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Pépites inconnues :


SWIMMING WITH THE SHARKS

11 octobre 1995 en salle | 1h 30min | Comédie dramatique

De George Huang | Par George Huang

Avec Kevin Spacey, Frank Whaley, Michelle Forbes etc.


Synopsis :


Immersion dans le milieu de la production a Hollywood a travers les mésaventures d'un assistant aupres d'un grand patron du cinema.


Film inconnu, mésestimé, oublié, il doit s'agir de tout cela pour qu'il n'ait eu que si peu d'écho.

Comme je l'avais apprécié en 1995, date de sa sortie dans l'hexagone, je l'avais acheté en DVD.

Ce soir, c'était donc une séance de rattrapage à deux.


Que voilà un titre bien trouvé ! SWIMMING WITH THE SHARKS : nager avec les requins !

De requins, il en est évidemment question et ils sont blancs, portent des costumes coupés sur mesure, ont des sourires immaculés, sont plus agressifs que les bulldog, tout aussi sanguinaires, et finalement ces "requins là" sont véritablement des prédateurs, des psychopathes de la pire espèce.


Le Requin en chef s'appelle Buddy Ackerman et porte les traits de l'effacé Kevin Spacey.

Incroyable pied de nez à sa propre histoire qu'il incarne ce vice-président de studio, toxique jusqu'à ses sourires carnassiers, ignoble, vicieux. Kevin joue à merveille ce monstre mégalomaniaque, ordurier et dégueulasse. Peut-être n'avait-il pas à puiser loin dans sa psychée pour incarner cette flaque de chiasse ?


On suit donc la vie d'un assistant plein de rêves et de bonnes volontés confronté à un patron aux méthodes de psychopathe. Le synopsis annonce des mésaventures ? Il n'en est rien. On évoque là de véritables tortures.


"Tu n'es rien !" C'est ainsi que commence leur relation de travail, boulot qui s'éternise et déteint sur la vie personnelle puisque l'assistant doit être présent à toutes heures ou moment de la journée quand le patron le (vous, nous) siffle.


Film ciselé dans l'écriture, on suit cette histoire de pouvoir et d'écrasement seulement avec la force de voir l'assistant prendre sa revanche et se venger.

Si Hollywood vend du rêve, la réalité n'est que cauchemars pour une population massacrée sur l'autel du capitalisme forcené et de ses séides prêts à tout pour écraser les utopies des autres. Voir ces jeunes filles se rêvant apprenties starlettes, recrutées comme actrices porno. Voir tous ces jeunes disparus dans le tourbillon de cette violence sociale sans nom.


En le renvoyant, j'ai ressenti toute la vacuité de ce monde où même se mettre en quatre pour son travail ne servira à rien face à la monstruosité de certains détenteurs de pouvoir. Quand tu n'es rien, l'aspiration à une élévation sociale est tout aussi inexistante que changer des monstres en êtres humains.


On pense évidemment à Harvey Weinstein à la vision de ce film, de ces agressions sexuelles, de son potentat sur l'industrie du cinéma, de ses dépravations, de sa stratégie de prédation pour assouvir sa déchéance morale.


On assiste non pas à une lutte des classes qui existe par essence dans ce portrait au vitriol du système hollywoodien, mais à une lutte pour la survie d'un jeune homme, bon, plongé dans les eaux saumâtres du cinéma où fraient les pires requins du monde.


"Surtout n'oublie jamais que ce boulot te le rendra au centuple"

C'est ce que Kévin/Buddy assène au milieu du film à ce victime. Si l'assistant n'est pas consentant, on osera s'offusquer qu'il ne se rebiffe pas face à des vexations devenant des brimades jusqu'à une torture psychologique et moral insoutenable quasi quotidienne.


Une scène illustre à quel point l'humain peut être dépourvu d'humanité. Celle de l'envie de faire pipi.


La vérité, c'est que le travail tue. Et que le harcèlement moral, professionnel, existe. Partout il prolifère jusqu'à forcer de pauvres âmes à crocher au bout d'une corde leurs derniers espoirs ou s'enfoncer jusqu'au fond de la gorge le canon froid d'un revolver jusqu'à ce que la détonation marque la fin d'une vie de brimé.


On suit cette descente aux enfers chronologiquement.

Hollywood est un enfer sur terre.

Comme l'entreprise où un péquin en cravate n'attend que devenir un requin prêt à se curer les dents avec vos espérances.

Comme dans un bureau où la soumission est une méthode de management éprouvé.


Un thriller étrange, amoral, dur mais nécessaire qui dévoile l'envers d'un décor fantasmé.

À noter les débuts d'un Benicio Del Toro.

Un film où les rêves se terminent en lambeaux, où les bourreaux deviennent des victimes et vice-versa.

Ce monde atroce ressemble étonnamment au nôtre.

Devenir requin ou nager jusqu'à l'épuisement telle est la question.

Parole de cinéphile, vous ne regarderez plus jamais de la même manière une inoffensive enveloppe...


SG

Manitardes76
7
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2024

Critique lue 7 fois

Manitardes76

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