Classique. .
C'est un peu énervant cette propension des gens à 'kiffer' des films ou séries dès que cela apparaît un tantinet trash ou subversif ... Dès qu'on enlève la forme la série est quand même très moyenne...
le 29 juil. 2019
55 j'aime
14
Voir la série
A l'occasion de la descente de ma note de 8 (après avoir vu la première saison) à 7 (après m'être tapé les deux autres), ma petite critique de The Boys.
Comme on s'en doute à la lecture de ma première phrase, je commencerai par dire que c'est une série qui commence très bien, basée sur un concept très bien trouvé. Qui est d'imaginer un univers où, tout en existant réellement, les surhommes ("super-héros" allant mal à une série où ils ne sont que très rarement des héros) mèneraient des vies évoquant plus celles de star d'Hollywood ou de télé réalité, ayant été transformés en produits marketing par la multinationale gérant leurs carrières (et qui se révèlera également assez rapidement être pour encore plus que ça dans leur existence même), et qui tout en devant donner l'illusion de servir l'humanité passent leur temps à abuser de leurs pouvoirs pour satisfaire leurs désirs égoïstes, ne montrant généralement que mépris pour les humains ordinaires. L'un d'eux dont la compagne a été victime d'un "accident" impliquant l'un des surhommes les plus connus, étant le principal protagoniste de la série, qui avec d'autres humains presque aussi ordinaires, formera le groupe de non-super-héros The Boys pour s'opposer à leurs abus.
Le tout traité sous un angle satirique et iconoclaste, à l'opposé du philosophico-sérieux limite déprimant de Watchmen, l'autre œuvre qui vient à l'esprit quand on pense déconstruction du mythe des super-héros (assez amusant au passage de voir comment, tout en portant une réflexion négative sur le pouvoir et son adoration relativement similaires elles font des choix opposés sur à peu près tout, à commencer par comment la société réagirait à l'existence de super-héros).
Enfin donc, The Boys, au moins dans sa première saison a le coté jouissif d'une série qui n'hésite pas à cracher dans la soupe (des Marvel etc...), sait intercaler des moments vraiment dramatiques et de purs gags sans rien s'interdire (même pas mal d'humour assez graveleux il faut dire), et arrive à être réjouissante comme divertissement tout en portant des messages dépassant largement son cadre (ce qu'elle dit des super héros pouvant s'appliquer tout autant aux détenteurs de pouvoir réel que sont les célébrités en général, et la manière dont une entreprise les encadre évoquant celle dont le capitalisme est capable de récupérer et mettre à sa sauce tout et n'importe quoi). Et le tout enfin avec des personnalités, même de certains antagonistes, assez fascinantes de complexité, et quelque part attendrissantes tant on sent même les pires personnages être avant tout les produits et victimes d'un système. Non sans oublier d'être aussi à l'occasion très sévère avec certains de ses 'héros', comptant une majorité de personnages motivés par des envies de vengeance bien plus que par une recherche de justice.
Le problème étant que plus la série avance plus cette subtilité diminue, au profit d'une espèce de message politique on ne peut plus consensuel (enfin au moins dans les élites des villes côtières américaines, ainsi que dans le reste du monde civilisé), ne trouvant pour continuer à se donner un genre "subversif" iconoclaste et adulte que l'idée d'accentuer le coté humour graveleux (jusqu'à des scènes de partouze super-héroïques et un interminable running gag dédié à la zoophilie d'un personnage dans la saison 3).
Si évidemment le lien entre adoration de surhommes et fascisme est abordé dès la saison 1, la 2 porte le curseur de cette thématique à environ 33 sur 10 en faisant tenir le rôle de grande méchante à un personnage (presque*) ouvertement nazi, et le tout pour n'absolument rien dire plus de ce lien que dans la précédente où il s'établissait de manière plus subtile. Le tout en arrivant à être aussi plat niveau message qu'un tweet #resistance évoquant les torts de Donald Trump.
Quant à la saison 3, elle fait disparaitre ce qui pouvait rester de nuance aux principaux personnages, et la réflexion sur le pouvoir en lui-même ou la manière dont des sociétés capitalistes l'exploiteraient (avec au passage un énorme gaspillage de Giancarlo Esposito, débarqué de chefs d’œuvres comme Breaking Bad et Better Call Saul pour jouer le pdg de la fameuse société, uniquement pour qu'il s'en fasse évincer au bout d'à peine 3 épisodes, ayant échoué à mettre en œuvre le moindre de ses plans machiavéliques).
