obéis à tout va. Un ami, c’est aussi quelqu’un qui taquine, qui à son amour propre et des émotions. Cette facette du personnage, parfois un peu oublié, est ici bien présente. Watson défie son colocataire même s’il admet bien volontiers ses défaites et n’est pas le dernier à sauter sur l’occasion de faire remarquer ses faiblesses au détective et à l’humain.
Nigel Stock et les scénaristes auraient probablement pu soigner davantage ce Docteur Watson mais il n’en reste pas moins fort plaisant dans le rôle.
Mais le plus important dans un Sherlock Holmes, quel qu’il fusse, c’est le rôle de Sherlock Holmes. A lui seul, il peut ruiner le meilleur des scénario, la meilleure des adaptations.
Celles et ceux qui ont put lire mes critiques savent que le seul, l’unique Sherlock Holmes qui résiste à toute critique selon moi est le Jeremy Brett de la série des années 80.
Quid alors de Peter Cushing ?
Dans le film de la Hammer, il était le point fort de l’oeuvre. Et il s’avère ici que ce n’était pas un hasard.
Physiquement, Cushing correspond bien à la description du personnage. Son charisme, sa prestance en font un Holmes potentiellement très bon. Pour passer du potentiel au factuel, il suffit de considérer le talent de l’acteur.
Certes, ce Holmes là est moins sarcastique, moins sombre, moins drogué que celui de Doyle. Son côté hautain est effacé et Cushing donne à son personnage un sourire et un humour discrets mais certains qui adoucissent son image. Cela dit, l’acteur se défend très bien et peut faire preuve d’une rudesse et d’un mauvais caractère qui conviennent bien au personnage (il suffit pour s’en convaincre d’entendre son « tchiaa » frustré face au manque d’enquête, on sa façon de congédier le voleur de l’escarboucle bleu).
Assurément, Peter Cushing ne vaut pas, dans ce rôle, Jeremy Brett. Mais il est l’un des rares à pouvoir prétendre s’en rapprocher sans avoir à rougir de la comparaison.
Cette adaptation de la BBC n’est donc probablement pas la meilleure de l’histoire de la chaîne, ni même de celle de l’histoire des adaptations de Doyle. Néanmoins, à en juger par ces 5 histoires, elle relève le défi de manière honorable et nous offre des enquêtes plutôt sympas qu’il est toujours agréable de retrouver. Cushing, s’il n’est pas LE Holmes, n’en est pas moins très bon et son duo avec Stock fonctionne bien.
Pour les amateurs de Cushing et ceux de Holmes (peut être pas les holmésiens purs et durs mais les fans occasionnels), un DVD qu’il n’est pas désagréable d’avoir en stock.