Street fighter II : Low Cost

Je ne suis pas une fan absolue de Street fighter. Mais j'ai tellement joué enfant à SSF2 Turbo que j'ai regardé quelques adaptations. Animation, prises de vue réelles, etc. Il y a du bon (le film d'animation de 1994), du moins bon et les V.
Le film avec Jean-Claude V et Street fighter 2 V.

L'Habillage

• Doublage : Les textes sont navrants. Les personnages essaient de sortir des punchlines, qui retombent comme des soufflets. Les voix françaises rendent les situations et les dialogues encore plus idiots, car elles ne prennent pas l'histoire au sérieux (voir la différence avec la VO !). Certains mouvements de bouche ne sont pas doublés en français, remplacés par un silence. Tous les personnages sont issus de différents pays mais seuls certains ont droit à leur accent cliché digne de Michel Leeb.




• L'animation : Les dessins sont potables. Sauf certains plans moins travailles où les visages sont laids ou déformés. Les décors assurent le strict minimum. Les effets de lumière sont dangereusement épileptiques. L'animation est minimaliste, même dans les combats. Ils manquent de rythme, ce qui est paradoxal pour l'adaptation d'un jeu de combat.




• Musique : Anecdotique. Certains thèmes se résument à quelques notes de musique qui tournent en boucle. Même pas d'allusion à la musique des jeux vidéos.

Contenu

• la construction narrative : Street fighter est à la base un jeu de combat. Le fond est donc plutôt léger. La série ne prendra pas trop de risque : on suit Ryu et Ken qui voyagent dans le monde entier et qui affrontent tous les combattants qu'ils croisent. Car, comme "par hasard", ils en croisent partout. A part combattre, ils rencontrent des gens... Il ne se passe pas grand chose de passionnant jusqu'à l'entrée en scène de M. Bison et de l'apprentissage du Hado. Le ton change même radicalement à ce moment-là, plus grave.


• Les clichés : je ne vais pas les citer. C'est plus amusant de dresser une checklist !


• L'absurdité : les gardiens de prison ne réagissent pas à l'agression d'un des leurs. Fei Long est considéré comme une star alors qu'il n'a même pas eu son premier grand rôle. Guile fait San Francisco-Barcelone en une nuit. Dorai est à la fois policier et maître de dojo à Hong Kong, et enquêteur à Interpol.


• le message: Les deux héros ne sont pas des exemples à suivre et ne représentent pas vraiment les valeurs du héros de shonen classique. Catégorie à laquelle pourtant SF2:V semble appartenir. Ken et Ryu passent leur temps à commettre des délits et ne sont jamais punis. A savoir de la provocation gratuite suivie d'une bagarre et dégradation de biens, de la vengeance personnelle, de vol, et d'accident volontaire !

Le rythme

La grosse catastrophe de cette série. Histoire de faire le maximum d'épisodes avec un contenu limité, les créateurs vont utiliser de nombreux stratagèmes pour gagner du temps. Et faire une série de 29 Épisodes alors qu'elle aurait dû en comporter la moitié.
- la réutilisation de plan : Si la méthode est légion en japanimation, ici c'est honteux et insupportable. La série est truffée de flashback ou de répétitions, on se croirait dans une publicité Juvamine.
Pour couronner le tout, ils osent un demi-épisode résumé (si !). En fait, c'est une série écolo tellement elle recycle.
- Les plans fixes : nombreux, longs, avec ou sans travelling, ou un petit élément qui bouge. Cinq minutes passées juste composées d'images inanimées.
Le pire est la scène du balcon avec Cammy et Dorai, qui combine les deux défauts (épisodes 18 et 19).

Fidélité à l'oeuvre originale :
Si cette série se passe avant le jeu, cela pourrait expliquer les décalages par rapport à la saga vidéo-ludique.
- Chara design : liberté totale par rapport aux jeux vidéos. Certains sont à peu près fidèles, d'autres non : Fei Long, Chun Li, Sagat. Nash est le pire, mais vu que le jeu était en cours de développement pendant la production de la série, cela peut s'expliquer.
- Caractère : Ryu est un petit rigolo qui adore manger. Chun Li se bat rarement, jouant la demoiselle en détresse. Sagat est un gentil. Zangief est un méchant. Cammy verse dans le religieux. Balrog est un intriguant intelligent. Les autres personnes correspondent à l'idée qu'on pourrait s'en faire. Il ne faut cependant pas chercher de travail sur la psychologie des personnages, même si Ken et Ryu évoluent un peu en seconde partie.
- Au fait, il se la joue Stan Lee, Akuma ?
- les techniques de combat : cela va de : "super, il a fait le shoryuken" et le "bon, il vient ce hadoken, ça doit faire trois heures qu'il brasse de l'air !". Blague à part, on voit quelques techniques du jeu, c'est même un des rares moments de réjouissance de l'ensemble.

En conclusion

Jamais un épisode de 25 minutes ne m'a paru aussi long, si pénible. Tout ça multiplié par 29... Cette série est partisane du moindre effort. Tout est à l'économie. Il n'y a pas d'âme, pas d'idée, pas d'intention artistique. Juste une occasion de faire affaire sur la licence Street Fighter. Ne perdez pas votre temps, il y a tellement d'autres choses à voir, de meilleure qualité.