The Disappointement Tour

Critique de la saison 1

Cette première saison du nouveau "nouveau Top Gear" est clairement décevante, le trio de rosbifs grisonnants n'est pas au meilleur de sa forme. La recette de la potion magique aurait-elle été oubliée au fond d'un carton pendant l'évacuation des locaux de la BBC ?

On commence avec l'américain. Typiquement l'idée qui marchotte au mieux 2 ou 3 épisodes, pas plus. Le Stig avec son silence en toutes circonstances, le mystère qui l'entoure et les introductions cultes à base de "Some say" ont fait que le personnage a si bien marché. C'était un coup de génie qu'ils n'ont pas réussi à reproduire. L'américain est juste lourd et le concept était déjà essoufflé après le premier épisode.

Ensuite vient le Celebrity Brain Crash. Putain que c'est nul. Ils font venir une célébrité qu'on voit pour 5 secondes, et ensuite ils utilisent un mannequin ou un cascadeur pour lui faire avoir un accident fatal. C'est évidemment scripté donc déjà ça casse le trip, c'est pas drôle, c'est absolument pas intéressant et c'est parfois de très mauvais goût (celui du dernier épisode par exemple où c'est carrément une gerbe de sang qui est projetée sur la vitre derrière les présentateurs). Mais qui a eu cette idée de merde et comment ça n'a pas été veto ?

Enfin vient la Conversation Street, qui est clairement un downgrade des News de Top Gear. Ils parlent de tout et souvent de rien, généralement en rapport avec l'endroit qu'ils visitent. C'était plus intéressant quand ils se foutaient de la gueule des dernières mesures du gouvernement british ou du dernier modèle d'un constructeur grand public.

En résumé tous les passages dans leur super tente Quechua sont ratés.
Le reste s'en sort mieux mais on est encore loin du meilleur niveau que la formule Top Gear a été capable d'atteindre.

C'est super bien filmé ceci dit, on sent le budget Amazon dans le matos de tournage. Les tests "traditionnels" se transforment parfois en pur Car Porn tellement on a l'impression que le cameraman essaye de lécher le bolide avec son objectif, et la post-prod en rajoute encore une couche par dessus.

Les séquences vidéos plus humoristiques quant à elles manquent bien souvent de naturel. Les scripts se font clairement sentir, alors que d'habitude ils arrivaient pourtant bien à faire en sorte que les interactions entre les 3 gugusses soient crédibles. Dans GT le "banter" est beaucoup plus grossier (ou forcé) qu'auparavant et c'est bien dommage. Sur la BBC le numéro d'équilibriste avec la suspension de l'incrédulité du spectateur était bien mieux maitrisé, même s'il y avait aussi des ratés.

La faute à la débauche de moyens peut-être, qui permet au trio de se lâcher mais du coup d'être moins créatifs. Le charme de Top Gear résidait en grande partie sur sur les contraintes issues de la diffusion sur une chaine du service public, à savoir le budget et la censure. Il fallait trouver le moyen de faire des trucs divertissants avec pas grand chose et que ça soit drôle tout en étant family friendly. Sur GT c'est "OSEF, YOLO" : on fait péter des baraques entières, on utilise du matos militaire comme si on prenait un caddy de supermarché et on colle des godemichets sur les volants.

Certaines séquences semblent plus avoir été conçues pour le divertissement du trio de présentateurs que pour celui du spectateur. Par exemple dans l'épisode 2, la moitié du temps est consacrée à un remake de Edge Of Tomorrow sauce Top Gear. Et ce n'est pas intéressant, ni très drôle puis qu'on est clairement sorti du domaine de la bouffonnerie crédible pour partir sur de la fiction pure et simple.

Cela reste un show correct et bien réalisé. Les 3 quinquas mangeurs de pudding ont toujours autant de capital sympathie, mais il va falloir faire bien mieux que ça pour la saison 2.