Je suis autiste diagnostiqué, mais c'est moyen important pour cette critique, peut être plus pour les éventuels commentaires.
Sur une base convenue mais possiblement intéressante : peut-on être un médecin avec autisme donc soit-disant sans empathie, mais surtout sans habilité dans les conventions sociales et rester un bon praticien ?
C'est la problématique de la série, porque no. Sur cette base, le show s'englue super vite dans la bien-pensanse facile et surtout dans le pathos méchamment lourdingue, avec un héro "autiste" (dont on a juste donné à l'acteur (Freddie Highmore) comme intention de jeu de figer son visage en toute circonstance) et dont l'autisme donc est toujours associé avec la surduance (alors que 70% des autistes ont des déficiences mentales)...
Pour bien appuyer sa différence, le pilot nous caractérise le personnage principal à grand coup de flash-back larmoyants de ses parents maltraitants, son gentil frangin avec qui il a fugué pour vivre dans un bus (mais bien sûr!) et pour ceux à qui il resterai quelques Kleenex pas trop détrempés, ils te rajoutent d'autres drames dans la foulée (que je me garde de dévoiler, mais qui sont prévisibles)...
Puis tel un mauvais épisode d'Urgence, le héro tombe comme par hasard sur un blésé à soigner à la Mc Gyver (une paille, un couteau Suisse et avec son public subjugué dont les parents qui chialent, le médecin incompétent qui l'assiste et le SAMU qui s'est encore paumé en chemin) scène qui se trouve en contre-point de la froideur des autres médecins qui s'opposent à la prise de poste de notre si gentil héro, sur la base qu'il est autiste... Et même le pauvre discours motivant du héro ne nous sera pas épargné (avec force de musique générique au piano)...
C'est que le pilot dont on parle... A ce niveau Cosette, c'est une grosse mytho !
Il faut espérer que le show se calme dans le pathos et s'attarde dans sa problématique de base, rien n'est gagné mais ça reste à vérifier...
Cependant, à l'instar de Atypical, les auteurs ont choisit une vision parodique de l'autisme, mettant tous les curseurs à fond et donnant aux protagonistes tout l'ensemble du tableau clinique du syndrome, ce qui fait beaucoup pour une seule personne. Surtout, le héro semble avoir vécu en hibernation jusqu'au pilote de la série, car il n'a rien appris des autres, ne sait pas décoder le second degré mais genre jamais, ni ne possède aucune technique de compensation alors qu'il semblerait qu'il est fait des études de médecine dont les étudiants sont pas connus pour les amabilités, notamment en terme de bizutage.
En réalité, les autistes éprouvent effectivement des difficultés pour faire certains actes, mais ils les font quand ils sont obligé de le faire, comme téléphoner, parler à des inconnus, etc. Cela engendre du stress, des meltdown (pas forcement en public), des incompréhensions, mais souvent, pas tout le temps, personne ne s'aperçoit de rien. Mais j'imagine que cela n'est pas très filmique, pas assez graphique pour ce genre de série.
Aussi, créer un enjeu dramatique avec l'opposition manichéenne fastoche, des médecins arrogants qui font que s'opposer aux traits de génie de notre si gentil héro mais qui en prennent tout le crédit (en sauvant des vies, car personne n'a l'air de vouloir mourir dans cette série). Pour compenser, il rajoute un quota de supers gentils bienveillant avec une patience infinie qui aident en permanence notre si bon docteur.
Cette série n'offre peu de perspective d'avenir, car le héro déjà bon ne peut pas progresser et si ses collègues se frappent le front et deviennent soudainement tolérants, ben ça va être la routine.
Au moins on pouvait avoir l'espoir que House devient un Good Doctor, alors que l'inverse n'est pas vrai...
Avec une grande difficulté, j'ai achevé l'épisode trois, qui sera le dernier pour ma part tant c'est lent, chiant, sans intérêt. L'intrigue purement médical n'apporte rien à ceux qui aurait déjà vu qu'une seul série médicale, mais qui se trouve à des années lumière d'un épisode même moyen de House MD.
Sur le plan autistique, Shaun (Freddie Highmore) interprète son rôle à la manière d'une voix de GPS et la gestuelle d'un droïde d'une série Z et parodie encore une fois les syndromes de l'autiste, qui n'aurait jamais développé aucune technique de compensation...