Spotless
6.6
Spotless

Série Canal+ (2015)

La dernière création originale de Canal+ est une production franco-britannique plutôt originale avec ses têtes d’affiches, Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y.) et Denis Ménochet en frangins dépareillés. Le premier s’appelle Jean, le second Martin, et c’est tout juste s’ils ne se promènent pas la baguette à la main (mais ils nous infligent du Charles Trenet dans la BO du premier épisode, ce qui n’est pas beaucoup moins ridicule). Jean est un père de famille type beau gosse mystérieux, à peine traumatisé par les scènes de crime qu’il passe sa vie à récurer. L’air perpétuellement revenu de tout, il arrose d’un même regard en lame de rasoir sa femme qui ne l’intéresse plus trop, sa copine sexy, les viscères qui collent au mur et les gros ennuis qui lui tombent dessus quand ressurgit Martin dans sa vie. Dans son van, le vilain canard de la fratrie amène un congélateur. Dans le congélo, une morte. Dans la morte, des ballotins d’héroïne. «Dis, Jean, toi qui t’y connais en cadavres, tu m’aides à la dépiauter ?»

L’intrigue qui se déroule ensuite n’est pas sans rappeler quelques ressorts de Breaking Bad dans le personnage de Jean, l’honnête homme qui se découvre un sens moral plus fragile qu’il ne le pensait. Sa femme est malheureusement sous-exploitée, tenue à l’écart des secrets, subissant les dérives de Jean mais sans jamais effleurer l’idée d’une rébellion. Les deux enfants valent le détour, en revanche, chacun avec sa façon très personnelle de réagir à l’éclatement familial. Mais c’est Denis Ménochet qui se révèle à la longue le plus attachant, jouant ce grand bêta de Martin qui gagne en humanité pendant que son frère devient froid et détaché.

Spotless n’a pas le rythme d’une série américaine, ah ça non. Parfois, on le déplore. Souvent, on s’en félicite plutôt, car l’histoire épaissit lentement et sûrement… Et c’est à petites doses qu’il faut s’infliger les scènes de violence crue, les meurtres gratuits, le sang qui coule des lèvres après un règlement de comptes au bar et les gros plans sur les rivières de sang.

Les fans de Dexter comprendront vite que c’est d’abord à eux que Spotless s’adresse, et ce dès le magnifique générique qui fait danser les fluides sur une chanson originale de Timber Timbre. L’eau, la fumée, l’encre, les lumières nocturnes de Londres… Mais d’abord et surtout le sang, le sang, le sang.
khomille
7
Écrit par

Créée

le 16 mars 2015

Critique lue 1.4K fois

6 j'aime

2 commentaires

khomille

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

6
2

D'autres avis sur Spotless

Spotless
khomille
7

Frères de sang

La dernière création originale de Canal+ est une production franco-britannique plutôt originale avec ses têtes d’affiches, Marc-André Grondin (C.R.A.Z.Y.) et Denis Ménochet en frangins dépareillés...

le 16 mars 2015

6 j'aime

2

Spotless
the_stone
8

Sombre et drôle à la fois

Spotless est une Création originale CANAL+ qui porte bien son nom. En effet, le sujet et l’univers de cette série sont inédits, et c’est ce qui en fait l’intérêt. Le personnage principal a un métier...

le 23 juin 2020

5 j'aime

4

Spotless
Scarlett_O
9

Décalée a souhait !

série décalée a l'humour noir qui contrairement aux séries américaines qui ont toujours l'air de se passer ailleur... Spotless est ancré dans notre réalité, notre quotidien de par sa réalisation, ses...

le 4 sept. 2015

2 j'aime

Du même critique

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?
khomille
3

Critique de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? par khomille

Affligeant de padrolitude, le film brasse les clichés racistes à la pelle pour nous montrer qu'au fond, on est tous pareil et il faut s'aimer les uns les autres. Soit. Problème majeur n°1 : aucun...

le 19 mai 2014

30 j'aime

1

Twilight : Chapitre 3 - Hésitation
khomille
2

« Twilight », mormone plaine

Pas un an ne s'est écoulé avant qu'ils n'envahissent à nouveau les affiches 4x3. Figés dans leur masque de cire, l'héroïne Bella et ses prétendants apportent au public adolescent la nouvelle tant...

le 17 mars 2011

28 j'aime

Hunger Games : La Révolte, partie 1
khomille
7

Sabotage de raison

Couper le dernier tome en deux films est devenu une manie dans les adaptations de romans adolescents à succès. Comme Harry Potter, comme Twilight, comme Divergente,Hunger Games voit donc son finale...

le 19 nov. 2014

27 j'aime

6