Le chamanisme est un thème qui a déjà été très bien exploité par le cinéma coréen (The Strangers) mais que je n'avais jamais vu encore dans un drama. The Cursed est ainsi le seul à ma connaissance à en faire son sujet principal.
Tout d'abord, une courte définition :
Le chamanisme se présente comme une pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits. [...] Le chaman pratique des rituels en vue d'apporter des soins, d'attirer la fortune, de communiquer avec les esprits des forces de la nature et des morts.
Le chamanisme, le plus ancien système de croyance de Corée, est encore perçu comme une "religion naturelle" dans l'ère moderne. On y compte environ 50 000 chamanes. C'est donc suffisamment populaire pour pouvoir s'intégrer dans une œuvre cinématographique crédible à mon goût, au contraire des délires autour de l'immortalité qui font l'objet de nombreux dramas.
On peut d'ailleurs le voir avec cet article ci-dessous qui est un bon préambule à The Cursed : Corée du Sud : sous la façade ultramoderne, un chamanisme très vivant (France Inter, 2014). Ou encore dans le scandale ayant entouré l'ex-Présidente destituée Park Geun-Hye (Le Monde, 2016).
Le chamanisme se retrouve en effet utilisé pour rapporter prospérité à l'entreprise Forest et à son dirigeant Jin Jong-Hyun, joué par un toujours aussi excellent Sung Dong-Il dans un rôle de psychopathe adepte du chamanisme. Cette religion est amenée de façon plutôt cohérente dans l'Histoire. Les cérémonies sont moins travaillées visuellement que les quelques-unes du film de Na Hong-Jin mais toujours suffisamment captivantes à mes yeux.
Au-delà des enjeux présents autour des manœuvres secrètes de la société Forest, on a également une bonne contextualisation en revenant dans le passé des personnages pour nous éclairer progressivement. Jin Jong-Hyun a en effet obtenu ses premiers esprits démoniaques lors d'une cérémonie par une chamane mère de Baek So-Jin, aujourd'hui adolescente et toujours possédée par des esprits.
En revanche je donne un bémol au drama pour avoir été encore plus loin, peut-être un peu trop, en popularisant cette dimension spirituelle à un réseau social créé par la compagnie Forest. C'est l'axe utilisé par The Cursed pour en venir à un sujet convenu sur la haine que les gens peuvent porter aux autres dans la société. En éloignant le chamanisme d'un domaine d'application plus confidentiel, c'est tout de suite moins crédible.
De manière générale, The Cursed reste un très bon drama avec une mise en route très rapide. C'est seulement à partir de mi-saison (épisodes 7-12) que la lassitude s'est un peu installée mais rien de bien méchant. Pour son thème rare, compliqué et néanmoins bien mis en place, The Cursed mérite une distinction.