La Honte
Beaucoup ne verraient pas en quoi l'engouement pour cette série (injustement) comparée à Skins est légitime, et je peux comprendre pourquoi. Après tout, le sujet a été traité mille fois, de manières...
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le 20 mars 2017
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Beaucoup ne verraient pas en quoi l'engouement pour cette série (injustement) comparée à Skins est légitime, et je peux comprendre pourquoi. Après tout, le sujet a été traité mille fois, de manières bien différentes. Les historiettes d'adolescents 2.0 n'intéressent probablement pas grand monde au-delà du public concerné, et pourtant, Skam apporte quelque chose de nouveau et rafraîchissant à un genre déjà bien alimenté (encore plus à la télévision).
Après une poignée d'épisodes, quelque chose m'a frappé, retenu : c'est qu'à la banalité des situations représentées vient s'ajouter une espèce de clairvoyance géniale dans la manière dont les sujets sont évoqués. C'est en cela que je trouve le rapprochement avec la série citée plus haut faussé, celle-ci exacerbant les mêmes situations à l'extrême sur un ton particulièrement tragique, là où Skam tend plus à une approche «néoréaliste» de ces tranches de vie.
Même quand les thèmes sont déjà-vus (coming-out, premières fois), la délicatesse avec laquelle ces-derniers sont abordés pousse à l'admiration. La série ne se fourvoie pas (contrairement, encore une fois, à la volonté très américaine qu'on retrouve dans la majorité des teen-dramas à tromper son public avec un miroir déformant et à côté de la plaque) dans la surenchère dramaturgique, se contentant noblement de capter çà et là des fragments de quotidien d'une bande de lycéens d'Oslo dans les années 2010.
On se plaît à suivre le quotidien ordinaire de ces personnages extrêmement touchants et vrais (il se dégage une certaine naïveté, hypersensibilité adolescente de leurs petits soucis), dont les préoccupations deviennent le centre de l'action, occultant jusqu'aux droits de regard des adultes, eux toujours hors-champ, quasiment inexistants. Nous voyons à hauteur de personnages, même quand ils s'emmerdent ferme. La comparaison avec le néoréalisme est certes extrapolée, mais il y a à mon sens ici une réelle volonté de ne pas tricher avec la réalité, beaucoup plus qu'ailleurs en tout cas : situations banales, peu de découpage, travellings et suivis de personnages récurrents, longs plans fixes (sur les personnages qui regardent par la fenêtre, notamment). Même les silences dans les dialogues retrouvent ici leur place (!), participant de la subtilité du regard porté autant que de son authentique justesse, bien trop rare aujourd'hui.
Une série qui mériterait davantage de crédit et de visibilité, je la conseille vivement à quiconque aime le genre ou s'en est désintéressé depuis longtemps !
PS : Une série européenne qui, en 2017 après l'élection de Trump, met au centre de son récit un personnage féminin voilé, c'est honorable.
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Créée
le 20 mars 2017
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