Enormément de licences perdent en attrait au fur et à mesure de leurs saisons pour qu’au final certains membres les critiquent ardemment et avec une violence assumée dans les propos voire un certain mépris injustifié. Il est délicat pour autant de ne pas faire un procès à un anime quand on attendait beaucoup de lui. La réaction est compréhensible mais non acceptable.
Pas d’inquiétude, je n’attends plus grand-chose de la licence SAO, et ce depuis pas mal de temps donc cet avis sera plus mesuré que certains sur la toile. Même si…
Pour autant, je dis ça mais Sword Art Online: Alicization – War of Underworld S1 m’avait en partie bien plu, excepté dans ses trois derniers épisodes. Et en effet comme le laissait présager la direction de ceux-ci, la chute fut au rendez-vous mais nettement plus longue et vertigineuse qu’escomptée.
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Comment alors expliquer ce résultat effarant ?
Tout d’abord dans cette saison, le scénariste Reki Kawahara maintient le cap pour traiter le thème de la science-fiction avec un regard critique et une projection dans le futur toujours pertinente et probable. Les divers arcs de SAO s’enchainent avec une continuité naturelle dans le traitement de ce thème. De manière générale, cette approche autour de l’intelligence artificielle, notamment leur création et maturation, est recherchée et semble plutôt crédible à nos yeux.
Or plus on avance dans son œuvre, plus elle devient complexe. Plus on réfléchit, plus les détails nous semblent incompréhensibles. Trop de points clés et soucis n’ont pas d’explications logiques. J’ai davantage l’impression que SAO tente parfois de nous noyer sous une tonne d’explications pour dissimuler le manque de fondement à de nombreux éléments et comportements. La surface de l’eau est claire mais en profondeur elle est opaque. A titre de réserve personnelle, l’œuvre également avec ce rythme arrivera bientôt à un point cardinal en terme de développement sur la science-fiction où il faudra conclure et stopper cette avancée du progrès sous peine de nous perdre en route avec une trop grande complexité et un propos peut-être trop détaché de ce qu’était SAO dans ses premières saisons.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas cet aspect de l’œuvre qui m’a le plus décontenancé durant cette saison. Les deux derniers épisodes concluent à mon sens correctement ce long développement commencé il y a plus de 40 épisodes autour de Alice et de l’intelligence artificielle.
Le problème fut le reste : cette guerre étalée sur plusieurs épisodes. C’est un raté total. Il n’y a rien à sauver. A partir du moment où l’histoire a introduit les américains, les coréens (…) et en même temps les japonais avec les amis de Kirito, l’œuvre s’est dispersée pour se transformer en une mêlée générale qui n’avait plus aucun sens et crédibilité. Le soucis c’est que SAO ne peut se détacher de ses nombreux démons et qu’en plus il s’embourbe dans de nouveaux travers. « Les japonais sont toujours les gentils et les américains les méchants », non je ne parle pas de ça.
A peu de choses près, on a touché le fond avec la conception des antagonistes. Quand est-ce que l’anime arrêtera de présenter des personnages psychopathes ? Au bout de plusieurs fois, la chose lasse et agace. Cette saison ne tente pas de contenir cet aspect, non ! Il l’exacerbe encore plus et le pavane fièrement sous nos yeux… Sérieusement ? On croirait presque à une blague durant les deux combats finaux.
Autre soucis, ce monde factice n’avait plus aucune ligne directrice et règles intangibles propres… Avec PoH, Kirito et Gabriel, l’œuvre a franchi le cap fatidique du « c’est magique » pour aboutir à des séquences hautes en sensations. Pour avoir des sensations, il est vrai que j’en ai eu, mais elles s’apparentaient davantage à de la consternation. SAO n’avait plus aucun sens. On n’essaye même plus de nous donner cette illusion d’un plafond, on le nie maintenant totalement.
Sans rentrer dans tous les détails, cette saison est venue aussi faire de jolis fuck aux précédentes comme le rapide retour de Administrator. Je n’ai toujours pas compris le pourquoi. Incompréhensibles, inutiles, factices (…) il serait presque plus simple de mentionner les choses qui étaient réussies dans cette douzaine d’épisodes.
Et en effet un point m’a totalement conquis bien qu’un peu vite balayé : la fin de la guerre. Kirito se retrouve seul emprisonné dans le jeu et Asuna apparait à ses côtés. Cette délicate et merveilleuse séquence aura réussi à apporter une petite douceur dans cette marée noire. C’était dramatique, prenant. C’est ça que je voulais voir. Une réaction humaine compréhensible, logique… normale. Dommage que la suite fasse sans grande surprise un virage à 180° en effaçant sans grande explication la mémoire d’une personne en un claquement de doigts. La magie euh pardon la science, c’est beau. Les deux derniers épisodes dans la réalité rattrapent presque le tir mais sont aussitôt oubliés face à la séquence de clôture de cette saison totalement inexplicable partant dans un délire encore plus prononcé.
Selon moi, l’histoire de SAO ne convainc plus car elle ne veut pas faire peau neuve. L’œuvre enrichit toujours plus le harem de Kirito, entretient ses éléments de fan service à faire péter une durite une partie de la communauté tandis que l’autre en est friand à souhait, et conserve un duo qui n’a plus rien à proposer de neuf : Kirito et Asuna. Sans être un érudit, tous les anciens personnages n’évoluent plus. L’œuvre n’arrive à emballer qu’en proposant des histoires menées par de nouveaux personnages. Il serait temps peut-être de relayer une bonne partie du casting actuel sur le côté en tant que personnages secondaires voire même ne plus les intégrer, propulser de nouveaux visages à la place sur le devant pour donner un regain bienvenu à cette œuvre.
Pour autant, une chose dans cette adaptation rattrape sans mal une partie des erreurs. L’animation de SAO est en effet toujours aussi sensationnelle. Et pour être plus précis, le compositing notamment les effets spéciaux sont vertigineux. Il n’y a pas eu d’équivalent durant cette saison et je ne suis pas certain que cette année 2020 rencontre d’anime ayant un rendu visuel aussi impactant, harmonieux et travaillé que celui de SAO. S’incliner devant cette production semble naturel et j’avouerai même envier le travail sur SAO que j’aurai voulu transposer sur d’autres animes que j’affectionne énormément tels que Re:Zero qui n’ont pas une telle qualité malgré leur attrait scénaristique indéniable.
Conclusion
Si Sword Art Online: Alicization – War of Underworld S2 était ironique ou burlesque, il aurait emporté mes ferveurs. Malheureusement ce n’est pas le cas, cette farce ne fera rire que les haineux de l’œuvre et attristera en revanche les personnes voyant un joli gâchis dans cet arc au thème intéressant et au potentiel énorme. L’animation au sens large et les quelques combats épiques rattrapent heureusement ce visionnage pour en faire un divertissement au moins intéressant en termes de technique expliquant de fait cette note bien loin de représenter mon désintérêt croissant pour le fond de cette saison, voire même de l’oeuvre.