Something in the rain est une série coréenne en 16 épisodes de 1h10, disponible sur Netflix, Nous allons suivre Jin-a, une manageuse de 35 ans, et Jun-hui, un designer de jeux vidéo de 31 ans ; il est de retour à Séoul après 3 ans d'absence. Ce ne sont pas des inconnus l'un pour l'autre. Ils se connaissent depuis l'enfance. La sœur du jeune homme est d'ailleurs la meilleure amie de Jin-a. Nous allons suivre le parcours sentimental incertain de ces 2 personnages.
L’alchimie entre les 2 acteurs est totale, ils sont en osmose dans chaque scène. Le langage des corps remplace souvent les mots qui sont si difficiles à prononcer; un sourire, un regard, une expression que l'autre n'a peut être pas saisi mais qui signifie beaucoup. Des mains qui s'attirent, se frôlent.
Une réalisation tout en pudeur, un côté épuré qui ressort en continu. C'est réaliste, rien d' hors norme dans ce qui arrive, voir banal dans les scènes du quotidien. Le plus souvent cadré au plus près. Les balades de nuit dans les rues de Séoul sont magnifiquement filmées. Des thèmes musicaux bien choisis reviennent régulièrement pour illustrer les scènes intimes.
Ce qui marque, c'est à quel point cette série a su rester concentrer sur son sujet de départ à savoir la relation entre nos 2 personnages. Alors qu'on aurait pu craindre vu la longueur des épisodes une multiplicité d'intrigues et de protagonistes, il n'en est rien. Au contraire, on suivra intimement Jin-a et Jun-hui jusqu'à la fin et on vibrera avec eux.
Une relation amoureuse ne se vit pas en dehors du monde mais doit composer avec la société dans laquelle elle s'exprime. La société coréenne est le 3ème personnage du film; bien que libérale économiquement et hyper connectée, c'est une société avec des codes sociétaux dont on ne peut s'extraire facilement. Ce qui pour nous occidentaux pourrait paraître exagérer, ne l'est pas en Corée, une amie coréenne me l'a confirmé. L'importance énorme du statut social, du respect dû aux aînés, l'omniprésence des parents; difficile de prendre des décisions sans l'aval des parents et peu importe l’age des enfants. Il est courant et normal que les enfants habitent encore chez leurs parents à 35 ans, comme Jin-a dans la série. Ces codes sont personnalisés par la mère de Jin-a, personnage qui peut paraître insupportable mais qui a ses propres raisons d'agir, qu'elle expliquera mais qu'on pourra difficilement cautionner. A cela viendra s'ajouter une critique du monde du travail, avec son omniprésence et son sexisme évident.
Nos 2 amoureux vont subir de plein fouet ces contraintes. Une pression insidieuse, qui ne s'exprime pas forcément mais est toujours présente. Ils savent que leur relation ne sera pas facile à faire accepter à leur entourage mais ils pensent pouvoir y résister. Alors au début, ils se cachent, font semblant, mentent pour protéger leur idylle naissante. La grande force est d'avoir choisi des adultes qui ont des responsabilités professionnels et familiales; on sent qu'ils voudraient juste vivre leur histoire, juste en profiter tous les 2 mais la réalité les rattrape rapidement. Alors, bien sur ce n'est pas simple de naviguer avec tous ces obstacles, ils ne veulent pas décevoir leurs proches, ne prennent pas forcément les meilleurs décisions sur le moment, ils encaissent beaucoup et ça les épuise inexorablement. Une phrase reviendra comme un leitmotiv: «Qu'est ce qu'on a fait de mal ?» Question qui n'aura pas de réponse.
Le rythme lent des épisodes et des scènes nous permet d'être avec nos 2 personnages, de faire corps avec leurs émotions, on ne fait pas que vibrer, pleurer avec eux, on devient Jin-a, on devient Jun-hi, on devient les 2 à la fois, on éprouve leurs sentiments. On se demande quels mots prononcés, quelles décisions prendre. Et on a mal, on est triste, on est en colère...Mais on ressent toute la tendresse, tout l'amour que ce couple dégage. Ils veulent se protéger l'un l'autre mais à quel prix! Intensité des émotions, à l'image du message audio que laissera Jin-A sur le téléphone de son bien-aimé; tout en délicatesse et en sincérité.
Pour les personnes qui prendront le train de cette longue aventure et qui iront jusque son terminus, il est bien possible qu'elles se souviennent longtemps de ce voyage émotionnel, intense et unique.