Trois ans après sa naissance, le kryptonien à droit à sa première transposition à l'écran via un cartoon de la Paramount sous la direction de Dave Fleischer, le spécialiste des cartoons d'antan. Le format typique d'un épisode reste toujours le même, à savoir une menace pour l'humanité (même si c’est souvent pour les USA), Loïs Lane qui se retrouve en danger, et Clark Kent qui change de costume pour aller distribuer des bourre-pifs et faire une démonstration de sa force et sa résistance hors-norme, avec un dernier échange pour arracher un sourire en guise de conclusion.
Le format très court des épisodes laisse la part belle à l'action sauf exception (The Mummy Strike et son exposé assez long). Malgré peu d'épisodes, c’est deux studios différents qui sont crédités en tant que producteur, la série passant de la houlette de Max Fleischer à celle de Famous Productions. Et le changement se fait bien ressentir. Si la première moitié des aventures confrontent Superman à divers criminels ingénieux et/ou monstres de la nature, l'autre moitié puise dans l'actualité d'époque (on est en pleine WW2) pour faire de l'homme d'acier un symbole de la toute-puissance américaine, le héros intervenant dans le conflit à plusieurs reprises via destructions de matériels (Eleventh Hour et ses probables morts collatérales) quand il ne sauve pas l'Amérique du péril nazi et japonais (Japoteurs avec sa une de journal à propos d'une gigantesque bombe, faisant tragiquement écho à ce qui se passera quelques années plus tard). Une couleur politique dont le kryptonien se serait probablement bien passé.
Reste des épisodes sympathiques rendant divers hommages à la production cinématographique d'époque, comme Terror on the Midway et son hommage même pas caché à King Kong ou The Mummy Strike en référence au film avec Boris Karloff, et dont l'atmosphère aussi mystérieuse qu'horrifique ne sera pas sans rappeler plus tard les productions du genre de la Hammer.
D'un point de vue animation, les détails sont aussi impressionnants que les mouvements sont lents, donnant l'impression de voir l'action au ralenti. Les personnages bénéficient d'une souplesse étonnante, au point de se tordre parfois dans des positions improbables (le même soucis se posant sur certains décors, cf l'immeuble du premier épisode qui plie mais ne rompt pas). Et le Technicolor d'époque fait des merveilles.
On était probablement dans le top niveau en terme de qualité d'époque, mais les années commencent à peser. Mais cette vieillerie se laisse regarder non sans plaisir, et c'est dispo gratuitement via l'Internet Archive.