The Get Down
7.3
The Get Down

Série Netflix (2016)

Voir la série

J'ai eu vent de l'existence de cette série via un article sur le net, la présentant comme une série sur la naissance du Hip-Hop. Étant un grand passionné de Hip-Hop, particulièrement de Hip-Hop nord-américain, et de son histoire, j’étais obligé d'y jeter un œil (et une oreille), malgré un teaser ne laissant rien présager de bon.


Cette série (tout du moins jusqu'ici : les 6 premiers épisodes) est un grand foutoir d'idées diverses ayant à mon avis pour but de viser une audience la plus large possible, de ménager la chèvre et le chou, et donc au final, de ne contenter pas grand monde. Cette demie-douzaine d'épisode nous sert du kung-fu, des gangs, de la politique politicienne, du deal, du scratch, du mceein', de la mafia, du disco, une histoire d'amour à la Roméo et Juliette, des relations conflictuelles avec les parents, l'industrie du disque... Chacun de ses éléments sur un ou plusieurs épisodes. Bref, on ne sait pas où va la série à part peut-être nous raconter cette histoire d'amour (edit : Ah ! Un des deux créateur n'est autre que le réal du teenage movie "Roméo + Juliette", ceci expliquant donc cette impression de recyclage).


Le casting au niveau des premiers rôles est limité, Justice Smith a.k.a. Zeke manque cruellement de présence à l'écran, Shameik Moore a.k.a. Shao n'a aucun charisme alors qu'il est censé représenter une légende du graffiti et un dur à cuir (en partie en devenir). Seule Herizen Guardiola a.k.a. Mylene est convaincante quoiqu'un peu caricaturale dans son rôle. Pour le reste du casting, vu la quantité, il y a forcément du bon et du moins bon. Mention spéciale à Jimmy Smits a.k.a. Francisco "Papa Fuerte" Cruz qui tient très bien son rôle. Pour continuer à parler du casting, on peut remarquer la présence exclusive de jeunes femmes au corps "parfait" pour les rôles de moins de 30 ans (voir 40 ans), ras-le-bol de cette uniformité des "canons de beauté" dans les série/films grand public, ça en devient lisse.


Les costumes sont tous très caricaturaux, notamment dès que l'on sort de l'univers Hip-Hop, et l'on se croirait dans un épisode de l'émission Soul Train où tout le monde est sur son 31. Le mélange image d'archives avec images tournées pour l'occasion est très visible, que ce soit en termes de qualité d'image et de ce qui y est représenté. Je ne sais pas si c'est un parti pris, mais je pense que c'est un défaut puisque cela montre que l'univers créé pour l'occasion n'est pas assez proche du réel de l'époque. Les plans reconstitués avec incrustation de décors/paysages sont très facilement décelable ce qui nous sort de l’immersion.


Enfin, l'univers représenté, notamment concernant la culture Hip-Hop est assez catastrophique. Le Bronx y est très caricatural, notamment sur ses terrains vagues/abandonné/détruit. Je n'ai pas la prétention d'avoir connu ce Bronx là, mais des quelques films documentaires que j'ai pu voir qui montrent le Bronx de l'époque, il ne s'agissait pas d'un champ de bataille avec un ou plusieurs immeubles en feu à chaque bloc. Le tout était un peu plus diffus.
À plusieurs reprises Zeke (ou d'autres, comme Ra-Ra Kipling et son fast-flow à l'avant dernier épisode) rappent d'une manière qui n'arrivera que plusieurs années après, parfois même une bonne dizaine d'années plus tard. Une critique identique semble pouvoir être émise à propos de certains scratchs/mixs exécutés.
Les plans représentant Zeke à notre époque rappant avec un doublage du rappeur Nas sont catastrophiques, l'illusion est nulle.
Des quatre disciplines du Hip-Hop, le break est la grande absente de cette série alors qu'elle fut quasi seule en premier plan dans les premières années (avec le graff).
Les premières bloc-party ne se déroulaient pas exclusivement dans des buildings à l’abri des regards, réservés à des initiés ou bien informés, mais aussi dans des parcs ou dans la rue, en utilisant l’électricité de l'éclairage public pour alimenter les sonos.
Concernant le kung-fu et l'imagerie art-martiale asiatique, on dirait une repompée de l'identité du Wu-Tang, qui n'arrivera qu'en 1993...


Si vous êtes intéressé par la culture Hip-Hop de cette époque, fin 70's début 80's, je ne saurai que trop vous conseiller à la place de cette série plutôt médiocre donc, le très bon film "Wild Style", l'excellente série BD "Hip-Hop Family Tree" ou le très bon livre de Jeff Chang "Can't Stop, Won't Stop".

Suvann
4
Écrit par

Créée

le 24 sept. 2016

Critique lue 3.1K fois

21 j'aime

4 commentaires

Suvann

Écrit par

Critique lue 3.1K fois

21
4

D'autres avis sur The Get Down

The Get Down
FuckCinephiles
8

Critique de The Get Down par FuckCinephiles

(Critique - sans spoilers - de la première partie de la saison 1) Tout part d'un projet aussi fou qu'alléchant sur le papier : mettre en image avec passion et réalisme, la naissance du hip-hop dans...

le 16 août 2016

32 j'aime

2

The Get Down
Suvann
4

Not down with The Get Down

J'ai eu vent de l'existence de cette série via un article sur le net, la présentant comme une série sur la naissance du Hip-Hop. Étant un grand passionné de Hip-Hop, particulièrement de Hip-Hop...

le 24 sept. 2016

21 j'aime

4

The Get Down
ultr4
7

Pour terminer les vacances

On commence sur l’effet ‘putain ça claque’, parce que, ouais, putain, ça claque. Chaque plan, chaque décors, chaque cadrage, chaque mouvement, chaque couleur, est une leçon de style, un clip à la...

le 22 août 2016

15 j'aime

1

Du même critique

Dr. Octagon
Suvann
10

Viens voir le vrai docteur. Non, n'ai pas peur.

Cette chronique date de 2006, et mériterai, je pense, d'être totalement réécrite. En 1996 Kool Keith (Keith Thornton de son vrai nom), ancien membre du groupe old school Ultramagnetics MC's, sort son...

le 24 janv. 2016

10 j'aime

Merci Patron !
Suvann
10

Merci François ! Merci les Klur !

François Ruffin, rédac chef de Fakir, part dans le Nord de la France enquêter sur les anciennes usines textiles du groupe LVMH. De fil en aiguille il rencontre les Klur, un couple de cinquantenaires...

le 30 mars 2016

6 j'aime

Problemos
Suvann
4

Malos

En me perdant à midi sur Youtube, je suis tombé sur un extrait d'interview d'Éric Judor à la radio, exprimant son insatisfaction face à la qualité générale des films humoristiques en France. Constat...

le 23 juil. 2018

5 j'aime