Peu importe que le film regorge d'excès en tous genres, qu'il mélange conte, thriller fantastique et drame psychologique : c'est un grand film et la vision inspirée du monde ô combien noir de la danse, de ses rivalités, de sa recherche effrénée de perfection , celle qui épuise les corps et les met en sang à l'image de son cygne blanc Natalie Portman, fragile, touchante, désemparée, maintenue dans la bulle de l'enfance par une mère frustrée de gloire, toute puissante et castratrice, et qui ne peut extérioriser la tension qui l'habite qu'en ayant recours à l'automutilation.
Poème métaphorique, portrait magnifique d'une schizophrène vêtue de rose, enfermée à son corps défendant dans l'effrayant cocon maternel, privée de liberté, qui ne parviendra à danser sa vie que lorsqu'elle aura tué en elle le rêve, l'illusion, et la "petite fille", pour renaître transfigurée et pleinement femme, cygne noir qui aura vaincu, comme le lui dit Vincent Cassel, très bon dans ce personnage bien réel, lui, sa seule ennemie : elle-même.
Une esthétique visuelle superbe, entre ombre et lumière, une bande son époustouflante et la performance de Natalie Portman au sommet de son art sur un final absolument somptueux.