J'ai sélectionné "Zero no Tsukaima" parce que je voulais suivre une série de base avec à la fois l'heroic fantasy et le fan service érotique permanent. Je voulais un peu comprendre les codes. Cette série a passé le cap de la sélection, parce que l'histoire est bien de prime abord, parce qu'il y a des qualités malgré tout. Le fan service érotique ne me tente pas du tout, je voulais juste voir jusqu'où va une telle logique dans les séries où il ne bascule pas dans ce qu'on appelle le "ecchi". Contrairement à beaucoup d'avis sur cette série, j'aime bien le personnage de Louise. Je trouve le mot de "tsundere" un peu passe-partout, car il est employé pour des femmes qui n'ont pas le même caractère, j'ai pu remarquer. Louise fait cliché comme "tsundere" fragile, mais il y a plusieurs points forts. D'abord, c'est de loin l'un des plus beaux visages féminins dans les animés japonais, même s'il reste encore quelque peu enfantin. Ensuite, elle a une raison pour manquer d'assurance, elle semble tellement nulle en magie qu'elle est surnommée la zéro et est mal socialisée dans son école de magie. Ceci dit, la série abandonne complètement cette veine. Elle manque d'assurance parce qu'elle a un passé, mais l'histoire la fait évoluer sans la remettre dans des conditions difficiles comme au début, ce n'est plus relancé, il n'y a pas non plus une mesure prise de son évolution, c'est juste qu'elle est fragile parce que dans les trois quatre premiers épisodes elle a tel passé qui nous a été exposé. Enfin, le dernier atout du personnage, c'est que, dans son mal-être, elle a une belle noblesse d'âme qui ressort et qui contraste complètement avec la gratuité des situations érotiques qui se multiplient. Toutefois, l'auteur est pris dans un piège mécanique du gag à répétitions. Tout au long de la série, rien n'avance réellement dans la relation de Louise à son familier. Il renonce à retourner dans son monde, il lui jure fidélité, il se marie, mais ce n'est pas ça dépeindre la subtile évolution de personnages. Jusqu'au dernier épisode, leur relation est bâtie sur les mêmes ressorts, sauf que le gag est le même, il ne se rafraîchit pas, ne devient pas subtil dans une alchimie à d'autres éléments. La série avait pourtant du potentiel puisque Louise attend de son familier qu'il soit sérieux et que cessent les rivalités, cela aurait été autrement plus intéressant que le comique de répétition. La série joue sur l'idée de harem autour du héros, mais avec une anomalie patente pour un personnage, celui de Kirche qui sans raison se retrouve sur la touche. Tant mieux après tout, ça nous évite bien des scènes de mauvais goût. Même si c'est fortement contradictoire avec les appétits débordants de Kirche dans les premiers épisodes, il y a même un plaisir à la voir se retirer, ne plus faire partie du harem et rire malgré tout avec sympathie des déconvenues de Louise, c'est un peu une amie fidèle qui se révèle et le personnage mature qui se distancie de héros plus jeunes. Là, c'est bien vu. En revanche, il y a un délire maladroit sur les grosses poitrines informes d'une elfe et d'une servante, celles-ci se balançant d'une manière parfaitement disgracieuse. C'est aussi absurde et anti-érotique que de fantasmer sur les culottes des joueuses de tennis. Par ailleurs, l'action s'arrête très souvent pour consacrer un, voire plusieurs épisodes à la suite à des histoires de harem sans imagination, où l'humour ne se renouvelle jamais.
C'est bien dommage. Pour le reste, la série s'inspire du modèle de Harry Potter en partie, elle crée un monde gag autour de la culture française, elle exhibe des tas de choses amusantes, au moins pour un jeune public. On a un dragon dont les écailles sont rouges comme de la lave en fusion, etc. On a un mélange qui passe bien entre, d'un côté, le monde merveilleux de la magie et des monstres, de l'autre, le monde du héros, puisque quelques armes de son monde se sont retrouvées là-bas : avions, sorte de bazooka, etc Certes, ça s'inspire de modèles, mais ç'aurait dû tenir la route si ça n'avait pas été gâché maladivement par du fan service érotique gnangnan. Si j'ai fait cette critique, c'est que Louise pose un problème, elle est née de l'idée de faire de l'érotique, de mettre une tsundere fragile pour le fan service, mais elle a un énorme potentiel pour une histoire de romance et d'heroic fantasy. Il y a ses doutes sur' elle-même qui doivent se calmer, sa pudeur en conflit avec ses fantasmes érotiques, son orgueil et sa fierté de noble en conflit avec ses penchants amoureux, sa très grande droiture en tout domaine alors que son compagnon échappe à son contrôle et qu'elle a des rivales parmi ses amies les plus chères. Outre le cas Tabitha un peu anecdotique, il y aurait un vrai truc à approfondir sur sa rivalité avec la reine qui en demeure à des gags où la perversité évidente de la reine tende sans aucun doute à la rendre fort sympathique malgré son manque de morale. Le fort potentiel de Louise est né du projet d'érotisme de la série, mais il aurait pu à un moment donné s'en dégager, s'épurer, et ça n'a pas été fait. Quant au héros principal, on peut le trouver sympa et cabotin, mais il est forcément mal conçu et détestable, puisqu'il joue sur les deux tableaux : il est à la fois pervers, tourné vers le harem quoi qu'il dise, il a souvent des propos insultants pour Louise, et de l'autre il est l'amoureux fidèle qui la protègera, dualité qui n'est pas très cohérente. Quant à l'action, elle est maladroitement raccourcie parfois. Dans le royaume de Gallia, la fin est un peu expéditive et tourne un peu court avec le quatrième magicien du néant et son familier, alors que l'histoire pourtant a été assez bien conduite. Dans tous les cas, même bien conduite, l'action serait celle d'un shonen basique pour un public jeune.