Cher Darren,
Je ne t'aime pas, je t'ai jamais aimé. Tu es prétentieux, égocentrique, m'as-tu-vu, moralisateur... Tu utilises des trucs archaïques pour faire des effets foireux. Tu embauches encore ce tâcheron de Clint Mansell alors qu'il est plus qu'évident pour tout le monde que ce type est un branleur. Tu te regardes filmer en te masturbant devant ton génie. Bref, tu m'agaces. Vraiment beaucoup.
Parce que ton film est bourré de défauts, il y a des scènes trop évidentes, des seconds rôles transparents, des effets merdiques, des répétitions étouffantes. Ta scène lesbienne est ridicule. L'analogie avec le Lac des Cygnes n'est pas franchement original et le sujet (la folie) ne m'a jamais vraiment intéressé au cinéma. Ta filmographie passe d'ailleurs son temps à me prouver que tu n'es qu'un gosse de plus avec une caméra qui veut dire des choses au spectateur au lieu de lui montrer. Mais, Darren, espèce de petit enculé vicelard, ton film est grand.
Tu as pris ton temps mais t'as trouvé ton style. La mise en scène est oppressante et les plans serrés géniaux. Voir la caméra danser au plus près des danseuses pendant les répétitions a provoqué en moi des désirs inavouables de tutus et de chaussons de danse. Et puis surtout, surtout, ta manière de filmer les corps est admirable. Et je pèse mes mots. Le corps tout entier de Natalie Portman semble dédié à la danse, tout comme sa destruction, bien plus discrète que dans The Wrestler. Toutes les mutilations sont choquantes, le sang est poisseux, ça pue, ça suinte, c'est tout simplement dégueulasse. J'en frissonne encore. Encore plus que la transformation (magnifique) en cygne noir, c'est cette violence physique, sans effets fantastiques, qui génère tout le malaise du film.
Au final, je me fous que ce soit un film sur la folie (je ne suis même pas sûr qu'elle soit folle) et je me fous des tentatives pour faire sursauter le spectateur. J'ai été pris dès le début par la caméra et je ne l'ai jamais lâchée. C'est un film choquant, cru, intense, poisseux. Un film avec un seul point de vue (celui de Nina) et de ses angoisses, sans pour autant affirmer que la schizophrénie (la bonne blague, les miroirs c'est ringard) est là. J'y ai plus vu un film sur l'abandon, le sexe, le dévouement, l'angoisse, la confiance et tout un tas de trucs mais pas vraiment un film de fou. Tu es tellement meilleur quand tu n'as rien à dire, quand tu évites les jugements de valeur, quand tu te concentres sur ton sujet, que tu ne prends pas partie. C'est ton héroïne qui dirige le film et rien d'autre. Ce qu'on avait entrevu dans The Wrestler, tu le sublimes en t'écartant de toutes thématiques sociales possibles. Ici, c'est juste l'histoire d'une gamine apeurée qui se détruit pour son art.
Je laisse les autres dire tout le bien que je pense de Natalie Portman (oscar, rôle de sa vie, blablabla), de la voix de Mila Kunis, de Vincent Cassel, de Winona Ryder, des costumes, des décors, de la chorégraphie, du Lac des Cygnes quand il n'était pas détruit par ton pote.
Ton film est maladroit, plein de défauts et j'aurai tout aussi bien pu le détester. Ça ne tient qu'à un fil, dans la manière de faire, mais la décharge émotionnelle est telle que tu l'as mérité ton 10 mon salaud.
Darren, je ne t'aime toujours pas, te fais pas d'illusion. Tu as toujours les même défauts et à cause de toi je vais me faire défoncer par leyéti ou la bande des joyeux cinéphiles qui hante le site. Tout ce que j'espère c'est que je ne vais me réveiller honteux, changer ma note en 2 et effacer cette critique au plus vite pour éviter les quolibets.