In Baltimore, the Gods will not save us
Je viens tout juste de terminer The Wire. Cinq saisons, soixante heures, avalées en une semaine. Je rejoins donc maintenant le club des gens qui ont vu "la meilleure série de tous les temps". C'est évident.
Ce n'est pas que la série soit exempte de défauts. Il y en a, peu, mais il y en a. La fin est prévisible (mais ces trente dernières minutes m'ont fait chialé ma race). La saison 4 manque de rythme (mais reste la plus poignante de toutes). La saison 2 est foutrement isolée du reste. On peut trouver quelques oublis ici et là. Marlo Stanfield, tout terrifiant psychopathe sanguinaire qu'il est n'arrive pas à la cheville du Barksdale Crew. le coup du serial killer est peut-être un peu trop gros.
Mais à ce stade, on se branle bien des petits détails qui rendent la série perfectible puisque je prévoyais déjà de hacker Sens Critique pour lui foutre 11. Réalisation, musique, acteurs, écriture, timing, décors, réalisme, humour... Tout dans The Wire frôle par la perfection. Par le talent bien sur, mais aussi par le travail. En s'inspirant de leurs travaux, David Simon, ex-reporter au Baltimore Sun, et Ed Burns, ex-inspecteur à la crim de la même ville, les deux créateurs ont tout fait pour rendre la série la plus réaliste possible. Jusqu'à aller chercher d'anciens criminels pour jouer quasiment leur propre rôle (Snoop, le prêtre...). Ou en s'inspirant de véritables figures du crime ou de la politique de la ville.
Baltimore est le personnage principal de cette tragédie grecque, son décor et son âme. Une ville américaine comme toutes les autres, sauf qu'ici la population est majoritairement noire, le crime beaucoup plus fréquent, le pognon beaucoup plus sale et les démocrates toujours à la mairie. Les personnages (une centaine) vont et reviennent, mais la ville reste la même. The Wire n'est ni une série policière, ni une série sur l'école, ni une série sur le crime, ni une série législative, ni une série politique, ni une série sur la drogue, ni une série sur le port de Baltimore... Une série sociologique avec des flics et des dealers, des politiciens et des blanchisseurs, des indics et des reporters, des professeurs et des caméras de surveillance, des utopistes et des connards... Sans manichéisme, sans complaisance. Une épopée que toute ville rêve d'avoir avec un survol de toutes les communautés, toutes les classes, du citoyen le plus haut placé au SDF le plus ignoré.
J'aurai aimé que la série ne s'arrête jamais. Prêt à découvrir les pompiers, le service de santé, les putes, l'aéroport, les chemins de fer, les égouts, l'université ou même les champs de blé aux abords de Baltimore. Pour suivre Sydnor sur les traces de Freamon et McNulty, Carver sur celles de Daniels, Herc sur celle de Levy, Michael devenant le nouveau Omar , Bubs se trouvant un remplaçant comme Dukie, Marlo réalisant le rêve de Stringer Bell, Kenard en kingpin,..
I'm a free born man in the USA