Souvenirs de Gravity Falls
8.1
Souvenirs de Gravity Falls

Dessin animé (cartoons) Disney XD (2012)

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Quant on cite les dessins animés des studios Disney, beaucoup d’entre pensent très certainement à La Bande à Picsou, Myster Mask, les Silly symphonies pour les court-métrage produit par Walt Disney lui-même ou bien même Phineas et Ferb parmi les dessins animés plus récent. Sans parler du remake à venir de la série La Bande à Picsou qui sera diffusé dés l’été prochain. Pourtant il en est une d’elle qui a fait sensation, et pas seulement auprès du public Disney puisqu’un public plus âgé a également été atteint par cette nouvelle production et qu’il a pour lui une énorme popularité auprès des spectateurs.


Gravity Falls (ou Souvenirs de Gravity Falls en français), c’est constamment plus de 3 millions de spectateurs en moyenne à chaque épisode et qui a aussi eu droit à une extension des épisodes à travers des séries courtes, sans oublier une énorme communauté de fans pour les principaux personnages que sont Mabel et Dipper. Sans parler des jeux de décryptage auxquels beaucoup de spectateurs se sont livrés avec les codes laissés à la fin de chaque générique d’épisode, le tout avec un rythme de sortie d’épisode très lente (un peu comme pour le dessin animé japonais Hunter x Hunter réadapté à partir de 2011). C’en est même devenu pour certains un des meilleurs dessins animés de ces dernières années.


Et vu qu’il y a certains de mes éclaireurs qui n’ont pas caché leur affection pour cette série (ils vont se reconnaître en lisant), et que ma culture chez Disney n’a pas à se limiter qu’aux films, aux court-métrages, aux classiques Disney et Pixar, pourquoi ne pas commencer par-là avant de voir les classiques parmi ce Disney nous a proposé ?


Pourtant, il faut d’abord accepter de suivre une première saison qui se contente avant tout de poser les bases et les éléments clés de son intrigue centrale et de ses personnages. Et à vrai dire j’ai eu un brin de difficulté à rentrer dans le bain : un rythme caféïné, avec un humour assez inégal pendant les premiers épisodes et des sous-intrigues parfois moins palpitantes que d’autre. A l’image de l’épisode d’Hallowété qui m’a bien moins diverti que d’autres est cumule un ou deux gags à répétition pas forcément très recherché ni très drôle malgré un ou deux passages plutôt glauque comme un monstre de bonbon qui dévore un enfant vivant (ah là là, mettre des séquences de film d’horreur dans un dessin animé pour enfant, quoi de mieux pour les faire grandir ces petits monstres) et le capital sympathie de nos deux héros, Mabel et Dipper ainsi que du vieux Oncle Stan Ford, escroc dans l’âme et directeur d’un musée de mystère et de surnaturel plus attrape nigaud tu meurs.


Cela dit, il y a déjà bon nombre de gros point positif qui rendent le divertissement réel et de qualité, la première étant le style d’animation qui est vraiment excellente. Le mélange entre la 2D et la 3D passe extrêmement bien, que ça soit le character design des personnages, l’introduction d’élément en 3D comme les véhicules lors de certaines séquences, la gestion de la lumière lors des scènes terrifiantes et surnaturel qui donne à cet animé américain un côté macabre particulièrement savoureux lorsque des événements surnaturels surviennent à l’écran. Un peu comme Coraline et L’étrange pouvoir de Norman des studios Laïka, on accepte qu’il y ait de l’horreur et du fantastique dés le départ mais Alex Hirsch et son équipe savent ou s’arrêter pour que les épisodes restent accessible à tout public sans pour autant virer dans l’infantilisation la plus désolante ou risible (un peu comme les mauvaises productions des studios d’animation Dreamworks ou My Little Pony).