Le tout au profit de thématiques n'évoquant que la peu subtile manière hollywoodienne de ces dernières années d'aborder des thèmes "guerre culturelle". Du style faire des personnages principaux masculins de purs produits de leur masculinité toxique incapables de résister à l'attrait d'acquérir les pouvoirs des surhommes qu'ils condamnaient jusque là, tandis qu'il ne semble y avoir aucune réflexion sur la détention de pouvoirs similaires appliquée aux féminins (y compris un personnage dont le spectateur est invité à célébrer qu'elle "se réconcilier avec sa nature" consistant à avoir des pouvoirs -n'ayant pourtant rien de naturel comme on l'a appris dans les saisons précédentes- convenant à la tueuse qu'elle a toujours été au fond d'elle même). Et comme intrigue secondaire placer une histoire de super-héros raciste (et de surhomme noir jusque là purement superficiel et cynique que l'existence de cet antagoniste conduira à -un peu- évoluer). Le tout faisant très cahier des charges "on va mettre un truc un peu post-metoo à la Captain Marvel et un truc un peu BLM, des fois que le public n'ait pas encore compris qu'on est progressistes, malgré les réguliers parallèles que nous faisions déjà entre le culte de notre principal méchant et celui de Donald Trump".
Après ça n’empêche pas que ça se laisse toujours regarder, et reste plutôt drôle (enfin pour qui a un gout pour le type d'humour évoqué plus haut, et peut supporter la longue liste d'actes de cruauté gratuite qui accompagne le noircissement des jadis un peu plus subtils méchants). Mais ça aboutit à quelque chose de très en dessous des espérances que pouvaient donner la première saison, que ce soit en matière de complexité des personnages ou de férocité d'une satire qui ne s'autorise plus à taper sur tout le monde ; ou du niveau de réflexion que le tout pourrait entrainer (la série est en gros descendue d'un registre passant de la philosophie sur le pouvoir et la célébrité en général, portée par une vision féroce de la société dans son ensemble, à des thèmes découlant de l'actualité politico-culturelle américaine et dont le traitement est à peine plus original que ce qu'en feraient Marvel ou DC, les histoires de super-héros classiques que la série était censée à l'origine subvertir).
* ("presque" parce que bien qu'elle soit carrément appelée "Stormfront", en hommage à un média néo-nazi célèbre, les auteurs trouvent tout de même le moyen de traiter comme une révélation qu'elle en soit "finalement" une, les autres personnages parvenant à ne s'en rendre compte qu'après plusieurs épisodes).
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleures séries avec un anti-héros et Les meilleures séries des années 2010
Créée
le 5 nov. 2022
Critique lue 16 fois
1 j'aime
D'autres avis sur The Boys
C'est un peu énervant cette propension des gens à 'kiffer' des films ou séries dès que cela apparaît un tantinet trash ou subversif ... Dès qu'on enlève la forme la série est quand même très moyenne...
le 29 juil. 2019
55 j'aime
14
Si plusieurs comics (Watchmen, The Dark Knight Returns, Planetary) et films (Kick-Ass, Super) se sont déjà risqués à désacraliser la figure super-héroïque, le vaste monde des séries télés compte...
Par
le 9 août 2019
54 j'aime
14
Je suis assez partagée. La proposition de départ de la série est assez intéressante et originale, elle se démarque clairement des séries habituelles sur les superhéros. Les superhéros des Seven de...
le 7 août 2019
53 j'aime
3
Du même critique
Il était blanc et il était indien. Il était grand et petit. Un honnête homme et un escroc vendeur de potions miracles. Un bigot évangéliste et un homme à femmes. Un petit entrepreneur ne rêvant que...
le 11 déc. 2017
8 j'aime
3
Qui n'ont l'air de ... rien de tout, sont sans aucune prétention, apparaissent comme une comédie de mœurs comme il y en a mille, en plus par un réalisateur qu'on trouve plutôt médiocre (à part Le...
le 26 nov. 2017
7 j'aime
... vous ne pouvez qu'adorer cette série sur l'arrivée du crack à L.A. Snowfall c'est un peu Traffic de Soderbergh rencontre Breaking Bad rencontre The Wire rencontre les films de Scorcese rencontre...
le 25 nov. 2017
6 j'aime
5