On hésiterait presque à se lancer dans un document pareil. 8 films d'environ 1h15 chacun, en voilà du grain à moudre. Une chose est sûre, les recherches sont au rendez-vous et ces films se basent sur une documentation extrêmement solide. La quantité et la variété d'archives ne surprendront personne et c'est bien normal, vu le caractère "universel" du sujet. Le premier film remontant aux prémices musicaux du groupe nous sort même de nombreuses photos d'enfance, ce qui prouve la volonté des auteurs d'aller chercher des infos très loin.
Mais selon moi, la partie vraiment intéressante de leur carrière commence à Rubber Soul & Revolver, points de départ de nouvelles directions musicales voire d'expérimentations autorisées par le succès mondial que l'on sait. Alors autant vous dire que les films 2, 3 et 4 qui se penchent sur les débuts "boys band" m'ont un peu gavé. On peut les résumer ainsi : un très long "iiiiiiiiiiiiii" (ou un "éééééééé" très aigu, on sait pas trop) braillé à tire larigot par des dizaines de milliers de quintaux de minettes qui voulaient se marier avec Paul... non George... quoique John... enfin non plutôt Paul il est trop beau lol.
Le documentaire laisse une place très importante au phénomène médiatique des Beatles, vous saoule de cette foule hurlante, et c'est absolument volontaire. L'hystérie collective qu'on vous montre pendant des dizaines de minutes (devant les hôtels, sur les tarmacs, avant, après et surtout pendant les concerts...) vous donne limite la nausée, mais vous plonge dans la situation invivable des musiciens. En découle le pourquoi du changement d'orientation dans leur musique : un ras le bol généralisé à force de ne plus s'entendre jouer, de mal jouer.
Une fois passée la période boy's band, on parle enfin de musique. C'est ce que vous expliquent également les trois survivants (George Harrison était encore de ce monde à l'époque). Les anecdotes croustillantes s'enchaînent, comme par exemple l'histoire de l'enregistrement de la chanson Tomorrow Never Knows, un véritable ovni pour l'époque, qu'il serait impossible de reproduire à l'identique étant donné le mode opératoire (utilisation de boucles disposées dans tous les recoins du studio).
Certes l'ensemble manque un peu de recul et s'attarde peu sur les mauvais moments, les prises de bec et crises d'égo... mais bon, demander leur avis aux Beatles eux-mêmes, forcément... fallait pas s'attendre à un mea culpa.
Dans l'ensemble le document se laisse regarder malgré la durée. Pour quelqu'un qui écoute les Fab Four de temps en temps, y'aura pas de grande révélation à chiner mais de sympathiques moments à découvrir ou à revoir, comme le clip de All You Need Is Love, chanson enregistrée à la télé en direct, avec en prime Mick Jagger qui fait son timide au milieu des beatniks. Ou le concert improvisé sur le toit d'un immeuble, interpelant les passants londoniens, et interrompu par l'intervention des bobbies.
Au final, voilà ce que je retiens de ce documentaire.
- Lennon gagne haut la main sur McCartney.
- Ringo Starr sait parler. Si si. C'est même un p'tit rigolo.
- Les Beatles sont meilleurs jeunes. Le spectacle des trois cinquantenaires restants tapant le bœuf est affligeant de platitude.
- Je suis né trop tard et j'ai raté une époque formidable.