J'ai souvent lu (et dit) qu'il fallait de bons méchants pour faire de bon super-héros. Et dans ce registre, Batman est souvent cité comme LE personnage ayant la galerie de vilain la plus intéressante.
Ces deux phrases expliquent à elles seules le verdict sur cette série.
The Batman est une série lancée dans le but de donner une nouvelle jeunesse au chevalier noir à la télé tandis que ce dernier s'offrait un nouveau départ au cinéma avec Batman Begins.
Le cahier des charges était donc lourd : faire du chiffre tout en se démarquant de l'univers de Bruce Timm.
Je pense que c'est ce qui explique, en premier lieu, le look résolument "manga/moderne" d'une très grande partie du casting. Et, soyons honnête, si l'on s'en tient à l'aspect purement visuel, la série est une réussite. Bien sur il y a les allergiques qui n'ont jamais digéré le Joker façon clochard dandy. Mais ce genre de critique n'est, à mon sens, pas recevable. D'une part car il s'agit d'appréciations purement subjectives. Et d'autre part car il est naturel que les personnages évoluent visuellement. Fouillez sur le net et vous verrez qu'aucune de ces icônes n'est identique à ce qu'elle était à sa création.
Pour moi, la faille de cette série est ailleurs. Car au delà du charadesign des personnages il y a ce que les auteurs en font. Et le gros problème de The Batman est que tous les méchants sont traités de la même façon. Exit l'aspect tragique de Mr Freeze, la sophistication du Pingouin, etc. Tout ce qui faisait le charme et l'individualité de chaque méchant est, ici, survolé (dans le meilleur des cas) ou tout simplement ignoré. Ce qui a pour conséquence d'avoir des épisodes fondamentalement tous identiques.
Du coup, impossible de s'attacher à la série et ceux, même lorsque Batman est associé à d'autres héros. Car quels que soient les protagonistes, la recette est toujours la même. Les méchants sont tous, à la fois des combattants (pour justifier les scènes d'actions) et des voleurs/mégalos' farfelus. Chaque "plan" donne l'impression d'avoir été vu 1 000 fois et l'on se dit que l'on pourrait tout à fait intervertir les vilains sans que cela n'impacte le scénario.
Bref, sans opposants digne de ce nom, The Batman se prive de l'ingrédient essentiel dans une recette basée sur un schéma répétitif d’affrontements entre un gentil et des méchants.
En conséquence de quoi, peu importe son animation réussie et ses quelques bonnes idées (je pense notamment aux nouvelles origines de Harley Quinn et du Riddler), le constat est sans appel : on se fait ch*** à mater cette série !
Donc à moins de tenir à avoir une culture exhaustive en la matière, passez votre chemin vous ne manquerez rien.
PS : si vous êtes, malgré tout, décidé à vous taper cette série, pensez à regarder le film d'animation Batman contre Dracula au bon moment (soit entre la saison 2 et 3).
PPS : au cas où vous ne voulez regarder que le meilleur, jetez un œil à l'épisode 7 de la saison 4 : Artifacts / A La Découverte de la Batcave. Cet épisode, au demeurant sublime, donnerait presque tort à ma critique s'il n'était pas le seul dans sa situation.