En parlant du côté horrifique et surnaturel, Disney se permet à de nombreuses reprises de glisser des références à des classiques du genre que ça soit en légende urbaine ou cinématographique. Pour un exemple évident et bête comme bonjour, les titres de certains épisodes sont eux-mêmes des références comme à La petite boutique des horreurs ou La maison de cire, une des enquêtes du duo de jumeaux Mabel/Dipper fait référence au monstre du Loch-Ness et un autre a même une touche de Ghostbuster. Et certains épisodes héritent parfois d’une écriture bien mieux pensés qu’on ne l’aurait soupçonné, au-delà du passage de l’enfance à l’adolescence chez les deux jumeaux Pines.


Le plaisir de suivre ces enquêtes gagnent en force grâce à la panoplie de personnages qui mènent la barque pendant ces 20 premiers épisodes. Dipper et Mabel partant d’un caractère simple (le premier est un gamin coincé mais plutôt branché intellectuel, la seconde une jeune fille joyeuse et très porté sur les amours de vacances et les cochons mignon) mais gagnant puissamment en capital sympathie d’épisode en épisode, chacun ayant un bon développement. Mousse et Wendy sont tout deux très plaisant aussi, l’oncle Stan Ford est le meilleur oncle du monde et plusieurs secondes têtes restent en mémoire comme le vieux McCroquet ou Pacifica.


Finalement, seul le petit Gideon me laisse vraiment beaucoup de réserve et m’agace plus qu’il ne m’amuse. Même si, pour certains, ça peut être marrant de voir un bambin tout mignon avoir des plans machiavélique pour la ville, je suis loin d’être un de ses fanatiques


et ça n’a pas été plus mal de le laisser un peu plus sur le carreau pendant la saison suivante.


Mais d’une manière générale : lorsque la première saison se centre sur les mystères de Gravity Falls, ça fait bien le boulot et ça a même son lot de séquences hilarantes


(la rencontre avec les boys bands)


, même certains épisodes mineurs sont sympathique et fait avec un vrai amour du genre surnaturel/horreur. Je me souviens pas d’un mauvais épisode en particulier, juste de plusieurs d’entre eux qui m’ont paru assez mineur et moins maîtrisé pour une série vantée par beaucoup. Jusqu’au climax final ultra divertissant et même très créatif et drôle


(Gideon qui dirige un robot géant à son effigie, Dipper qui se la joue bad-ass pour lui défoncer sa sale petite belle gueule)


, et le cliffhanger de la saison 1 s’est révélée pleine de belles promesses pour la seconde moitié de la série. Sans oublier une sympathique bande-son tout au long de cette première (puis de la seconde) saison.


Et franchement, on est bien loin d’être déçu et la seconde saison justifie pleinement la mise en place un peu longuette de la saison 1. Dés le premier épisode, les bouchées doubles sont mises et on passe clairement au niveau supérieur en tout point. La saison 2 achève comme il faut les principales sous-intrigues en suspens de la première saison (


l’amour impossible de Dipper pour Wendy la casse-cou du Mystery Shack et la fausse incrédulité d’oncle Stan)


, les animateurs se lâchent dans les scènes macabres pour enfant (j’insiste, le macabre et le glauque pour enfant, ça existe) et les clins d’œil aussi drôle qu’astucieux et mis au service du petit monde de Gravity Falls. Le cinéma de Georges Romero en est un bon exemple, John Carpenter et son grand classique d’horreur The Thing y passe aussi, mais on peut aussi parler de tout un épisode pleinement et grossièrement relié aux jeux de société Donjons et dragons à tel point que ça en devient loufoque lorsqu’on le mélange à l’univers de la série.


Certains épisodes donnent même pas mal de relief à bon nombre de protagonistes plus secondaire et en touchant parfois à des thèmes assez mature :


comme l’isolement social par le vidéogaming lorsque Mousse doit apprendre à vivre une relation amoureuse, ou l’éducation au sein de certaines familles lorsque Pacifica Northwest doit faire appel à Dipper pour faire face à un fantôme hantant sa famille (quand tu élèves une môme avec une clochette, il y a très peu de chance pour que l’enfant en question ait eu une enfance heureuse.).


