On est souvent surpris par le quotidien des autres, pour peu qu’on y soit confronté. On est souvent témoin ici ou là de discussions surréalistes, d’attitudes impensables, de prises de positions choquantes, amusantes, délirantes…La société fourmille de situations dont l’apparente banalité - pour peu qu’on prenne la peine de s’y arrêter - dissimule maladroitement des trésors de cocasserie, de bêtise, de tendresse, de révolte, de philosophie, de mélancolie, de désespoir…bref, de profonde humanité.
Dans une époque qui produit du sensationnel à l’envi, en repoussant toujours plus loin les limites du racolage et du tonitruant, une émission se contente de nous présenter des gens plus ou moins ordinaires dans leur quotidien extraordinaire. Espionnés patiemment, au fil des jours, une caméra dans un coin, vite oubliée, des gens se livrent, tels qu’ils sont, c’est à dire souvent touchants, parfois répugnants, drôles, abrutis, vulgaires, ridicules, méchants, intéressants, tristes, inquiétants, troublants, enthousiasmants…et dans tous les cas tout à fait fascinants, car nus face à l’objectif insidieux. Chacun dans son genre et pour des raisons différentes, mais on reste forcément bouche bée devant ces tranches de vie prises sur le fait un point c’est tout. La règle du jeu est elle aussi extrêmement simple : absence totale de commentaire de la part des réalisateurs. On filme, on monte et on montre. C’est tout. Et c’est énorme.
C’est en 1985 que deux journalistes belges lassés des formules du type Envoyé Spécial, décident de créer ce nouveau style de présentation de reportages. L’idée c’est de laisser le spectateur libre d’interpréter seul (ou en famille) un documentaire pris dans la réalité et livré monté .That’s all.
Nu intégral. Pas d’intro, pas de conclusion et no comment. C’est ça qui est génial.
Et la force de certains mots, de certaines images, parfois terribles, affligeants ou révoltants, émouvants ou tordants, sont à chaque fois cautérisés par la petite pointe d’humour belge qui habite le petit dessin animé saccadé qui sépare les épisodes, la voix off féminine qui dit avec détachement des poèmes originaux et l’entêtante musique de fanfare lente du Combo Belge.
L’ensemble a une gueule terrible, une patte formidable : avec environ 800 épisodes au compteur dont un gros paquet de classiques, Strip Tease a atteint le statut d’émission-culte dans le cœur de nombreux franco-belges de 7 à 77 ans.
Souriez, vous êtes filmés !