Anime obscur de 2007, Tetsuko no Tabi est la définition même de série niche. A vrai dire je me demande bien qui a crée la fiche sur Senscritique... c’est peut-être moi en fait, je ne m’en souviens plus... Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne convaincra qu’une poignée de gens, et encore.
Le premier épisode résume à lui seul les douze autres : Nanoe Kikuchi, mangaka, est chargée d’accompagner un «auteur de voyage», Hirohiko Yokomi, un otaku de trains à vrai dire, et de retranscrire ses «aventures» alors qu’il part à la découverte des 9843 gares du Japon ! Nan je blague, il en a déjà visité 4636.
Nous avons donc droit à du rail, des trains, des gares, des invités surprises, des eki-ben (lunch pour train), et des trains... et des trains, et voilà... ah et des paysages sympathiques sauf que l’anime en lui-même n’est pas très beau.
La série a des allures de documentaire en fait, et c’est presque le cas car Tetsuko no Tabi est au départ un manga qui retranscrit l’expérience réelle de Kikuchi et Yokomi, de vraies personnes. Sans drama, sans action, sans fanservice, sans réflexion particulière, le fait que Tetsuko no Tabi ait pu bénéficier d’une série TV à partir d’une trame aussi peu sexy est absolument incompréhensible. Incompréhensible et génial.
Je n’écris pas ça en pensant spécifiquement à Rail Wars, mes notes datent d’avant sa diffusion, mais je trouve ça merveilleux de voir Tetsuko no Tabi rester jusqu'au bout confiant dans sa passion pour les trains. A aucun moment, la série ne cherche à utiliser l’un ou l’autre artifice pour embellir son histoire, et pour les habitués d’animes japonais, c’est on ne peut plus rafraîchissant.
L’auteur est pourtant bien conscient que son sujet n’est pas le plus attirant au monde. Nanoe Kikuchi est un peu la voix du spectateur en début de série et passe son temps à râler sur l’inutilité du concept, avant d’heureusement se faire à l’idée par la suite parce que bon, la voir sans cesse se plaindre n’est pas très divertissant non plus, même si l’optimisme de Norihiko avec la voix survoltée de Nobuyuki Hiyama compense largement. Moi-même, pourtant habitué du chemin de fer et sympathisant de ses banquettes, j’ai dû mal à totalement agréer à la notion de visiter les gares comme un but en soi, sans vraiment s’intéresser à ce qui s’étend derrière elles. Cela dit, le thème permet déjà d’être bien rempli en anecdotes, informations et même astuces, sans doute dépassées, pour voyager au moins cher et bien gérer la transition entre navettes.
L’anime a tout de même des côtés plaisants. Même si la touche de comédie n’est qu’à moitié réussie, l’atmosphère de voyage en train est bien retranscrite ici. Le cadre japonais permet des paysages variés et il est agréable de voir le Shinkansen ainsi que le North Star (train de nuit pour Hokkaido). Certaines locations sont de plus réellement pittoresques et si vous avez la sensibilité nécessaire, peut-être apprécierez vous comme moi la poésie qui se dégage des gares désertiques et des cérémonies qui concluent la vie d’une voie.
Unique dans l’horizon animesque, Tetsuko no Tabi n’est pourtant pas une gemme cachée qu’il vous faut absolument découvrir. Vu l’opinion des rares personnes qui en sont arrivés à bout, j’irais même jusqu’à la déconseiller à moins de bien avoir conscience à quoi vous vous engagez. Mais voilà, conduit par ma curiosité, j’ai répondu à l’appel du rail et au final je dois avouer n'avoir aucun regret quant à ce choix.