Carpette

Si un biopic sur Michel Leeb était réalisé, alors oui Lafitte serait l'acteur parfait. Là on ne voit que Lafitte affublé d'une perruque. Impossible de voir autre chose que cela et impossible de croire en Tapie. Il n'a rien du bonhomme, on s'attend plus à ce que Lafitte fasse un sketch qu'un truc sérieux. Tout de la parodie est là, mais l'humour parodique n'arrive malheureusement jamais. Que le comédien ne ressemble que légèrement à Tapie (l'affiche laisse penser le contraire) n'est pas ce que l'on attend le plus. Ce qui pêche dans un premier temps c'est l'incarnation. Lafitte n'a pas la grande gueule de Tapie. Ni le regard de défiance qu'affiche Tapie dans les échanges. L'homme avait la réplique facile et souvent après une bonne formule s’inscrivait sur son visage de l'autosatisfaction. La parole c'est l'atout majeur de Tapie. L'homme savait s'imposer face aux médias et baratiner qui voulait bien l'entendre. La chose ne marche pas avec tout le monde, il est intéressant d'entendre le procureur de l'affaire OM/VA qui a eu droit aux grossières flatteries de Tapie https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/l-affaire-om-va-3705970. Les auteurs ne savent pas réellement attraper le ton, mi-beauf, mi-gouaille du bonhomme. Surtout ils n'arrivent pas à avoir son phrasé. Les auteurs des guignols étaient bien meilleur dans cet exercice, même si c'était de la caricature. Enfin la chose s’améliore à partir du quatrième épisode, ce moment coïncide avec la médiatisation de Tapie. On sent que Lafitte a visionné les passages télé de celui qu'il incarne. C'est un vrai basculement l'acteur est plus proche du personnage. Certains passages sont drôles, comme lorsque Tapie engueule son père, mais est-ce volontaire? Tapie dans les années 80, c'est un arriviste dégueulasse qui ne recule devant rien pour atteindre son but de fortune et de changement de classe. La série montre ce côté prêt à tout pour réussir, mais il manque de génie d'écriture et de réalisation. Avoir un personnage ne suffit pas pour rendre le tout captivant, il faut savoir en utiliser toutes les facettes. Et cette reconstitution avec ces bagnoles qui brillent comme un sou neuf, c'est d'une sottise. C'est bien français ça, dès qu'un film est fait avec des bagnoles de collections il faut qu'elles soient rutilantes. Surement que les propriétaires ne veulent pas que l'on touche à leur bébé. Et qu'on les ruines avec de la poussière ou pire de la boue. Mais dans les années 80 tout le monde ne briquait pas sa voiture. C'était plutôt l'inverse les voitures et surtout les rues étaient crades. N'importe quel film de cette époque le montre. Les lampadaires qui éclairent les rues sont oranges. Alors s'il y a bien un truc qu'il n'y avait pas à cette époque c'est bien ça. La minutie de construction est trop approximative là-dedans. La série demanderait a être écrite pas des gens plus brillants, bon c'est netflix et français. Donc deux handicaps pour une série, ça fait trop.