The Devil's Whore est une mini-série qui retrace le parcours d'Angelica Fanshawe (Andrea Riseborough) durant la Première Révolution Anglaise (1642-1653-1659). Angelica, très libérée pour son époque, doit son surnom, "la Putain du Diable", à ses visions d'un être démoniaque (dans son enfance, notamment) et ses idées jugées blasphématoires et outrancières dans une Angleterre puritaine. De plus, ses mariages et ses relations avec différents hommes doivent bien jouer. Elle va se retrouver à croiser Oliver Cromwell (Dominic West), Thomas Rainsborough (Michael Fassbender qui depuis s'est fait une solide carrière hollywoodienne), Edward Sexby (John Simm), John Lilburne (Tom Goodman-Hill) et même Charles Ier (Peter Capaldi) qui, on le comprend, a fait office de tuteur pour la jeune femme et est responsable de son premier mariage avec son cousin, Harry Fanshawe, qu'il condamnera à mort lorsque ce dernier n'arrivera pas à calmer les tensions de la guerre civile. Angelica Fanshawe va devenir la maîtresse puis l'épouse de Rainsborough et Sexby et va être poursuivi par un homme qui lui reproche la mort de son frère et veut la pendre (du reste, la seule fois où il réussira, Angelica sera ranimée juste après que la corde lui soit coupée). Finalement, après avoir un temps essayé de changer les choses et avoir manqué de se faire tuer pour ça, Angelica Fanshawe va se cloîtrer dans son château, enceinte de son dernier mari (Sexby, le seul homme qui l'aimera du début à la fin) et seule face aux royalistes qui pleurent la mort de leur roi et lui reprochent d'avoir abandonné leur cause (le mec l'a chassé et fait tuer son premier mari sous un coup de tête mais ouiiii, elle allait lui rester fidèle !) et Cromwell qui, de par ses affiliations (à Rainsborough et Sexby) et ses idées, la voit comme une potentielle ennemie pour son régime.
L'histoire, peut-être brouillonne, est mignonne et donne une vision assez simplifiée de cette période de l'Histoire anglaise. Le principal problème est son format: deux épisodes pour retracer une quinzaine d'années et des péripéties qui devraient s'étirer pour être correctement traités. Si vous avez lu ma critique sur The Dovekeepers, vous comprendrez sans aucun problème ce que je veux dire: on sort frustrés de deux heures de visionnage. Si vous êtes britanniques, vous regrettez que la série ne parle pas plus longtemps de figure mythique comme Cromwell ou Sexby (et ne soit pas plus fidèle historiquement parce que Sexby ne meurt pas du tout comme je le croyais, en vrai !). Si vous êtes d'une toute autre nationalité (française, par exemple) vous regrettez que la série ne vous explique pas mieux qui était qui et ce qu'ils ont fait ! Sans parler du fait que quatre histoires d'amour en deux heures... ça fait beaucoup et c'est triste de ne pas en profiter davantage ou de prendre le temps d'apprécier chacune d'elle pour ce qu'elle est et apporte à la jeune fille.
L'évolution des personnages devient donc bancable car beaucoup trop rapide et, comme le contexte historique est survolé, on se perd, on ne comprend plus à quel moment on est, les idées de l'époque, etc...
Et l'histoire d'amour principale (celle entre Sexby et Angelica) n'est développée qu'en une demi-heure, avec, en plus, une quinzaine de minutes au total pour nous titiller. Résultat, on est très frustré et on aimerait voir un peu plus... en fait, toute la série nous frustre car on voudrait voir "un peu plus"... Quand au diable, thème qui est sensé défiler durant toute la série, nous découvrirons que ce n'est pas un élément fantastique, on l'oublie facilement -voire c'est quoi le rapport avec l'histoire ? Angelica ne semble être qu'une gamine quand elle répand, malgré elle, la rumeur qu'elle le voit et c'est même étonnant que cette rumeur perdure une fois adulte- et ça fait plus visions schizophréniques qu'autre chose ! Et si c'est pour avoir ces magnifiques effets spéciaux d'une créature difforme... on s'en passerait bien ! Avec le titre et la bande-annonce, j'avais quand même cru qu'elle est médium et que ça allait jouer dans ses histoires de sorcellerie ! Pas qu'on allait devoir inventer une histoire abracadabrante pour justifier la réputation et de putain et de sorcière !
Les méchants sont soit mal exploités voire pas du tout développés -un comble pour Cromwell qui est quand même l'instigateur de cette révolution et le responsable de son déroulement !- soit totalement caricaturaux et clichés -notamment le marchand qui veut se venger de la mort de son frère, magnifique cliché du "méchant qui martyrise notre héroïne alors qu'elle n'a rien du tout, oh la pauvre chérie, snif !", et qui est, selon moi, inutile à l'histoire !
Du reste, la série est un bon visionnage, vous ne regretterez pas d'avoir perdu deux heures, malgré ses défauts qui me font bien enrager.