L’adolescence est un concept qui tend fondamentalement à évoluer ou à régresser. Cette nouvelle série américaine adopte les deux points de vue afin de mieux séduire son public du moment. Chuck Lorre et Bill Prady l’ont bien compris et ils n’hésitent pas à envoyer un tas de références à la pop cultures dans nos yeux pour mieux capteur notre attention, alors que certains devront faire l’effort pour se renseigner dernière. Comme chaque sitcom de type générationnel, le public évolue et impose un ton. Notamment adressée aux jeunes de l’ère du numérique et de la fantaisie, la série brosse toutefois un portrait culturel plus poussée. Si le cycle utilise toujours l’hommages comme divertissement, il surfe également sur une vague technologie qui est bien présente actuellement. Elle s’adapte et met en avant la science comme support universel de réflexion, ce qui conduira au développement humain des personnages que l’on découvre à l’état brut ou à l’échelle de laboratoire.
Une certaine distance se crée tout de même, dès lors que l’humour n’est pas accessible à tous. Ceux en proie des réseaux sociaux et qui tutoient les termes de geek ou nerd sont le principal public, mais au nom de quoi restreindre le partage ? La trame scientifique est présente pour mieux introduire les personnages masculins que sont : Leonard Hofstadter (Johnny Galecki), Howard Wolowitz (Simon Helberg), Rajesh Koothrappali (Kunal Nayyar) et Sheldon Cooper (Jim Parsons). Ces hommes sont bourrés d’imperfection à l’échelle sociale, mais ils se rattrapent pleinement grâce à leur objectivité singulière. Le rapport au geek fait d’eux de parfaits spécimens en voie d’adaptation. Et plus ils échangeront avec le monde extérieur, plus ils seront aptes à profiter pleinement de la vie et de ses avantages.
Pour Sheldon, son cas est particulièrement intéressant, sachant que l’amorce repose essentiellement sur son tempérament naïf. Ignorant les conventions sociales et ne comprenant pas la gestion des émotions, ce dernier goûte peu à peu aux pêchés de la vie, que ce soit du bon ou du mauvais côté. L’expérience fait de lui un scientifique en quête d’apprentissage. Bien que sa modestie ne le soutien guère dans cette remarque, il faut bien avouer que ce qu’il a l’audace de prononcer est ce que la plupart des personnes penses à voix basse. Sincère, le personnage finit par séduire plus qu’il n’en faut, tout cela grâce à la divergence d’opinion, souvent détournée en un burlesque plaisant.
Mais dans cet amas de testostérone timide, il faudra un guide et il s’agit de la gente féminine. Penny (Kaley Cuoco) occupe une place importante avant que d’autres viennent s’ajouter au groupe. Elle compense son manque de connaissance par un savoir-faire et un savoir-être pratique. Elle guide les hommes à gérer leurs émotions et surtout elle est présente pour être à l’écoute. On y voit une figure maternelle de temps à autres, jusqu’à ce que Bernadette Rotenkowski (Melissa Rauch) et Amy Farrah Fowler (Mayim Bialik) fassent surface. Sur un pied d’égalité au niveau intellectuel, ces deux personnages apportent du neuf, mais finissent par épuiser rapidement leur utilité dans l’acheminement vers la maturité. Seule l’aspect social les rend passionnantes, car ensembles elle défendent des valeurs de sagesse, à défaut de monopoliser un caractère sexualisé.
Le groupe d’amis séduit toujours le jeune public. « The Big Bang Theory » respecte et induit toutes les idées nécessaires liant les raisonnements scientifiques et la véritable culture humaine. Renversante d’épisodes en épisodes, la série n’épuise jamais ses références et dose agréablement ses running gags. Dans la lecture à double sens, entre la réalité et le fantasme, on s’abandonne dans une curiosité sans remord.