Rassurez-vous , no spoiler.
Pitch personnalisé :
Cette série met en scène une cellule de police face à un gang de dealers dans la ville de Baltimore. Ce face-à-face, fil rouge de la série, permet un jeu de miroirs qui révèle le meilleur et le pire des êtres humains, quel que soit leur camps. Que ce soit la corruption ou l’intégrité, la médiocrité ou la brillance, l’opportunisme ou la noblesse. L’Homme n’est qu’humain, où qu’il soit.
À travers ce fil rouge David Simon nous fait visiter l’envers du décor à Baltimore durant cinq saisons:
-d’abord les aberrations dans la police,
-le monde des syndicats,
-le désespoir de l’école publique,
-les rouages de la politique locale
-et enfin (son monde à lui) le journalisme.
Cela fait plus de 10 ans que j’ai fini la série, et il est fort possible qu’elle reste à jamais numéro1.
Et je n’ai plus jamais retrouvé ce niveau. Et c’est en prenant conscience que je n’ai plus revu un tel chef-d’œuvre que je réalise que The Wire a atteint la perfection.
Pourtant, des chefs-d’œuvre, il y en a eu depuis. Que ce soit au cinéma ou dans les séries, il y a eu au moins ces titres :
-True Detective
-The Night Off
-End Of Watch
-The Shield
-Peaky Blinders
-House Of Cards
La force de cette série, du point de vue purement télévisuel, c’est qu’elle réunit le meilleur de chacune de ces œuvres (elles les a toutes inspirées), et en mieux :
-l’ambivalence des personnages
-la complexité des dilemmes
-le manichéisme confronté à la complexité
-choix des acteurs
Le défaut que lui prêtent les plus jeune est sa principale qualité : le rythme.
Cette série prend le temps de bien faire les choses, le temps qu’il faut. Son auteur a passé le temps d’une vie dans les rues de Baltimore, et ce temps est rendu dans son œuvre.
La meilleure illustration est la scène d’ouverture du tout premier épisode. Un dialogue entre un jeune homme témoin d’un meurtre et un policier curieux sur une scène de crime, devant le cadavre sanguinolent d’une victime. L’échange est calme, simple, spontané. Plus encore, les propos sont à la limite du grotesque tant la discussion prend une tournure de conversation de bistrot. Si les personnages avaient été filmés de face, le regard dans la caméra, on aurait pensé à un dialogue de Tarantino. Mais le temps de David Simon n’est pas le temps de Tarantino. Ici on a l’impression d’être derrière le cordon de police, en train de les regarder parler de la société américaine devant un cadavre, avec les gyrophares comme seule couleur dans cette sombre et macabre situation.
Le rythme tranquille et réaliste est constant dans cette série. Pas de cascade, pas de saut d’un plan à un autre pour vous retenir. Pas la peine. Le propos est suffisamment pesant pour vous garder assis à réfléchir, pour vous raconter cette histoire des quartiers pauvres d’une ville pauvre d’Amérique.
Cette pauvreté, c’est celle de Gervaise ou d’Étienne. Oui, Zola. On peut considérer que si Zola est le maître du réalisme, The Wire peut prétendre en être l’héritière télévisuelle. Quelle autre œuvre télé ou cinéma de toute façon?
Si on ose citer Zola sans avoir peur d’être discrédité, c’est que le temps vaut la peine d’être pris pour être un peu plus intelligent et plus humain à la fin de l’œuvre filmée ultime•