The Abashiri Family par Ninesisters
Résumer le contenu de ces OAV serait simple, mais ne leur rendrait pas justice. Vu d'ensemble, il s'agit de l'histoire de Kikunosuke ; après que son père ait révélé son véritable sexe – féminin – à ses frères, il considère que la malédiction est rompue, et que la famille doit désormais revenir à une vie plus « normale ». Donc, il envoie Kikunosuke – adolescente de 16 ans élevée comme un homme et avec 160 meurtres à son actif – dans une école, avec pour mission d'apprendre à se comporter comme une fille normale. Sauf qu'elle va atterrir dans une école qui, elle, n'a strictement rien de normale.
Malgré ce scénario, la première OAV commence de manière absolument stupéfiante. Le narrateur nous introduit un Japon où l'armée chinoise a pris le contrôle, où les révoltes se multiplient, et où la famille Abashiri, malgré sa violence, constitue le seul espoir de Justice.
Ces prétentions de grandeur, le spectateur le comprend bien vite, ne sont que poudre aux yeux. Une sorte de délire qui prend la forme d'une histoire excessivement sérieuse et sombre. Alors qu'en réalité, il ne s'agit que d'un moyen pour introduire les personnages, au cours d'un affrontement stylisé qui rend cette première OAV totalement GAR et furieusement exceptionnelle. Je prends cette entame comme une des meilleures que j'ai pu voir dans l'animation japonaise.
La seconde OAV (elles durent toutes environ 20 minutes) sert de transition, puisque Kikunosuke assume désormais son véritable sexe à son domicile, malgré la lubricité de ses frères (et de son père) ; c'est dans ce contexte qu'elle va apprendre qu'elle doit porter un uniforme féminin et se rendre à l'école, ce qui donne lieu à des situations éminemment cocasses, puisqu'elle n'a encore jamais fait quoi que ce soit d'un tant soit peu féminin...
Cette première moitié de la série est une merveille, dans un pur esprit Go Nagai, rempli à ras-bord de virilité et de perversité. La suite fait hélas! retomber l'ambiance, dans une aventure où Kikunosuke va devoir affronter les professeurs sadiques de son école ; je crois surtout que c'est l'absence des autres membres de sa famille sur la quasi-totalité de ces deux épisodes qui, malheureusement, plombe un peu l'ensemble... Heureusement, dans la mesure où les deux premiers sont des bijoux, cela compense largement !
Abashiri Ikka n'est pas un anime dans lequel il faut chercher une logique ou une raison profonde aux événements et aux comportements des personnages. C'est du bon gros délire à la Go Nagai, avec du sang comme s'il en pleuvait – les victimes, souvent innocentes, se comptent par centaine – des sous-vêtements arrachés par des pervers sadiques, des personnalités improbables, des combattants surpuissants, beaucoup d'humour au-dessous de la ceinture, et une ambiance générale aussi fascinante que déroutante.
Ceux qui n'ont jamais connu le véritable Go Nagai risquent de tomber de haut, d'autant que l'anime reprend un chara design proche de celui du manga, donc beaucoup plus choquant (certains protagonistes ont vraiment de sales tronches). A ce propos, ces OAV restent dans la même veine que les autres adaptations de l'époque : l'accent est plus mis sur le contenu, sur l'histoire, que sur la qualité technique, avec une animation pauvre, qui n'a strictement rien à voir avec ce que nous pouvons voir dans nombre d'OAV, format au contraire réputé pour le soin apporté à l'animation et au graphisme. Cela combiné au chara design de Go Nagai, certains spectateurs pourront trouver ça très moche ; et ça date de près de 20 ans, ce qui n'arrange rien... Par contre, Abashiri Ikka a pour lui la qualité de la mise en scène (les points forts de l'histoire sont bien mis en avant) et une musique entrainante même si elle compte peu de thèmes différents.
J'ai beaucoup aimé cet anime, mais essentiellement à cause de sa première moitié. J'aimerais bien lire le manga, qui compte tout de même 15 volumes (quand je vous disais que ces OAV se contentaient d'une adaptation extrêmement partielle), mais il ne sortira JAMAIS en France.
Pour apprécier cet anime, je crois qu'il faut soit être conscient du contenu véritable des œuvres de Go Nagai (et ne rien avoir contre ledit contenu), soit avoir l'esprit ouvert et curieux. C'est GAR, c'est dégueulasse, c'est potentiellement jouissif mais vraiment particulier.