Déjà, pour ce genre de série, il faut avoir développé une tendance pour un appétit presque compulsif pour les décors dénudés style appartements-témoins et donc avoir l'imagination de se figurer comment combler le vide, la cuisine s'équiper d'appareils ménagers, imaginer la vie surgir de la chambre des enfants, la salle de bain avec une machine qui nettoie les vêtements englués de sang, etc.
Sinon il faut s'inscrire dans l'optique inverse de ne percevoir qu'une succession de pièces inoccupées, qui résonnent en vain, avec l'odeur presque neutre du plâtre encore frais, etc;
Il s'agit d'une grand métaphore.
Mini-série facile à binge-watcher en une après midi pluvieuse, une soirée dominicale, peu importe, The Girlfriend Experience reste la promesse de ces grands espaces vides presque monochromes, déclinaison d'un camaïeu grisâtre dont les couleurs ont été toutes retirés en même temps que les émotions, soit l'exact inverse que de laisser traîner une chaussette rouge dans une tournée de linges blancs.
Encore une métaphore, regardez, je cligne de l'oeil !
Christine Reade (Riley Keough) comble son ennui en devenant escort, avec la vague promesse d'une étude sociale, sinon psychologique. Pourtant, serein, l'un des petits chefs de cette entreprise décide de noircir modèle document classifié de la CIA tout le scénario d'éventuels scènes avec du sens, quelques semblants d'explication soit parce qu'il juge que le public super mature va tirer des traits de points qu'il esquisse et faire sa propre histoire soit que l'équipe de scénaristes chevronnés n'écrit que lors de lendemain de cuite et n'a rien à raconter. Au choix.
Parfois, une idée surgit du pool de scénaristes en attendant que soit livré la pizza hawaïenne et ils envoient vite-fait un texto au metteur en scène, super occupé à filmer les multiples scènes de copulation mécaniques, cliniques avec aucun comédien qui ne perd un gramme, dépense une calorie, ne sue, rien. Les comédiens ont pour consignes de jeu de se figurer en train de passer du bon temps à un guichet de la Sécu, à croire, vu leur passion toute relative proche d'un réflexe cadavérique.
Du coup, soudainement au hasard d'une scène, par le plus grand étonnement des petits gars du banc de montage survient un début d'arc narratif sur les milliers de clients de notre Christine Reade, la même qui commence à percevoir un énorme complot dans son cabinet d'avocats, puis
elle noue la naissance d'une relation familiale avec des parents qui débarquent à l'avant-dernier épisode, pareil que la famille de son boss qui a pourtant bouclé sa semi-intrigue.
Ensuite, nos petits amis du pool de scénaristes doivent sans doute entamer un tournoi de beer-pong ou de flipper avec l'autre équipe chargée d'écrire la saison huit de The Walking Dead, mais qui erre le plus clair de la journée dans les couloirs, la tête contre la vitre et un dernier qui photocopie le comics en changeant les noms.
Au final, les gars du montage empilent un petit millions de scènes sous la douche avec full nudity, et des acteurs qui marchent à l'infini dans des grands espaces vacants, bureaux, hôtel, appartement, couloir, etc. Ils désaturent une millième scène de sexe pour remplir un quota quelconque, faire genre.
Métaphore, je plaque carrément ma paume sur mon œil, fait des lourdes grimaces...
Christine Reade aussi froide et émotive qu'un Terminator en panne, se déshabille encore et encore, en compilant les clichés super cramés, ses études se résument à assister à des cours en amphi, sa copine opte pour le carré plongeant plutôt que blonde incendiaire pour incarner la manipulatrice, il se trame des lourdes malversations dans les cabinets d'avocats tellement secret qu'une stagiaire peut les cramer avec un peu d'astuce et d’espièglerie, etc.
Il devient difficile de distinguer un personnage dans la masse des figurants qui occupent le poste de client de notre très chère et tendre, les dialoguistes nous persuadent qu'elle s'éclate dans cette vie nouvelle, avec quelques larmes pour chopper un Emmy mais dont personne ne pige l'intention.
Le sujet prête tellement à la critique sociale, au drame existentiel, à la moindre réflexion sur le choix, le déterminisme, même l'économie de base. Il permet aussi de voir un mode critiquable ou pas d’ascension sociale, de choix de vie, d'affirmation d'un féminisme radicale.
Au final, la script a peut être fait un bourrage papier à l'imprimante, le contrat-aidé des comédiens n'a pas été renouvelé qu'au final, rien se construit, tout s'achève sans raison, avec le sentiment d'entendre les petits gars en charge du scénar aller payer des shoot de vodka fraise à l'équipe qui est censé rédiger les prochains épisodes de Star Trek : Discovery, mais qui passe leur journée au bar en face et donc qu'ils laissent à notre libre interprétation une simple série érotique vaine et froide.
Mais je pige rien aux métaphores.