Avec un sujet original et intéressant à la base, la série « The English Game » se perd malheureusement en cours de route.
Commençons par le contexte de la série. Ici nous est dépeint une Angleterre de la seconde moitié du XIXème siècle en pleine révolution industrielle. Dans laquelle le football, jeu pratiqué depuis plusieurs siècles, entame sa structuration (création des lois du jeu, des premiers clubs, première fédération, etc.) et sa popularisation pour devenir le sport mondialement pratiqué et suivi que l’on connaît aujourd’hui.
On a donc une très bonne idée de base qui est de créer une série nous permettant d’aborder deux sujets au sein de l’époque victorienne. D’une part les débuts du football et d’autre part la relation entre les différents individus et classes qui le pratiquent, nous permettant de mieux appréhender les luttes sociales façonnées par la révolution industrielle.
Le réel sujet de la série c’est donc le contraste entre les gentlemen, issues de la bourgeoisie, à l’initiative de la création des règles du football et également gérants de la Football Association. Et la working class participant également à la FA Cup pour qui le football est une réelle échappatoire des usines où ils passent la plupart de leurs temps dans des conditions de travails difficiles et pour un salaire leur permettant à peine de vivre décemment.
Voilà, les bases sont posées et c’est donc dans ce contexte historique que l’on se place. Dans l’ensemble ce sujet est bien traité et je trouve qu’on arrive plutôt bien à nous faire passer les idées de luttes sociales qui concernent cette époque et également l’importance qu’à ce sport aussi bien pour les gentlemen que pour la working class.
Mais malheureusement, si vous pensez qu’en seulement six épisodes vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer car il y a tellement de choses à dire sur cette période-là étant donné la façon dont le football et le contexte social et politique sont intrinsèquement liés, eh bien je suis désolé mais si, on s’ennuie même beaucoup.
Et parce que, dans un premier temps une bonne partie des épisodes de la série est consacré à un autre sujet où sont développés deux ou trois intrigues secondaires. C’est celui du rôle des femmes dans cette société. Bien qu’intéressant et important, la série ne fait absolument aucun lien entre ce sujet et celui pour lequel on a commencé à la regardé après avoir lu le synopsis ou regardé la bande annonce : le football. Du coup on nous montre dans un premier temps que la bourgeoise ne sert qu’à enfanter (je grossis un peu les traits), que les mères célibataires sont des parias au sein de cette société, etc. Le seul moment où ont fait un lien entre elles et le football c’est lors des repas bourgeois où elles sont bassinées par leur maries qui ne parlent et pense qu’au jeu.
Bref, c’est dommage que la série s’éparpille sur de trop nombreux sujets et intrigues alors que le format est très court et qu’il y a tellement de choses à dire sur le sujet de base. On aborde par exemple la question entre l’amateurisme et le professionnalisme réellement qu’au dernier épisode et on bâcle la question en seulement dix minutes en la justifiant par l’iniquité existante entre les deux classes. Mais bordel le sujet il est là ! Tellement frustrant...
Mais le gros point négatif de cette série, c’est son manque d’originalité. On s’aperçoit très vite qu’on rentre dans un schéma de narration très classique et terriblement ennuyant. Les personnages manquent cruellement de nuance et leurs actions n’ont que peu d’impact. On n’hésite pas à sortir les violons à tous bout de champ, les soucis sont vites oubliés, les remontadas sont légion, les actes n’ont aucune conséquence, tout le monde fini toujours par s’entendre à merveille et enfin tout est prévisible d’A à Z !
Malgré tout, j’ai aimé les matches de foot qui sont agréables et sympas à suivre. Ainsi que la direction artistique (costumes, lieux, etc.). J’ai également apprécié les quelques plans sur les paysages d’Écosse et d’Angleterre avec notamment les plans aériens lors des voyages en train.
Dommage donc pour cette série qui m’aura déçu sur un sujet qui m’intéresse particulièrement.
D’ailleurs, en parallèle je lis le livre Une histoire populaire du football par Mickaël Correia dont les premiers chapitres parle de cette histoire et de cette période. Vraiment très intéressant et c’est peut-être aussi ça qui m’aura rendu plus exigeant envers la série « The English Game ».