Il y a un avant et un après The Wire, à tous les niveaux. D'une part pour la réalisation de polars, séries et films confondus, et d'autre part d'un point de vue personnel, plus rien ne sera plus jamais comme avant.
Jamais une série ne sera allé si loin dans le réalisme tout en happant les spectateurs sur son passage, c'est grandiose. L'histoire est simple, il n'y en a pas vraiment.. des flics et des dealers, oui, des politiciens, des junkies, des dockers, des pasteurs, des enfants, des journalistes, des instit', des sans abris, et surtout le personnage principal de cette grande saga, la ville de Baltimore elle même, centre de gravité de toute cette population qui essaie juste de s'en sortir, par un moyen ou par un autre.
Plus rien ne sera jamais comme avant, vous en sortirez secoué, ébloui, fatigué, écoeuré, émerveillé.. l'impression d'être un personnage invisible et impuissant de ce tourbillon.
Aucun acteur ne ressemble à un acteur, ce sont juste des gens qui vivent leurs vies, vous ne jugerez pas et vous ne prendrez jamais parti car on comprends très vite qu'il n'y ni noir ni blanc.. tout est gris. Un gris dégueulasse qui pue la vermine, le dégueuli de whisky devant un pub de flics, le dégueuli de toxico qui prend une dose trop coupée dans une cave d'un hlm abandonné, le dégueuli d'un docker presque sans emploi qui subit la désindustrialisation de sa ville et dépense ses derniers cents dans de l'alcool bon marché, pourvu que ça soit fort. Ouais, ça dégueule pas mal, et au final il n'y a pas vraiment d'espoir, mais bon sang, jamais vous ne verrez ça ailleurs. Tout est parfait.