« All in the game. »
Ils y sont tous, malgré eux ou volontairement, tout le monde dans cette ville est dans le game, dans ce qui construit Baltimore.
The Wire c’est un incroyable récit, d’une richesse et d’une profondeur sans égales. Le nombre de personnages, brillamment interprétés et écrits, est affolant.
« You come at the king, you best not miss »
Omar Little, surement le personnage le plus connu de cette série culte. Jamais, à aucun moment, il ne pointera son arme sur quelqu’un qui n’est pas dans le « game ». Et même ceux qui y sont, s’ils donnent leur argent, tout se finira bien pour eux. Mais si on touche aux protégés de Omar, là, c’est différent. Beaucoup en ont fait les frais, et même si la violence a plutôt tendance à aggraver sa situation, Omar fait plutôt bien justice.
« I’ll still wake up white in a city that ain’t »
Tommy Carcetti aurait pu être un bon maire. Il aurait pu tenir ses promesses de jeune procureur idéaliste, auxquelles il tenait. Mais Baltimore en a décidé autrement. Baltimore a décidé que Carcetti suivrait les pas de son prédécesseur, pratiquant la même politique de chiffre, de réduction de budget et de popularité.
" Trick ‘em into thinking they aren’t learning, and they do."
Prezbo, Pryzbylewski, n’étais pas forcément un mauvais flic, quand il se concentrait sur ce qu’il savait faire, c’est à dire les écoutes téléphoniques. Mais il fait clairement beaucoup plus de bien en tant que prof. Il n’a peut-être pas réussi à sauver Randy, Mike et Dukie, mais il a essayé, et il était à deux doigts de réussir. Son évolution est particulièrement touchante et réussie, et rend ce personnage réellement intéressant.
" The job will not save you, Jimmy."
Lester le sait, ça. Lester, c’est la voix de la sagesse, de l’expérience. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne s’énerve pas, qu’il prend son travail à la légère. Non, au contraire, il fait partie de ces « Natural Police », le genre de policier qui se fout de monter en grade, de se faire engueuler, et même (et ça c’est plus rare) de se faire virer. Son travail, c’est d’attraper des criminels, et c’est ce qu’il fait.
« I feel old »
Bodie Broadus n’était pas forcément le personnage le plus charismatique ni le plus intéressant de la série, mais sa mort m’a bien touché. Parce qu’il n’est pas mort en snitch, il n’est pas mort pour son corner, ou pour un peu d’argent. Il est mort pour ses principes, car oui, il en avait.
« Round the way, they call me Bubbles. »
Bubs est un personnage qu’on ne peut pas détester. Drogué, SDF, indic’, mais jamais il ne rentre dans le game. La seule fois ou il s’essaye à quelque chose de plus dur, il cause indirectement la mort d’un jeune qu’il avait pris sous son aile. La fin de la série laisse entrevoir un futur plus joyeux pour lui, et c’est amplement mérité.
« A man must have a code »
Bunk en a un, de code. Ca c’est sur. Même si ce n’est pas le flic le plus altruiste de Baltimore, Bunk reste l’un de ces « Natural Police » dont la ville a besoin. Il enquête, contrairement à ses supérieurs qui semblent plus préoccuper par le fait de lui mettre des batons dans les roues que par le travail de policier. Bunk ne se révoltera jamais vraiment contre sa hiérarchie, il restera fidèle à lui-même, fidèle au bar, à la bouteille.
« You got my back, huh ? »
Randy est l’un des quatre principaux Cornerkids. Ce jeune a beau avoir vécu des choses difficiles, il n’en reste pas moins quelqu’un de bien, qui finira par vouloir apprendre. Il veut apprendre et s’en sortir, mais son terrible monde en décidera autrement, le cataloguant de balance. Lorsqu’on le revoit brièvement dans la saison 5, on voit qu’il a du devenir brutal et malveillant, et qu’il deviendra surement par la suite un dealer comme Bodie l’était.
« I’m gonna talk to him, Ma’. »
Namond est issu d’une famille assez aisée, l’argent ne devrait donc pas être un problème. Mais son problème, c’est sa mère. Wee-Bey, le père, étant enfermé en prison, la mère croit bien faire en le poussant au crime. Heureusement pour elle, Bunny prend son fils en affection et le sauve de sa triste destinée.
« You remember, Mike ? »
Dukie est aussi un bon gars, comme les deux premiers. Mais contrairement à Namond, personne ne s’occupera de lui, pour le retirer de la rue. Mais contrairement à Randy, personne ne lui voudra aucun mal. Dukie est clairement destiné à devenir un deuxième Bubs, une vie pourtant pas si enviable.
« I don’t. »
Parmi ces quatre Cornerkids, c’est Mike qui remporte la palme du futur le plus tragique. Passant d’élève à tueur à gage, il ne supportera pas bien longtemps cette double vie, et son cerveau l’empêchera de mêler les deux. La scène des adieux avec Dukie est la scène la plus triste et désespérante de la série, scène ou on comprend que Mike est parti depuis bien longtemps.
Ces quatre jeunes ne se reverront peut-être jamais, et c’est quelque chose qui m’a beaucoup remué.
« I'm a fucking joke. »
Jimmy McNulty, mon personnage préféré et de très loin, le « Natural Police » par excellence. Le génie de Baltimore, qui a sauvé sa ville. Il aura passé cinq saisons à faire chier les patrons, à enquêter, à coincer des gros poissons. Et qu’est-ce qu’il y gagne ? Il est viré.
Jimmy est un vrai héros, et par vrai j’entends « réel ». Il est loin d’être parfait, il empoisonne la vie de ses proches, parfois la risque (envoyer ses fils suivre Stringer Bell, quelle bonne idée tiens). Mais personne n’est parfait, hein ? Par contre, les héros, ça existe, et Jimmy McNulty en est un. Il fait partie de ces rares gens prêts à se mettre en danger pour les autres.
The Wire était une série vraiment incroyable, quelque chose de vrai et de sincère. La façon dont tous les personnages interagissent entre eux, c’est carrément du jamais vu. Je ne connais aucune série écrite de façon aussi brillante et d’une richesse semblable. On pourrait passer des heures à parler de The Wire, dire à quel point Baltimore nous manque. Car même si c’est une ville horrible, qui détruit des centaines de personnes, on s’attache à cette ville, à ses personnages.
La fin de la série est un coup de maitre. On n’a pas suivi une période en particulier de Baltimore, on a suivi une période prise au hasard de la ville. Certes il s’est passé quelques évènements exceptionnels, tout au long de la série, mais ces six ans sont six ans totalement normaux dans la vie de Baltimore.
Conclure ce genre de série c’est toujours difficile, mais voir que rien ne change vraiment, que ce n’est même pas vraiment le début d’un nouveau cycle (Marlo étant revenu dans le game) apporte à cette fin un aspect véritablement déprimant.