Star Trek: Enterprise, diffusée sur UPN en 2001, c’est un peu comme si la franchise Star Trek avait décidé de revenir aux sources en oubliant quelques manuels d’instruction et en embarquant dans un vaisseau qui, pour une fois, ne ressemble pas à une machine de guerre super sophistiquée. Ici, on suit l’équipage du tout premier vaisseau Starfleet capable d’aller explorer l’espace profond, le bon vieux NX-01, dirigé par le capitaine Jonathan Archer, un type bien avec le charisme d’un explorateur des temps modernes et la naïveté rafraîchissante d’un gamin découvrant l’univers pour la première fois.
Ce qui fait de Enterprise un Star Trek un peu spécial, c’est son côté "roots". On n’est pas encore au niveau des super technologies des autres séries : pas de téléporteur fiable (en gros, ça marche un coup sur deux), pas de super ordinateurs pour répondre à toutes les questions, et des uniformes qui ressemblent plus à des combinaisons de mécanicien de la NASA qu’à des tenues de commandement intergalactique. C’est Star Trek à la dure, avec des voyages de longue haleine où chaque petit pas dans l’espace est un exploit et où l’équipage doit gérer des ennuis techniques au quotidien, comme s’il tentait de maintenir en état un camping-car dans l’espace.
Archer, notre capitaine, est un homme de bonne volonté mais souvent un peu perdu dans cet univers où les Vulcains, les Andoriens, et les Klingons traînent déjà dans les parages avec leurs propres agendas. Il se lance dans les rencontres extraterrestres avec un enthousiasme touchant mais aussi une maladresse très humaine, ce qui fait de lui un capitaine qui, disons-le, fait de son mieux. Il est entouré de T’Pol, la Vulcaine qui essaie désespérément de garder son calme face aux décisions impulsives de l’équipage, et de Trip, l’ingénieur texan qui semble être en mission pour prouver que même en mode "cow-boy de l’espace", on peut sauver un vaisseau à coups de clés anglaises (ou presque).
L’esthétique d’Enterprise est un retour au rétro-futurisme, avec des technologies qui, paradoxalement, paraissent plus archaïques que celles des séries chronologiquement postérieures. Les ponts du NX-01 ressemblent à une salle de contrôle de la NASA dans les années 60, avec des boutons, des écrans clignotants, et des espaces où le confort est plus une idée qu’une réalité. Ce retour aux bases donne à la série un charme particulier, celui d’un équipage qui découvre et tatonne dans l’espace sans l’assurance tranquille des capitaines Kirk ou Picard.
Chaque épisode est une aventure où l’équipage rencontre une nouvelle civilisation, explore une planète étrange ou se retrouve piégé dans un phénomène spatial incompréhensible (oui, l’espace est toujours aussi chaotique). On retrouve les grands thèmes de Star Trek : exploration, diplomatie, et un brin de naïveté face à des races extraterrestres qui, soyons honnêtes, ont parfois des années-lumière d’avance en matière de cynisme et de technologie. Les relations diplomatiques de l’équipage ressemblent souvent à des négociations de camping sauvage, où Archer doit improviser avec plus de bonne foi que de savoir-faire.
Mais la série souffre parfois de sa lenteur et d’une intrigue qui avance au ralenti. L’histoire de l’intrigue de la "Guerre Froide Temporelle" par exemple, qui se veut un fil rouge, est aussi compliquée que mystérieuse et parfois un peu tirée par les cheveux. On a l’impression que même les scénaristes ne savaient pas toujours où ils allaient avec ce concept. Mais malgré ces longueurs, Enterprise parvient à garder un côté attachant grâce à son approche plus "humaine" et ses personnages qui découvrent l’inconnu sans le bagage technologique des autres générations de Starfleet.
La série réussit aussi à donner plus de place à la camaraderie entre les membres de l’équipage, ce qui apporte des moments plus chaleureux et personnels. Les liens entre Archer, Trip, et T’Pol, par exemple, ajoutent une touche de vulnérabilité à l’équipage, car ils ne sont pas encore les explorateurs aguerris des générations futures. On les voit grandir, apprendre, et se tromper, ce qui rend leurs aventures dans l’espace plus terre-à-terre, voire plus "camping-car de l’espace" que croiseur de luxe interstellaire.
En résumé, Star Trek: Enterprise est une série qui prend le risque de redescendre d’un cran en sophistication pour offrir une version "premiers pas" de la conquête de l’espace. C’est un voyage dans un vaisseau qui grince, avec des explorateurs encore verts mais pleins d’espoir, qui se lancent dans l’inconnu avec plus d’audace que de préparation. Si vous aimez l’idée de voir Starfleet faire ses gammes, tenter des négociations diplomatiques façon scout, et improviser des réparations de fortune, alors Enterprise a tout pour plaire. Ce n’est peut-être pas le Star Trek le plus technologique, mais c’est celui où l’espace ressemble vraiment à la dernière frontière, pleine d’incertitudes, de dangers, et d’émerveillement.