Leur copine d'école se fait violer et assassiner, elles sont les seules témoins du meurtre, elles ont vu le meurtrier mais l'insouciance de leur jeune âge ne leur permet de se souvenir de cet homme. Asako, la mère de la regrettée petite Emilie ne pouvant l'accepter, elle leur fait jurer pénitence. Le film s'intéresse aux destins de ces quatre petites filles, 15 ans après le drame, montrant comment cet événement a dicté leur vie. Le jour du drame, une poupée disparue, une tâche de sang sur une robe ou encore le sauvetage d'un policier, vont rythmer la vie future des petites filles. Quinze plus tard, l'une deviendra une poupée humaine, l'autre un ours incapable de porter une robe et la dernière une accro aux policiers. Comme si toute une vie était due à un événement bien précis, à un jour bien précis.
Kiyoshi Kurosawa instaure également une atmosphère fantastique. Asako, qui n'a pas changé d'apparence en quinze ans, d'une beauté devenue froide, continue de hanter ces jeunes filles jusqu'à ce qu'elles aient fait pénitence. C'est en fait une malédiction lancée par Asako, sorte d'incarnation du mal, qui va influencer le funeste destin de ces filles : la prison, ou la mort. Asako prendra conscience de sa vraie nature dans un épilogue incroyable où l'on apprend que la cause de tout ça n'est qu'une vilaine vengeance de couple. Un épilogue aux paroxysme du fantastique, où la mise en scène ne le cache plus, le sommet du film !
Avec Shokuzai, Kiyoshi Kurosawa fait surtout le portrait de 4 femmes, aussi différentes soient-elles, toutes touchées par un mal de la société japonaise et par ses problèmes personnels. Shokuzai s'avère être un film complet : un thriller sociale teinté de fantastique. Un très grand film !