Confinement of the Dead

Attention : pépite.

À l'heure où les films d'horreur sont plus centrés sur les possessions démoniaques ou les rituels inquiétants, où les zombies sont vulgarisés et où rares sont les metteurs en scène inventifs, le cinéma sud-coréen s'est depuis bien penché sur le genre, offrant de petites perles. Des auteurs comme Bong Joon-ho, Kim Jee-woon ou plus récemment Sang-ho Yeon avec le très bon Dernier train pour Busan (pour ne citer que lui) ont quelque peu relancé l'intérêt pour le cinéma horrifique coréen. Et voilà que déboule sur Netflix l'adaptation d'un webcomic sorti entre 2017 et 2020, où les habitants d'un immeuble assiégé par des monstres vont devoir se défendre et s'organiser pour maintenir leur survie.

Le pitch est ultra-classique, les personnages pas vraiment originaux en soi, le décor déjà plusieurs exploité. Sauf que les rebondissements sont légion, les dialogues truculents, l'action exaltante et surtout — SURTOUT — la mise en scène est tout juste hallucinante. Généreuse du premier au dernier épisode, inventive, décomplexée et travaillée, alliant mouvements de caméras inattendus et virtuosité époustouflante, la série est une sincère baffe dans la trogne, maîtrisée de A à Z par Lee Eung-bok, auteur de plusieurs séries TV locales, qui va constamment alterner entre effets old school et modernité, animatroniques et CGI (pas toujours réussis, il faut l'admettre), séquences sous tension et grand spectacle, passages repoussants et moments plus dramatiques voire touchants.

Autant inspirée du Démons 2 de Lamberto Bava que du [•REC] de Jaume Balagueró, des jeux "Resident Evil" pour son incroyable bestiaire (ne vous attendez pas à des zombies classiques) mais aussi de "Shingeki no Kyojin" dans une moindre mesure, la série est d'une efficacité rare, enterrant les récentes productions horrifiques incapables de solidement se positionner, s'autocensurant pour plaire à la masse et présentées sans réelle envergure. Ici, c'est gore, violent, décadent, palpitant, irrévérencieux et créatif, adoptant aussi bien des thématiques sombres et sérieuses que de l'action bourrine et jouissive.

On soulignera quelques défauts mineurs comme une poignée de séquences un brin illisibles, d'autres trop succinctes, quelques raccourcis faciles et deux/trois aberrations (cette femme qui se fait dé-fon-cer par un colosse mais qui n'a que quelques égratignures) mais la force d'écriture, l'interprétation haut de gamme et, encore une fois, la qualité hallucinante de la mise en scène nous font rapidement oublier ces menues imperfections. Une série aux thématiques finalement actuelles (le confinement, la peur de l'infection, l'égoïsme humain primaire) qui nous rassure dans la capacité de certains auteurs à pouvoir encore nous surprendre cinématographiquement. Une réelle surprise et clairement l'une des meilleures séries de ces dernières années.