Une jeune étudiante en droit décide de marchander son corps avec des hommes riches moyennant finance dans une grande ville américaine : voilà le portrait de la prostituée moderne, indépendante, occasionnelle, cultivée, bien éduquée qui se vend cher, sélective, déterminée, ambitieuse, et addictive pour certains hommes, la confidente au grand cœur et à l'esprit large tant que les dollars escomptés sont dans l'enveloppe, l'escort en mode girlfriend experience, la petite amie de secours exposée aux confidences et qui prodigue les gâteries que l'épouse abhorre, l'idéale concubine en milieu professionnel agité, l'amante chic et class, la compagne récréative, la poule de luxe pour magnat. La jeune fille choisit et assume, gère son planning, vire sa maquerelle dès le départ, tisse son réseau, soigne sa clientèle, fait le ménage sans état d'âme quand un client est à sec, quand il devient lourd, louche, mène sa petite entreprise de sexe entre son stage dans un cabinet d'avocats et ses cours à la fac : toute une organisation qui semble filer droit jusqu'au jour où le cloisonnement souhaité devient difficile à tenir, quand sa vie d'escorte affecte ses autres vies, quand des télescopages se produisent et perturbent la belle mécanique. La série devient passionnante de ces dérèglements de l'horlogerie parfaite mise en place dans les premiers épisodes : la démonstration de la froideur, de l'ambition de Christine cèdent à sa parano au cœur d'un monde où le contrôle de l'information de soi et des autres devient l'enjeu majeur. Autrement dit comment Christine adapte ses actes, adapte ses masques, comment elle réagit pour (sur)vivre ses alias, les assumer, les assurer , comment la jeune fille pornographe exigeante survit au coeur de son réel et à côté de son virtuel.