La série a même une relation homosexuelle très clairement supposé entre les deux flics de la ville, ça renforce davantage le cachet de Gravity Falls... et ça montre aussi que Le Monde de Dory, Zootopie ou le remake Live de La Belle et la Bête n’en sont pas aux premiers personnages ou couple homosexuel dans un film. Disney et l'homosexualité, ça n'a pas démarré qu'avec le débat de Elsa lesbienne ou pas, et ça ne serait pas regrettable de les voir s'ouvrir davantage.


Et surtout la série combine enfin avec brio pendant cette seconde saison tout ce qui intéresse le spectateur après avoir appris à s’attacher à Mabel et Dipper, l’oncle Stan, Mousse et Wendy : la quête d’identité des livres autour des mystères de Gravity Falls ainsi que les mystères en eux-mêmes, ce que manigance Stan Ford sous son musée et un complot que je ne prendrais pas la peine de divulguer ici pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui ont à finir la série.


Mais malgré l’avalanche de référence et clin d’œil aux icones du surnaturel, aux films ou séries, Gravity Falls ne le fait jamais juste par pure gratuité : la presque intégralité de tous sont mis au service de la série et de ses personnages. Que ça soit au niveau du divertissement pour les plus jeunes (et pas que), ou de la nostalgie pour ceux qui ont grandi avec ces icônes de la pop culture ou du cinéma.


Et du coup, Gravity Falls parvient à deux choses tout au long de cette seconde saison : nous donner de véritable enjeux jusqu’au grand final et même nous faire douter de certains personnages auxquels on s’était attaché.


Beaucoup ont déjà parlé de l’épisode fatidique ou on découvre à quoi servait le portail dimensionnel que Stan cachait dans son armoire, des doutes que pratiquement tout le monde a eu sur la sincérité du l’oncle de Dipper et Mabel et le fameux plan ou Mabel lâche le levier pour fermer le portail, ferme les yeux et lève les mains en l’air devant le portail acceptant de faire confiance aveuglément à un homme qui pourrait pourtant bien leur mentir (et qui aurait très bien pu le faire si on n’était pas dans une série animée Disney).


Mais l’épisode la plus plaisante est, subjectivement :


le grand final ou les habitants de Gravity Falls, les jumeaux Stan et faux jumeaux Diper et Mabel transforment le Mystery Shack pour combattre Bill Crypto le triangle d’une autre dimension avec un remix rock du générique de la série et en accumulant les péripéties plus poussées les unes que les autres. On mixe du Mad Max, du Walking Dead, du Armageddon, un univers tout rose et digne de My Little Pony : les amis c'est magiques à tel point que même Mabel reconnaîtra que ça pique les yeux (oui, je n’ai toujours pas digérer MLP depuis tout ce temps) et on reprend pratiquement la plupart des ficelles et élément fantastique/surnaturel de Gravity Falls installés pendant les précédents épisodes pour nous livrer un invraisemblable duel final What The Fuckesque contre l’armée de monstres bizarroïde de Bill Crypto qui continuera à les emmerder jusqu’aux derniers instants… juste majestueux.


L’investissement est là, les éléments précédemment installés servent intelligemment, et n’en oublie jamais de rendre davantage ses personnages identifiable pour le public, surtout la série arrive à boucler l'histoire de chacun des principaux protagonistes de manière satisfaisante.


Pour une première série Disney, j’en ressors avec un très grand nombre de bon moment et l’impression d’avoir vu une série qui pouvait aussi bien s’adresser aux plus jeunes pour ses personnages qu’aux fans plus âgés pour ses références et son humour terriblement efficace finalement, sa superbe animation, une chouette musique et une très bonne histoire. Je ne sais pas si je retrouverais autant d’exaltation devant La bande à Picsou, Myster Mask ou Kim Possible mais si il y a d’autres dessin animés Disney fait avec de l’âme et du plaisir comme là : je me resservirais avec gourmandise.

Créée

le 21 mars 2017

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