Je suis et resterais toujours un amateur de seinen, bien plus que de shonen, et je dois bien admettre que ça fait du bien de voir un récit de samurai qui tranche (pun intended) pas mal avec les séries du genre. Moi qui suis un mordu de chambaras, je n'ai pas boudé mon plaisir. Je ne peux pas non plus nier le propos pourtant percutant de cette série: "à trop vouloir la perfection, l'homme devient monstre". Les anti-héros sont donc légion et pêchent tous par leur arrogance, leur cruauté, ou leurs névroses, en dépit de leur charisme et de leurs talents de bretteurs: Shigurui nous dépeint là une vision nihiliste, abusive et ultra-violente du samurai, celle des années 70 (pas ma préférée, dommage '^'). Les femmes sont, quand à elles un peu trop cantonnées à leur rôle de souffre-douleur. Vous serez prévenus, ce n'est pas dans cet animé que vous vous identifierez aux personnages, ce sont tous soit des bourreaux, soit des victimes. Par contre, on ne saurait mentir, depuis sa salle obscure, Shigurui brille de qualités, dont la somptueuse mise en scène, la noirceur et la radicalité de son univers (même si le côté poético-mélancolico-pornogore, c'est vraiment pas ma came), ainsi que son style graphique très beau et très marqué.
Mais sur l'estampe apparaissent quelques tâches d'encre dont on ne saurait dire si elles sont volontaires ou pas. Narration tantôt ingénieuse, tantôt confuse. Le manque de repères chronologiques est un peu foireux par moments. En effet, le tout est très 'cut' et certaines scènes manquent souvent de sens, là où d'autres sont clairement trop lentes, ce qui devient horripilant quand un épisode se finit en queue de nouille. Et ça se vérifie même jusque dans l'épisode final, dont on attend qu'il fasse le "pont" entre les événements de la série, et l'épisode pilote (qui est en fait un flash forward). Mais peau-d'balle, ça fait toujours plus stylé d'avoir une fin sans queue ni tête que d'assumer son histoire et d'arriver à sa résolution.
C'est plus stylé, certes, mais c'est un peu facile.