Il était tout naturel de passer de Ze good wife à Ze good fight, malgré mon aversion pour les titres anglais joyeusement saccagés par les appareils phonatoires hexagonaux. J'ai un peu perdu le fil des démêlés d'Alicia Florick avec son mari douteux, son supérieur basketteur et ses autres patrons âpres au gain, mais je gardais des saisons passées en sa compagnie de femme bafouée un bon souvenir. J'ai donc suivi son anguleuse patronne vers ce nouveau cabinet à forte coloration cutanée sans appréhension, d'autant que la scène d'ouverture, en gros plan sur son visage hébété le jour de la prestation de serment de Donald Trump, était d'excellent augure. Après cette introduction enlevée et son petit passage en Provence, ça a assez vite décliné, en raison notamment d'un défilé d'hurluberlus 300% américains qui a fini par me filer la nausée : des gens qu'on verrait plus sereinement pousser la porte d'un cabinet médical que d'une officine juridique. Comme si les États-Unis avaient conscience de sombrer dans une forme de trouble psychologique collectif, dont certains personnages extravagants ne seraient finalement que les incarnations malheureuses. Un postulat fertile, mais également éprouvant pour le spectateur européen; enfin, j'espère ne pas m'avancer trop, mais je fais confiance au Vieux Monde pour tempérer un peu les dérives juvéniles de la démocratie américaine. C'est peut-être bien ça, le problème : ces excès quasiment adolescents, qui finissent pas donner envie de brailler 'Va dans ta chambre!' à l'écran... Bref, si l'arche longue (une sorte de cas Madoff dont au moins deux protagonistes font les frais) n'est pas inintéressante, elle sert de cheval de Troie à une galerie de personnages horripilants, excessifs, barrés, en bref : usants... qu'on aimerait bien troquer contre de machiavéliques barons d'industrie en costume sombre, et Dieu sait si on en a soupé, des machiavéliques barons d'industrie en costume sombre. En conclusion : pas mal, mais pas extraordinaire non plus.