Starsky & Hutch, c'est une série des années 80 assez étonnante; je m'attendais à quelque chose d'un peu niais, surtout vu la façon dont Todd Phillips à adapté le film au cinéma. En fait chaque épisode est écrit comme un vrai film policier. L'intrigue y est souvent solide; bien sûr, on sent que ça reste une série et que les meilleurs scénaristes du moment ne s'y sont pas attelés, mais au moins, ça a permis à de jeunes auteurs tel que Michael Mann de s'y faire leurs dents. En fait, par moment, on a l'impression de regarder un film à la 'dirty harry' ou autre culte de l'époque.
Pour l'instant je n'ai osé regarder que la première saison, mais il faut l'admettre, les 2-3 derniers épisodes sont déjà de moindre qualités; on y retrouve un peu plus d'incohérences, et l'humour potache commence à dépasser le sordide des enquêtes. Car de l'humour il y en a; d'ailleurs je préfère la subtilité qui y est associée dans la VO plutôt que le côté frenchouillard de la VF (avec des voix grotesques à souhait...). Donc si vous voulez vraiment vous imprégner de l'aura Starsky& Hutch et comprendre son attrait, une seule solution, la VO. Le thème du générique annonce d'ailleurs la couleur. Et Huggy en VO permet de justifier le choix de Snoop Dogg dans le remake/adaptation.
Chaque épisode est, comme je l'ai dit, construit comme un film policier. Chaque épisode a un début et une fin. Le seul fil conducteur entre les épisodes consiste donc en les personnages, rien de plus. C'est peut-être ce qui rend la série difficile à regarder. Car se taper 23 enquêtes policières en quelques jours c'est pas simple. Pour ma part, en tous cas, je préfère varier les genres. Puis il arrive que je veuille regarder un film policier, dans ce cas, regarder en plus des épisodes de S&H se révèle compliqué. On va dire que c'est donc le second défaut que je trouve à la série en plus de sa dégradation progressionnelle.
Ce qui est assez bluffant, c'est la critique de la société qui est dépeinte tout au long de la série. Alors qu'il s'agissait d'un show qu'on pouvait regarder en famille, les scénaristes n'hésitent pas à montrer une amérique déchue, désemparée. The american dream is over. Les seconds rôles sont tous des fous, des pauvres, des bêgues, des handicapés, des prostituées, des drogués, des criminels... rien ne va plus, la misère est étalée au grand jour, un peu comme dans Macadam Cow Boy. Triste constat d'une Amérique au bout du rouleau.
Plus particulièrement, j'ai aimé l'épisode où des criminels retiennent Hutch toute une journée pour le droguer et... le rendre accro à l'héro. Car c'est sans détour qu'on assiste au cruel processue. Un épisode noir parmis d'autres dans les 10 premiers épisodes. Le pilote quant à lui est assez surprenant. Très bien réalisé, mais l'histoire nous présente S&H déjà comme des héros pris en chasse par des ennemis; cette thématique arrive bien trop tôt; il aurait été plus judicieux de connaître d'abord ces super flics pour pouvoir vraiment avoir peur lorsqu'ils sont pris en chasse.
Autre phénomène de la série, ce sont les moyens qui ont été mis en oeuvre. La production ne lésine pas sur les cascades incroyables souvent réalisées par les acteurs même (chose rare aujourd'hui); ainsi on a dans chaque récit, sa dose de Starsky qui saute dans tous les sens (même dans les escaliers), de poursuites infernales (avec la mythique voiture de Starsky amis aussi celle de Hutch qu'on a tendance à oublier...), de fusillades bluffantes (l'époque où les flics pouvaient tirer en pleine rue sans que ça paraisse stupide), ...
Enfin le duo d'acteurs fonctionne hyper bien. Le créateur se vante souvent qu'il est parmi les premiers à avoir créé un couple de flics à tendance homo. Bien sûr, les héros couchent avec des nanas, mais elles ne sont que de passage et sont différentes à chaque fois. Tandis que leur amitié virile, elle est profonde, sincère et durable. C'est dans l'épisode où Starsky est sur le point de mourir que c'est le plus flagrant: on y voit les deux acolytes se serrer plus fort encore que Richard Burton et Elisabeth Taylor aient pu le faire dans leurs carrières. Les seconds rôles sont aussi excellents, à part l'une ou l'autre demoiselle choisie plus pour sa plastique que son talent. D'ailleurs, et je terminerai avec ceci, la production se fait un point d'honneur de présenter au moins une véritable bombe par épisode! La série se révèle donc être une véritable cage aux fantasmes les plus fous: tantôt elle est infirmière, puis policière, puis prostituée, puis trip teaseuse, dealeuse, citoyenne, victime, .... tout y passe.
Bref, une série assez remarquable, du moins pour la première saison (quand je lis le pitch des prochains épisodes, je ne peux m'empêcher de croire que le déclin ne fera que continuer), et qui mériterait une seconde chance (en VO). C'étazit une époque où finalement la qualité primait sur les effets de style, et ça fait du bien de regarder ça dans le climat de séries actuel.