Avant de partir coloniser Mars, il y a de nombreux problèmes humains à traiter et à régler, et c'est à ce point que The First s'intéresse tout particulièrement avec talent. Critique sans spoilers.
La véritable rentrée des séries n’a lieu que cette semaine, mais quelques nouveaux shows ont déjà démarré ces dernières semaines, comme le rappelle d’ailleurs notre guide des nouvelles séries à commencer en cette fin 2018. C’est notamment le cas de l’excellente Kidding (Kidding : notre avis sur la série avec Jim Carrey qui va secouer votre rentrée), mais aussi de The First, dont il est question ici.
Diffusée logiquement en une seule fois par le service de streaming Hulu (et bientôt par OCS chez nous), nous avons dévoré la première saison de 8 épisodes de la série à toute vitesse. Pour pouvoir proposer cette critique (toujours sans spoilers) au plus vite bien entendu, mais aussi parce que nous l’avons fortement appréciée. Et pourtant, il apparait très vite que le show n’est pas exactement ce que la bande-annonce promettait.
Une série sur Mars qui garde les pieds sur Terre
Dans cette série créée par Beau Willimon (House of Cards), nous sommes dans un futur proche à l’aube de la première mission humaine vers Mars. C’est la société Vista (coucou SpaceX), dirigée par Laz Ingram (Natascha McElhone), une sorte d’Elon Musk au féminin, qui est chargée de porter cet exploit, notamment avec l’aide de l’astronaute chevronné Tom Hagerty (Sean Penn).
La promesse initiale est la suivante : The First explore les challenges à accomplir pour que ce rêve de colonisation interplanétaire devienne une réalité. On s’attend alors à beaucoup de passages techniques à la NASA et dans l’espace (et il y en a, heureusement), mais finalement une vaste majorité de l’intrigue se déroule ailleurs, et notamment au cœur des familles tourmentées des héros. En effet, il est surtout question d’explorer “l’esprit humain”, et pas uniquement quand cela concerne directement Mars.
Si la majorité des problèmes des personnages explorés dans la série sont logiquement liés de près ou de loin à cette mission de colonisation, cela n’a finalement que peu d’importance tant les sujets abordés sont universels et pourraient être transposés ailleurs. Deuil, addiction, maladie, sacrifice, loyauté, relations… beaucoup de choses sont traitées avec une réelle justesse et cela permet de pardonner l’aspect secondaire que prend finalement Mars. Il faut aussi dire que le casting fait très bien son job — mentions spéciales aux deux célèbres acteurs déjà cités, mais aussi aux bouleversantes Hannah Ware, Lisa Gay Hamilton et Anna Jacoby-Heron pour ne citer qu’elles — et que la série respire la maîtrise sur le fond comme sur la forme.
La réalisation est très solide, les dialogues sont bien écrits et permettent de rapidement s’attacher aux personnages et à leurs proches souvent pleins de nuances, le rythme maitrisé permet de rarement voir le temps passer malgré la lenteur globale de la série qui prend son temps, et le travail sur le son est à souligner tout particulièrement (les lourdes nappes de musique méritent notamment une écoute au casque). L’utilisation de la “technologie du futur” (réalité augmentée et virtuelle, commandes vocales…etc.) est également bien équilibrée pour ne pas en faire trop, mais juste ce qu’il faut.
Finalement, le principal point que l’on pourra reprocher à la série (mais c’est une question de goût ici) est son utilisation de temps en temps de passages un peu trop mystiques, lyriques et décalés par rapport au réalisme du reste ; que cela passe par une voix off qui tente de philosopher sans grande finesse ou par des images issues de documentaires animaliers qui un peu comme dans (le très mauvais, c’est gratuit ça fait plaisir) film Lucy de Besson, n’ont pas grand-chose à faire là et n’étaient pas nécessaires pour comprendre la volonté des personnages de faire avancer l’Humanité malgré les coûts et obstacles.
The First : tl;dr
Hulu n’a pas encore annoncé si une saison 2 de The First serait produite, mais cela ne serait pas forcément nécessaire. Non pas que la première saison soit mauvaise, bien au contraire, mais son déroulé et sa fin sont suffisamment satisfaisants pour pouvoir s’arrêter là sans frustration. Cela dit, avec son excellente construction de personnages et ses nombreux arguments la série donne envie de voir la suite des aventures spatiales et humaines de nos héros et s’il devait y avoir de nouveaux épisodes nous serions au rendez-vous sans faute.
Critique originale : https://www.begeek.fr/the-first-notre-avis-sur-une-serie-ou-une-planete-peut-en-cacher-une-autre-292209