Shigurui brille d’une violence éclatante, dont l’expression artistique transforme le carnage en art du massacre, chantant l’hymne d’une brutalité impitoyable avec la voix envoûtante et gracieuse d’une sirène. Si la qualité de l’animation et des visuels ne fait qu’accroître le pouvoir scénique de la réalisation, c’est bien de sa remarquable mise en scène que découle la subtilité faisant de la série cet oxymore de sauvagerie et d’élégance. Bien au-delà de la seule esthétique, ce raffinement se met directement au profit de la narration, et de la construction d’une atmosphère magnétique, cette dernière atteignant des pics d’intensité lors des divers duels et confrontations. Le récit, sombre et misanthrope, n’en demeure point pour autant dépourvu de qualités. Habilement structuré autour de sauts chronologiques, il dépeint de manière saisissante une fresque de la folie, et la perte d’humanité dans un monde dénué de sens moral.