Un élève peu doué
Warning, spoil spoil spoil, jusqu’au dernier épisode. à ne lire que si vous n’avez pas vu la série, ou si vous n’en avez rien à foutre (mais alors, pourquoi lire ça ) J’ai un problème avec Stranger...
le 26 juil. 2016
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Warning, spoil spoil spoil, jusqu’au dernier épisode. à ne lire que si vous n’avez pas vu la série, ou si vous n’en avez rien à foutre (mais alors, pourquoi lire ça )
J’ai un problème avec Stranger Things. Ou peut être plutôt avec la façon dont mes amis cinéphiles et certains critiques en parlent.
Parce que d’un côté, oui, j’ai bouffé ces 8 épisodes comme des pankakes.
C’est beau, le casting est génial, le script bien ficelé réussit à raconter une histoire humaine au milieu de son torrent de références, ce qui n’est pas simple.
Et je comprend bien qu’un public nostalgique plonge la tête la première dans ces aventures qui renouent avec une excitation et une simplicité dans le traitement des personnages et du fantastique.
Un grand bol d’air frais dont je serais le premier à faire l’apologie si toute la critique n’était pas déjà en train de le faire.
Mais (il y a forcément un « mais avec la façon dont je débute ce texte ) j’ai un sérieux problème avec la mise en scene et le montage.
Et le problème … C’est qu’il n’y en a pas, de mise en scène.
Et pour une oeuvre qui se réfère à de (trop) nombreux classiques du genre, j’ai l’impression que les frères Duffer n’en ont compris aucun.
Spielberg et Carpenter, pour prendre les deux influences les plus évidentes, sont des artistes du plan large, du rythme, et de la respiration. Des cinéastes qui ont marqué le cinéma pour leur utilisation perfectionniste du cadre, et la façon dont ils utilisent la composition et les longs plans pour créer de la vie, de l’interaction entre les personnages et nous faire peur avec ce qui se cache en DEHORS de l’image.
C’est avec cette simple observation, et la maestria avec laquelle ils la mettront à profit, que Spielberg réalisera un film de requins qui traumatisa la planète entière en ne montrant quasiment l’animal.
C’est parce qu’il filme la quasi totalité de Jaws en longs plans séquences discrets, que la tension monte comme une folle dès que le montage s’exite (cf la scene de la plage).
C’est parce qu’il filme longuement l’entrée dans le vaisseau de « rencontres du 3eme type » que l’ambiance s’instale, pénètre le spectateur, nous laisse prendre conscience de l’ampleur des évènements.
C’est grâce à un seul travelling et deux rats morts dans la cale d’un bateau qu’il nous fait comprendre la puissance du pouvoir de l’arche perdue.
C’est parce que Carpenter ne filme jamais réellement le monde parrallèle de « Prince of Darkness « que la poingné de plans flous sur des bras sont réellement traumatisants. C’est parce qu’il nous fait comprendre en plans larges pendant près d’une heure l’architecture du lieu de l’action que nous pouvons trembler pour les personnages et penser en même temps qu’eux quand ils sont en état de siège.
C’est parce qu’on peut diriger notre oeil à loisir entre les personnages de The Thing que la paranoïa monte en nous au fur et à mesure que la narration avance, nous faisant douter en plein visionnage de si on regarde au bon endroit, de si on a raté quelque chose …
Stranger Things est pour moi représentatif de la perte du language cinématographique contemporain. Chaque scene, qu’elle soit drôle, dramatique, effrayante, excitante ou mystérieuse est filmée de la même façon. Un gros plan sur celui qui parle. Un insert sur le truc qu’on doit regarder. Un plan large de 3 secondes et demie pour montrer où on est. Point barre.
Que le sujet de la scène soit deux ados qui se roulent des pelles, des enfants poursuivis par l’armée, un monstre qui attaque une ado ou une gamine qui meurt d’une leucémie, TOUT EST FILMÉ PAREIL. illustratif, basique, « télévisuel » comme on disait quand le cinéma voulait encore dire un peu quelque chose.
Comparez l’entrée du flic et de la mère dans l’autre monde pour le « grand climax » final. Bim, on rentre dans la pièce, on n’hésite pas une demie seconde avant de s’engoufrer dans un vagin géant interdimentionnel sans un seul jeu de regard entre les persos, sans le temps de prendre conscience de l’ampleur de ce qui est en train d’arriver …
A comparer avec mon exemple de Richard Dreyfuss qui rentre dans le vaisseau de « Rencontres », ou, pour prendre une scène encore plus proche scénaristiquement ce loooong plan de Ripley qui descend en ascenseur pour aller chercher Newt dans l’Aliens de Cameron.
Autre exemple, la première démonstration des pouvoirs d’11 devant les gamins, quand elle leur claque la porte au nez. Clac. Porte fermée, air surpris, fin. Aucune montée de pression, aucun sentiment que « quelque chose ne va pas ». De l’illustration, basique. un peu triste …
la poursuite entre les bad guys et les enfants dans l’école à la fin aurait pu faire naître du suspense si les metteurs en scene avaient profité des nombreuses scenes précédents dans ce même lieu pour me présenter où se situe telle ou telle piece par rapport à l’autre. Mais là, bon beh, y sont dans le gymnase, pis y sont dans des couloirs, pis dans une salle de classe … Qui a, pris de l’avance sur qui? Où se cache potentiellement la bête ? J’en ai pas la moindre idée parce qu’on ne me le montre jamais. les évènements se succèdent sous mes yeux sans que mon cerveau ne soit jamais sollicité.
Triste aussi, alors qu’un des personnages décrit lui même l’utilisation génialissime de latex et de chewing-gum dans les effets spéciaux de The Thing, de nous présenter un monstre de synthèse avec la même bouche dépliante qu’à peu près tous les monstres depuis Blade 2. Hey, les gars, moi aussi j’ai surkiffé les reapers dans Blade 2, mais à la 50eme déclinaison revue dans un autre film, je suis un peu moins surpris, si vous voyez ce que je veux dire …
Et qu’on ne s’y trompe pas, j’ai vraiment passé un très très bon moment devant Stranger Things. Mais sacrer ses réalisateurs comme je peux le voir ces derniers jours, c’est clairement mélanger le Big Mac avec la grande cuisine. C’est sympa, un peu excitant, effrayant mais pas « trop ». Un très très bon produit.
Spéciale dédicace aux « critiques », donc, qui mordent à l’ameçon du discours promo qui fait citer Spielberg des qu’on filme trois gamins en vélo dans les 80’s, alors qu’en plus, les références vont tout autant chercher dans Twilight Zone, Stephen King, John Hugues, Otomo …
Mais pour ça, il faudrait faire l’effort de réfléchir trois secondes avant de copier-coller les dossiers de presse.
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le 26 juil. 2016
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